lundi 14 juillet 2014

Le jour où j'ai découvert que j'étais high-maintenance

C'est la Nord-américaine qui parle. Celle qui a besoin de son petit confort, de sa tranquillité et de ses 8 heures de sommeil. Celle qui vit à Montréal dans un bel appartement propre, qui se deplace en vélo et qui fait venir ses légumes bios des fermes sur le toit.

D'abord, je fus choquée pour moi-même. Choquée par Yogyakarta, complètement folle et étouffante. Je ne me voyais simplement pas survivre aux 5 prochains jours, pendant lesquels je finirais assurément renversée par un scooter ou étouffée par une crise d'asthme (sans etre asthmatique). Puis, quand j'ai cessé de me regarder le nombril, je fus choquée par l'environnement dans lequel vivent ces millions de personnes, la densité de population étant impressionnante sur Java. Tout a l'air de fonctionner à pleine capacité: les marchés, les bus, les magasins. Les routes sont congestionnees du matin au soir et c'est toujours le rush hour, partout.

Nous restons dans une petite maison en retrait des boulevards de Yogyakarta, avec une joyeuse maisonnée de colocataires dont l'âge est difficile à estimer. Ici, les gens ont l'air d'avoir entre 15 et 35 ans. Il y a une tranche d'âge qui s'appelle "jeune adulte". Après, impossible d'être plus précis!
Bref, la maisonnée. Niveau de confort frisant le zéro absolu. Une matelas et un oreiller aux odeurs difficiles à decrire. Un bordel apparemment organisé pour celui qui l'a créé et des piles d'albums de finissants qui traînent partout, car on est en presence d'un concepteur d'albums de finissants! La ménagerie comprend également des animaux exotiques (petits et grands lézards) et d'autres qui le sont moins (souris, moustiques et fourmis rouges) qui se font un plaisir de manger la bouffe laissée sur le comptoir toute la nuit.
Et la nuit, personne ne dort. La nuit, c'est tous les amis qui viennent travailler dans cet univers de geeks d'ordi dont la journée de travail commence à 22h.

Finalement, dans tout cela, à travers mon choc de Nord-américaine, quand je me suis habituee un peu à la ville et à la maison, j'ai fini par voir les gens qui nous accueillent: Ganjar, l'air complètement zen et toujours aidant, se faisant un plaisir de nous initier à la culture et la gastronomie locale. Son coloc, Ivan, un guitariste à la voix douce qui ne dort ni la nuit ni le jour, suit en général Ganjar, et a trouvé en Alex un autre fan de musique métal comme lui.

Alors que je faisais mes gros caprices de Nord-américaine hors du luxe et de l'opulence, je me suis rappelée que des gens vivent ici bien plus que quelques jours. Que la faune qui cohabite avec eux n'est pas temporaire. Quils partagent cet espace restreint toute l'année, et que si ça sonne bien stéréotypé, la petite maison en retrait du vacarme des motocyclettes est finalement un havre d'humanité dans l'expérience déroutante de la ville.

(Outre l'expérience humaine et matérielle, nous étions ici pour des raisons essentiellement touristiques évidemment. Nous venions visiter les temples de Borobudur et de Prambanan, situés un peu en dehors de la ville. Le premier est un temple bouddhiste absolument fantastique. Ironiquement, les bouddhistes ne font que 1% de la population indonésienne.
Le deuxième est un complexe de temples hindous avec quelques éléments bouddhistes, à cause du mariage entre un prince hindou et une princesse bouddhiste à l'époque. Cela donne un mélange assez étonnant.)

La partie plus culturelle tire à sa fin, et nous nous envolerons dans deux jours en direction de Lombok, ou le programme est chargé et où nous passerons cinq jours en mer puis deux jours à escalader un volcan.

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