jeudi 25 mars 2010

"There's always cheap wine and tapas"

Le printemps est à nos portes, hier la chaleur du soleil était presque insupportable sur mon balcon lors de notre rituel du mercredi : thé turc/biscuits/allemand/français. Petite routine rassurante brisée par quelques événements spéciaux, comme cette sortie avec les élèves de ma classe de français de 11e à la brasserie Faust de Miltenberg. C'est permis de picoler avec des élèves de 17 ans? En Allemagne il semble que oui! Autre curiosité: le directeur de la Realschule semble, selon certains élèves, "apprécier" (et non "interdire") le port des jupes courtes et des décolletés qui vient de pair avec la douceur du printemps. Les garçons se plaignent de favoritisme en leur défaveur...!

Petite escapade à Strasbourg la fin de semaine dernière en compagnie de Xavier Schmitt, un nom plus qu'allemand qui fait mentir les apparences vu que je parle plus allemand que lui. Il m'attrapait au moins bon moment de mon existence, je n'étais qu'une boule de liquides corporels (morve et larmes, parce que grippée jusqu'aux yeux) et de fatigue chronique, mais ses plans touristiques étaient absolument parfaits pour mon état physique et mental: petite marche, bouffe dans un resto, café chez Jeannette (petit Estaminet), puis re-marche un peu, puis re-café ou bière, puis bouffe encore, puis re-bière (l'Alsace c'est comme l'Allemagne sur ce point.)


J'aime les Français. J'aime la bouffe française. J'aime le chèvre.

J'ai quand même eu droit à la totale: remise des maillots de son équipe de foot (la photo juste au-dessus vise à réaliser le plus grand fantasme de tous les joueurs de foot du monde... fantasme réalisable et pas trop contraignant, on aime!) Ascension (j'aime le mot, ça me donne un air important) de la cathédrale de Strasbourg, visite de Colmar, petite ville adorable à quelque 45 min de Strasbourg et j'ai même assisté au casting d'un film porno,
sans y participer bien sûr (que voulez-vous, l'Amérique fut fondée par des puritains).

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Quoique la semaine ait été un peu pénible, ça tombe pile poil en fait vu que je pars dès demain pour Barcelone, où deux copines m'attendent afin de faire una fiesta grande et remettre mon espagnol en forme. Les vacances de Pâques ici durent deux semaines... jaloux non? Je passe 4 jours à Barcelone avec Jade, la plus bilingue des canadiennes-anglaises que vous pouvez imaginer (elle étudie à Québec - français - en études hispaniques -espagnol - et son père est norvégien) que j'ai rencontrée l'année dernière dans mon cours de russe (!). Puis, je file quelque part près de la mer rejoindre Carla, un de mes coups de foudre amicaux de Munich qui vit aussi à Barcelone et qui va visiter ses parents dans leur petit bled de Laredo. Pour le reste, je n'ai aucun plan. J'ai mis les deux filles en contact à l'arrivée de Jade à Barcelone et elles sont devenues de supers potes, ce qui me réjouit vraiment. J'ai trop envie de leur joie de vivre et de leur complète insouciance et surtout, j'ai envie d'être entourée de femmes pour une fois!!

There's always cheap wine and tapas sera mon mot d'ordre des prochains jours, j'en salive juste d'y penser, j'aime tellement l'Espagne!


lundi 15 mars 2010

Du coq à l'âne

La culture allemande occupe une place insoupçonnée dans l'imaginaire collectif de par ses innombrables contes fantastiques racontés aux enfants, partout à travers le monde, dès le berceau... qui ne connaît pas Blanche-Neige (une petite native de ma région, semble-t-il!) et Hansel et Gretel? À Gießen, Sébastien et moi avons regardé avec plaisir l'émission "Iniminimagino", tout droit sorti des boules à mites, nous bidonnant bien de leur version des costumes bavavois, de leurs chansons trop cuculs pour être vraies et de leur absence de talent de comédiens! Soit, nous adorions ces histoires.

Jeudi soir, juste après mon arrivée dans la magnifique ville d'Hambourg, le ventre bien rond de tapas et de vin espagnol, le sommeil, étrangement, ne venait pas. C'est alors que mon hôte (je vous le présente: Tim, un Allemand blond aux yeux verts et à la carrure de maître nageur qui aurait pu contribuer à la création de la race supérieure) s'est mis à me raconter ces histoires interdites par ses parents lorsqu'il était petit... Prenez garde! Nous sommes loin ici des histoires rose bonbon à la "Belle aux bois dormants", faisant rêver les petites filles de princes charmants sur un cheval et de magnifiques robes bouffantes. Non, der Struwwelpeter, der Hans Guck-in-lie-Luft et Zappel-Philipp semblent plutôt à l'origine de cette dure discipline allemande qu'il me plaisait de vous décrire à mon arrivée ici. Que se passe-t-il dans ces adorables histoires de jeunes qui désobéissent, qu'on imagine racontées le soir à la lumière d'une chandelle devant les yeux horrifiés des petits enfants...?



L'éducation allemande en quelques leçons simples


Votre petit dernier suce son pouce? Alors racontez-lui l'histoire du Daumenlutscher!

La mère du petit Konrad est sur le point de sortir de la maison mais l'avertit:

Vor allem Konrad, hör! (Avant tout, Konrad, écoute-moi!)
lutsche nicht am Daumen mehr; (Ne suce plus ton pouce)
den Schneider mit der Scher (Sinon, le coupeur avec ses ciseaux viendra très vite)
kommt sonst ganz geschwind daher,
und die Daumen schneidet er (et ton pouce il coupera)
ab, als ob Papier es wär. (comme si c'était du papier!)

À la page suivante, on voit le Schneider (le coupeur de doigt) courir après le petit Konrad et lui couper les deux pouces. Au retour de sa mère, il pleure et a perdu ses deux pouces. (que c'est cute!)


Vous redoutez que votre chéri se mette à jouer avec le feu? Racontez-lui alors La triste histoire du briquet!

La petite Pauline, toute joyeuse de vivre, trouve un briquet sur la table alors que ses parents sont partis. "Que c'est beau" se dit-elle! "Que de gros fun puis-je avoir avec cette chose!" (traduction libre en québécois haha!) Les deux chats Minz et Maunz l'avertissent que les parents l'ont interdit:

Und Minze und Maunz, die Katzen, (Et Minze et Maunz, les chats)
erheben ihre Tatzen ("élèvent leur pattes en signe de protestation", genre)
Sie drohen mit den Pfoten (ils brandissent leur pattes)
"Der Vater hat's verboten! ("Le père l'a interdit!")
Miau! Mio! Miau! Mio! (Miao! Miao! pour que ça rime avec le reste)
laß stehn! sonst brennst du lichterloh!" ("Laisse ça sinon tu vas prendre en feu!")

... mais la petite Pauline, elle s'en fout, elle est bien au-dessus de tout ça! Elle allume un bâtonnet de bois et danse... et ooooh Malheur! Elle prend en feu! Ses cheveux, sa peau, tout! (ouioui! tout est décrit et ya un dessin de la p'tite fille en feu!)
Les chats capotent et crient au secours, personne ne vient! La petite Pauline devient un tas de cendres et les chats pleurent... Und ihre Tränen fließen wie's Bächlein auf den Wiesen. (et leurs larmes coulent comme des ruisseaux à travers les prés.) Terrifiant, non?

Une petite dernière? Celle-là c'est pour Éli et la petite Anaïs qui est dans sa phase du nonononon!

Votre coco refuse de manger sa soupe? Racontez-lui l'histoire de Suppen-Kaspar ("Soupe"-Kaspar)

Le petit Kaspar est en santé et il est tout joufflu, mais à un moment, il a comme une bulle dans sa tête et il décide de ne plus manger sa soupe! "Ich esse keine Suppe! nein! Ich esse meine Suppe nicht! Nein, mein Suppe eß ich nicht!" (non je veux pu de soupe!, dit de 15 façons) Le lendemain, il est déjà plus maigre, mais il refuse toujours de manger sa soupe! Le troisième jour, il est encore plus maigre mais il crie encore qu'il veut rien savoir de sa soupe! Le quatrième jour, Kaspar est aussi maigre qu'un "filament", dit-on, et le cinquième jour, IL EST MOOOOORT!
Le plus drôle, c'est qu'on a des image de Kaspar de plus en plus maigre et à la fin, une petite pierre tombale où il est écrit "Kaspar" avec....... un plat de soupe! C'est presque baveux!


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Outre ces fascinantes histoires racontées par Tim jusqu'à 4h du matin, j'ai absolument adoré Hambourg et je dirais même que c'est devenu une de mes villes préférées en Allemagne. Ça entre donc dans mon palmarès des must-see. L'eau y est omniprésente (on dit qu'il y aurait plus de ponts à Hambourg qu'à Venise!), le poisson est bon et pas cher, le Franzbrötchen (une genre de brioche à la cannelle trooop excellente) est une spécialité qu'on ne trouve nulle part ailleurs et qui vous rend complètement addict. Estomac, quand tu nous tiens..!

Je m'étais aussi programmée un état de totale ouverture d'esprit et d'expérimentation, ce qui m'a amené dans le "Red light" de Hambourg, un quartier tout à fait étonnant où se trouve l'ensemble du night-life de la ville: les clubs plus sophistiqués côtoient les bars franchement crados et les bars de danseuses, et toute la population s'y retrouve. Je vous parle toujours de la légendaire discipline allemande... eh bien dans ce quartier le samedi soir, certains interdits sont levés! Ça ne semble pas causer problème, cette capacité qu'ont les Allemands de s'amuser et de frôler les limites du raisonnable sans les dépasser est franchement étonnante. J'ose à peine imaginer le bordel que ça ferait en Angleterre... Certes, mon Aryen (okok c'est pas drôle) m'a amené dans mon premier club de danseuses à vie (une version soft, il y avait beaucoup de clientes et les danseuses dansaient sur le bar en sous-vêtements sans se déshabiller), s'inquiétant un peu de ma réaction vu que je suis hyperultracontre la prostitution. Finalement, j'ai trouvé l'expérience intéressante. Fait cocasse: une grand-mère est arrivée dans le bar, elle semblait connaître toutes les danseuses et l'une d'entre elles lui a cédé sa place au poteau! Elle avait mis ses vêtements du dimanche, une longue jupe avec un châle, et elle dansait! (Esprits pervers! elle dansait pas comme la danseuse, tout de même! Elle dansait, simplement!) Une grand-mère qui fait exactement ce qu'elle a envie sans se préoccuper des autres, vraiment, chapeau!

Pour ce qui est des prostituées en tant que tel, elles étaient entourées de policiers qui veillaient sur elles, ce qui est une bonne chose. Ça relance en moi un débat intérieur sur le bien-fondé de l'"interdiction"... je suis contre la prostitution. Je comprends pas le premier argument que tous les mecs (dit apprenti-historiens à la con) vous sortent sur le sujet: "C'est le plus vieux métier du monde!!" Hey les cocos! Il y avait sûrement des chasseurs, des pêcheurs et des paysans avant que la "rémunération pour des services sexuels" existe!
Je suis absolument contre l'argument qui dit que certaines "choisissent" de faire ce métier. J'y crois pas moi, désolée. Si on dit ça pour représenter une femme sur 150 qui aime se prostituer, alors elle est où la valeur de l'argument?
Je suis aussi absolument CONTRE l'argument qui dit que la prostitution est une bonne chose parce que ça empêche des connards de se rabattre sur des filles dans la rue. Hey! Ho! Les tits gars! On est capable de contrôler ses ardeurs non? C'est pas pcq vous êtes dûs que des filles devraient vous satisfaire dans un coin noir et s'humilier contre un 20$! Vous trouveriez le tourisme sexuel acceptable si je vous disais que ça empêche de gros Américains bedonnants potentiellement pédophiles de s'en prendre à de jeunes enfants de retour chez eux?

Et puis je m'imaginais un Red light comme à Amsterdam, fréquentés par des touristes anglais stupides et ridicules qui s'amusent à prendre clandestinement les filles en photos comme si c'étaient de vulgaires poupées gonflables en riant grassement, vous savez, sur une échelle de Richter de 10 de classement des épais, ils seraient genre à 49?

À Hambourg, pas de touristes (ben pas que je sache, sauf moi, et c'est pas moi qui va me pâmer et lancer de gros rires gras à leur intention). De la présence policière que je crois nécessaire. Elles étaient habillées chaudement et portaient de grosses Moonboots (alors que les légendaires "f** me boots" étaient réservées aux clientes des bars autour! Qui l'eut cru?) Ouais, elles étaient finalement pas mal plus élégantes! Sans dire que je suis pour la prostitution, vu qu'elle va toujours exister, il faudrait effectivement penser au bien-fondé de la clandestiniser... L'important, c'est encore l'intégrité physique et psychologique des filles qui la pratiquent. Mais les clients sont et vont toujours rester, dans mon esprit, d'ignobles épais.

On dit que les fous seulement ne changent pas d'idées!




vendredi 5 mars 2010

Printempsprintempsprintemps

La venue du printemps rend enthousiaste voire hystérique. Même Mère Nature semble s'être impatientée de cet hiver interminable (les Québécois avons une toute autre définition d'"interminable"... m'enfin!) et nous envoie enfin papa Soleil qui était probablement parti dans le sud. Mon balcon a été inauguré cette année par mon élève (avec qui je fais chq semaine un tandem français/allemand) et moi-même, à coup de thé turc qu'il prépare avec talent et de gâteaux/turron (le "o" a un accent ok?)/biscuits de toutes sortes. Il rigolait en disant qu'il venait d'avertir sa mère qu'il avait encore un "cours" avec Mme Michaud, alors qu'on se faisait bronzer la couenne sur des chaises longues en bouffant comme des porcs sous le chaud soleil de février. Peut-être qu'un jour ça me vaudra des plaintes de manque d'éthique professionnelle mais je m'en fous, je parle pas allemand dans certains cas... comme celui-là!

Quand je pense que les Bavarois doivent donc tougher de mars à la mi-juillet dans les salles de classe alors que dehors il y a un tel soleil, franchement je les plains...!

Le retour de ma galère Cologne/Kiev s'est passé tout en douceur... Escapade dans la capitale allemande de la laideur, Gießen, afin d'accompagner mon collègue québécois Sébastien dans la platitude d'un weekend sans vrai projet de voyage. Venue de Ron Williams, chanteur afroaméricain de R&B de 68 ans semble-t-il mondialement connu, parlant parfaitement allemand, qui fut ma foi ZE Événement dans le district de Miltenberg. Les élèves du Big Band du Gymnasium l'accompagnaient et c'était véritablement fabuleux. Qui a dit qu'il se passait rien à Kleinheubach, village de 500 âmes? Wir waren dabei. Ce soir, une clique de "Bavarois" se pointent à Miltenberg pour l'édition 2010 de notre rencontre interculturelle. La dernière fois, c'étaient les assistants québécois et cette fois, ce sont les assistants francophones qui sont en Bavière! Je prépare donc leur venue et je crois qu'on va bien s'amuser! De mauvaises langues disent qu'il neigera durant la fin de semaine et je suis bien décidée à les faire mentir! Il pourra neiger partout, mais pas à Miltenberg, c'est promis!

Pour ce qui est des projets futurs, je me suis décidée à aller à Hambourg la semaine prochaine, vu la forte impression que les Hamburgers m'ont fait à Cologne. L'un de ces charmants jeunes hommes m'a proposé le logis et semble prendre ma venue bien au sérieux, pensant déjà à notre programme de la fin de semaine..! Moi-même je n'ai pas la moindre idée de ce qui se passe à Hambourg, mais ayant vu le film Im Juli (film culte style road-trip allemand), je m'attends à un style de mentalité à la "Pays-Bas" - où je ne suis jamais allée non plus.

C'étaient, mesdames et messieurs, les nouvelles de la semaine!