jeudi 4 décembre 2008

Volver

Je devine le clignement
des lumières qui au loin
vont jalonnant mon retour;
ce sont les mêmes qui éclairaient
de ses pâles reflets
les heures profondes de la douleur.

Et malgré moi de retour,
au premier amour on revient toujours.
La calme rue où l'écho t'a dit:
"à toi sa vie, à toi sa dévotion"
sous le regard moqueur des étoiles
qui impassibles me voient revenir.

Revenir, le front ridé
les tempes argentées par les neiges du temps.
Sentir que la vie est un souffle,
que vingt ans ce n'est rien,
que le regard fébrile, errant parmi les ombres,
il te cherche, il te nomme.
Vivre, l'âme accrochée
à ce doux souvenir
que je pleure à nouveau.

La rencontre me fait peur
du passé qui revient
s'affronter à ma vie.
Peur me font les nuits
peuplées de souvenirs
qui enchaînent ma rêverie.

Mais le voyageur en fuite
tôt ou tard s'arrête en chemin.
Même si l'oubli qui détruit tout
a tué ma vieille illusion,
humble je garde une espérance cachée
pour toute fortune de mon coeur.


- Alfredo Le Pera/Carlos Gardel, 1934