mardi 27 juillet 2010

Por eso me quedo


Il se tenait droit, le sourire fendu aux oreilles, un bouquet de lys à la main - pour la thématique- au milieu du brouhaha de l'aéroport, des départs et des retours et de centaines de gens qui transitent par là pour toutes ces raisons qu'on ne connaîtrait jamais. Il avait parcouru ces kilomètres un peu par solidarité, parce qu'on devait se rencontrer à mi-chemin entre Québec et Zürich, ce mi-chemin étant l'aéroport de Montréal. Ses yeux me fixaient avec assurance, anticipant la fatigue accumulée des dernières heures et aussi la tristesse d'avoir perdu le petit être poilu le plus important du monde entier, mort de sa belle mort à 15 ans, deux jours auparavant.

J'étais là, sans trop comprendre ce qui se passait, alors qu'au matin je déjeunais en allemand avec la grand-maman de Markus.

Un constat: j'ai tout ce qu'en Allemagne je n'avais pas. Des amis. L'amour. Une famille.

Cependant, ici, je n'ai rien de ce que j'avais en Allemagne. Un logement. Des meubles. Un emploi. Et pourtant, je m'en fous.




Tout le monde a déjà secrètement souhaité tout reprendre à zéro.

Un an plus tard.

Je cherche un emploi dans nouveau domaine d'enseignement, avec une clientèle nouvelle. Dans une nouvelle ville. Nouvel appart avec de nouveaux colocs. Nouvelle chambre hippie avec seul un matelas au sol et des boîtes servant pour le moment de tables de nuit. Nouveau vélo. Nouvelle vie sociale. Nouvelle routine qui se construit lentement dans cette ville que j'ai délibérément choisie, sous le regard de celui qui ne m'a plus quitté depuis le bouquet de lys.

Aller-retours Québec/Montréal. Lui, il me manque à chaque seconde car j'ai l'impression qu'il arrive à se tenir bien droit au milieu de ma vie qui se place et se déplace encore autour de nous, sans jamais basculer, sans jamais s'inquiéter, brillant d'une confiance sans faille en nous, alors qu'il y a si peu de temps j'étais sur un autre continent, seule, sachant que je devrais tout refaire à mon retour, avec ou sans lui. J'ai espoir mais pour l'instant je flotte entre les possibles, j'attends de voir la terre ferme au loin et je tiens le mât.

Les étapes jalonnant le retour sont les mêmes à chaque fois, peu importe les événements. Après l'enthousiasme, il y a un peu de nostalgie, le sentiment de s'être perdu en cours de route tout compte fait, même le désir de repartir. Heureuse nouvelle que ce ne soit pas le cas pour moi, cette fois, parce que le désir de bâtir durablement ma vie ici est trop forte. Je veux seulement des meubles. Un emploi. Être amoureuse sans tambours ni trompettes, parce que c'était génial d'être seule dans les quatre dernières années, mais que le 3 mai 2010 à 12h33, c'est devenu incontournable d'être deux.

vendredi 11 juin 2010

Aus Italien nach der Schwiiz

Papa et Maman ont bien aimé leur court séjour en Italie qui était aussi la clôture de leur voyage avec moi. Ils ont tenté l'expérience vénitienne et surtout, l'expérience friulana, telle que je vous l'ai décrite déjà à plusieurs reprises dans ce blog lors de mes nombreux passages chez mon adorable Remo. Leur séjour québéco-belgo-italien a été ponctué de belles rencontres (mes parents ont adoré ses parents qui ont été tellement accueillants, comme toujours), de délicieux repas, de superbes visites... on a forcé un peu ma mère à marcher, mon père à manger, mission accomplie pour Nanou qui s'était donné cet objectif. Ils en ont même oublié mon pauvre pitou resté dans sa pension et qui semble avoir pris 20 ans de vie de chien pendant ces deux semaines. Lâche pas mon bébé doux (il est aux bons soins de maman maintenant.)

Après leur départ, j'ai poursuivi ma route vers Piacenza, petite ville à environ 40 min de Milan où Remo travaille. Oui, je le suis comme son ombre ce garçon! Comme à son habitude, il a été un hôte parfait malgré son horaire chargé, me faisant découvrir la vallée des Appenins et m'amenant manger la meilleur bouffe italienne du monde... Jouissance! Une tomate n'est plus une tomate, je vous jure! Les gnocchis sont totalement... sublimes. J'aime l'Italie, j'aime la bouffe, j'aime Remo grazie grazie grazie la vita.

Puis, direction Davos.


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Être chez Markus, c'est se sentir un peu à mi-chemin entre la Suède, la Suisse et le Canada.

Superbe maison suisse entourée de magnifiques monts enneigés... alors que devant elle, un drapeau suédois haut-perché flotte avec le vent. Maurus, petit (géant) frère de Markus, m'accueille lui aussi avec son chandail des Canadiens.

Être invité par Maman Kehl, encore plus blonde que ses deux fistons, à manger de la fondue au... poisson (nonon, pas au fromage!) délicieuse dans son charmant cottage, les pieds chaussés de pantoufles bleu/jaune à l'effigie du pays scandinave, alors que le tout le monde se parle en suisse allemand (totalement incompréhensible, j'y reviendrai). Elle sort du four son gâteau à l'aide de mitaines à four... à feuilles d'érable.

C'est se réveiller le matin, vêtue du plus "petit" chandail de Markus (pas trop le choix encore, j'affiche mes couleurs de Canadienne) et monter voir les Fistons Kehl qui, au lieu d'étudier, se prélassent confortablement devant une partie de foot (jeux vidéos) où la Suède affronte un après l'autre tous les pays du monde.

C'est écouter cet étrange dialecte en permanence sur fond de musique suédoise, puis Markus qui doit tout m'expliquer dans son anglais presque parfait appris... au Canada.

Je me sens chez nous, mais pas trop! :)

Quelle satisfaction tout de même de rencontrer sa famille pour la première fois et de POUVOIR leur parler en allemand, alors qu'à presque pareille date l'année dernière je ne disais pas un seul mot! Évidemment, comme ils détestent les Allemands, à part la mère de Markus et son copain, ça semble leur coûter énooormément de me parler dans la langue de Goethe. Tout de même, hier au souper, j'ai pu montrer à mon hôte que j'étais pas si mauvaise que ça, car MÔsieur refuse de me parler en allemand en général, s'en tenant à l'anglais pour les conversations courantes et au français quand je lui donne des cours particuliers et lui explique des règles de grammaire (et il adore ça, huhum).

Il a tout de même dit à sa mère: "Quand Anaïs parle allemand avec son accent, c'est erotisch. Quand elle parle français, elle est sadistisch!" Trop sévère, la prof? :)

Tout de même, maintenant je comprends à quel point l'allemand suisse n'est pas de l'allemand. Même en tendant l'oreille et en écoutant avec attention, j'arrive à peine à capter quelques mots comme "aussi", "mais", "je", "merci". Impossible, je vous dis. Hier, je tentais de comprendre au moins le sujet de conversation des autres convives, en fin de soirée. Je croyais qu'on parlait de foot, vu les mouvements de bras et les élans de protestations de mon cher Markus et de sa famille. Il s'arrête, se tourne vers moi et me dit (comme s'il lisait dans mes pensées, mais pas moi dans les siennes): "on parle du manque de respect de la population envers la police suisse, tu sais, ici... bla bla bla..." Alors le suisse allemand et moi, on repassera. :(

Familles multilingues que j'envie.

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Mardi prochain je m'envole pour le Canada, endlich, après 11 mois exactement de séjour sur le continent européen. Je suis bien curieuse de savoir combien d'entre vous a suivi mes aventures sur ce blogue du début à la fin. On constatait, mon futur époux et moi, qu'un dixième des lecteurs laissent des commentaires sur les blogues. Je dirais dans mon cas que c'est moins vu la durée du séjour à l'étranger. Qu'à cela ne tienne, mention d'honneur cet année pour Jess qui a fait de son mieux pour laisser un petit mot le plus souvent qu'elle le pouvait, à mon plus grand plaisir!!

Jessica, ma plus vieille amie (20 ans déjà!), ma plus fidèle, ma meilleure, je suis contente de n'avoir presque jamais ressenti ton absence par ces petits mots que tu laissais de façon régulière! Merci! :D

Autres amis, Ge, Ge et Ge (!!), Alex, Seb, Éli, mes parents et mes sistas, merci de ne pas m'avoir laissé vivre tout ceci toute seule dans l'anonymat! Le temps vous manquait parfois, mais ces petits mots/emails/messages m'ont fait extrêmement plaisir à chaque fois... Si je vous avais tous près de moi à chaque voyage, je serais toujours partie... mais je suis bien contente de vous retrouver tous en même temps dans mon cocon québécois confortable!

Ce fut donc un extrême plaisir d'écrire ici, encore une fois, par le biais de ce média formidable. Évidemment, mes nouveaux potes de langue autres que le français non pas pu voir les références que je faisais à leur endroit, mais bon, le français est une langue formidable pleine de possibilités et puis je déteste l'anglais (c'est dû à une infirmité bien évidente... je parle dans la vie courante, mais pour la littérature anglaise, on m'oublie).

On se revoit donc la semaine prochaine...!

mardi 1 juin 2010

Entre les murs

Soirée un peu folle avec Papa et Maman (désespérée), puis Fiston qui prend la relève… Manque de jugement, aucune peur, aucune appréhension. Des souliers troués dans la pluie et le sommeil vous amèneront toujours en terrain connu…


Plancher pourri, foutoir, bric-à-brac, désordre désorganisé, balcon couvert de merdes de pigeons… Murs plein d’histoire, murs qui respirent… Franchir le pas de cette porte et retrouver une partie de moi-même restée entre ceux-ci. Une partie de moi dans cette pièce au fond du couloir, souvenirs des nuits blanches de juillet, des amis partout qui échouent et à qui on apporte un thé au lever, lumière tamisée derrière les arbres, manque de pudeur… et de vertu, pigeons qui roucoulent, marteaux piqueurs, attentes interminables, larmes, résolutions incessantes et vaines… et larmes. C’est une partie de moi qu’il me faisait plaisir de retrouver pour mieux la laisser derrière, constatant avec délectation que l’indifférence avait finalement eu raison de ma relation d’amour-haine avec Munich.

Reproduire certains de mes plus grands plaisirs : discuter jusqu’aux petites heures avec celui qui serait mon meilleur ami si - (avec les « si » on mettrait aussi Paris en bouteille, fack on oublie ça) - si, assise sur le comptoir de la cuisine, un thé à la main, on discute pour rien, parce que c’est la dernière fois. Échouer ensuite dans la chambre de Fiston, l’entendre roooonfler aux corneilles, j’ai le sourire aux lèvres (parce que j’entraîne ma patience), le nez contre le mur qui empeste toujours la poussière, j’attends l’heure d’un lever plus potable pour lever les voiles. Je m’endors…

8h, le cœur au bord des lèvres. Meilleur ami appelle un taxi (parce que Fiston ne se réveille pas pour les nausées), bye bye Hans-Sachs Str. 7. Mes derniers excès munichois avec mon papa la veille auront eu raison de mon foie ce matin. Ouf… Pas mécontente d’avoir une chambre d’hôtel douillette qui m’attend et que mes parents ne soient pas témoins de ma verdeur.

Bye bye Hans Sachs Str. 7, mon premier cocon bavarois.

Bye bye Bavière. Wir werden uns wiedersehen… Vielleicht.


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Des nouvelles de Papa et Maman?

Papa en connaît plus long sur l’Allemagne que sa fille apprenti-bavaroise supposément historienne à 2 cents. C’est en connaissant mon père qu’on constate l’étendue de son ignorance… voulez faire le test? Mon père remarque le moindre petit détail en matière d’architecture, d’urbanisme, de mécanique automobile… et non seulement il ne parle pas allemand, mais en plus il n’avait jamais mis les pieds sur le Vieux Continent. Je traduis ce qu’on me dit et lui il répond : « ouioui je sais. » Je m’occupe donc des détails techniques : se nourrir, dormir, se déplacer. Pour le reste, le guide c’est Papa.

Maman est la meilleure des complices en matière de bouffe et d’aires de repos. Quand il est temps de trouver un bon resto ou un endroit pour chiller, sie ist dabei. Les châteaux, c’est plus son truc. Elle aime ce qui est bon et beau. Mon père aime ce qui est beau, ce qui est historique, mais pour ce qui est « bon », il possède une idée bien arrêtée qu’on essaie d’élargir un peu… ça marche, il adore les schnitzels et les knödel. C’est bien, c’est nouveau et c’est plus allemand que les patates pilées.

dimanche 23 mai 2010

Miltenberg, mon amour


Un quart de siècle plus tard.

Je soupçonne les oiseaux de chanter plus fort à Miltenberg que nulle part ailleurs. Véritable vacarme, c'est comme si on avait assis sur chaque branche des arbres un minuscule soprano prêt à vous déballer en boucle son récital du dimanche. La région est creusée de vallons, les collines verdoyantes se teintent par moment de fleurs dont la couleur s'essoufle alors que le printemps avance... au loin le soleil est sur le point de s'épancher sur l'horizon, teintant de rouge les quelques rares nuages brièvement ensanglantés, mourant anonymement alors que l'obscurité prend la place qui lui revient.

Franconie, tu me manqueras.

Mon 25e anniversaire, je l'aurai passé à te savourer tranquillement d'ici, les yeux perdu dans ton ciel parfaitement bleu, dans les souvenirs de Glühwein, de cuillère miltenbergeoises et de cuisine collective... Papa et Maman en arrière-plan se bousculent dans la cuisine pour préparer le thé et servir le Rotweinkuchen à mes rares invités, dont mon élève turc qui est arrivé les bras chargé du premier gâteau qu'il ait fait seul de sa vie. Immenses portes vitrées, toits en pente où les têtes se frappent irrémédiablement, soirées solitaires, enveloppée comme je l'étais dans une épaisse couverture sur le balcon, innombrables currys ou recettes manquées, désagréable facture d'électricité, je n'arrive pas à croire que je quitte après tout ce temps pour n'y plus jamais revenir.

Quitter le Poigerstraße 16 c'est un peu accepter l'évidence qu'il existe une vie après l'Allemagne. Je l'avais planifiée déjà alors qu'elle semblait loin, maintenant que je suis à la veille de l'entamer je n'y crois pas une seconde, je ferme les yeux une autre fois... je pense aux volcans de l'Islande et à Nabuchodonosor, aux Alpes suisses, aux canaux de Venise, aux sopranos dans les arbres et à la Bratwurst, à la vie qui me réserve bien plus encore que ce qu'elle m'a généreusement donné jusqu'à présent, je n'arrive pas à y croire, ma vie à moi commence, vraiment? J'ai eu 25 vies différentes dans les 25 dernières années, comment est-ce possible qu'elle me réserve davantage de surprises alors que j'en ai eu mon lot déjà.. non? C'est ça qui est merveilleux finalement: la vie, on en fait vraiment ce qu'on veut et elle a un potentiel illimité.

mercredi 19 mai 2010

Paillettes et boule de gomme

...aaah la Côte d'Azur, le soleil, le ciel bleu, les scooters, les goélans, la meeeer...

(je pourrais arrêter maintenant pour vous faire pâmer d'envie)

Bon. Objectivité. Je dis pas ça du tout parce que le temps me paraît trop moche maintenant que je suis revenue en Allemagne, la tête dans d'épais nuages qui menacent d'exploser à tout moment. Je ne vais pas faire une tirade sur la température tout de même, mais sachez qu'en dehors de ce court périple au paradis des paradis touristiques, j'ai eu les deux pieds dans l'eau (de pluie) depuis le début du mois de mai. C'est fait.

Câââââânnes. Quelques faits pour se mettre en appétit.

  • Public cible: contrairement à ce que vous croyez peut-être, Cannes attire essentiellement, durant le festival une horde de touristes qui n'a rien à voir avec le milieu du cinéma. En fait, bien qu'on réquisitionne tous les cinémas de la ville afin de présenter des films qui sont sur le point de sortir, l'écrasante majorité des gens n'en verra même pas un seul! Facture: la passe pour voir les petits films présentés dans les cinémas secondaires, hors-compétition, coûte 300 euros pour toute la durée du festival, qui est pris en charge par les entreprises. Le 95% des gens qui ne "travaillent" pas (grosse job sale de voir 3 films par jour) vaquent à leurs passionnantes occupations: monter dans des échelles dans l'espoir de voir les stars monter le tapis rouge (pour les films en compétition officielle), jouer aux groupies, prendre des mojitos à 10 euros le verre, aller à la plage. Selon les dires de mon coiffeur niçois, certaines filles attendent toute l'année le festival dans le seul but de se montrer dans leurs plus beaux atours (mini-mini-robes à paillettes, style) dans l'espoir d'attirer le regard de Brad ou que sais-je.
  • Parlons-en des coûts moyens s'il vous prend l'envie d'aller là-bas en vacances à la mi-mai: les hôtels triplent leur prix, donc une chambre à 50 euros la nuit coûte normalement 150 euros si les propriétaires sont honnêtes, mais ça peut monter à 450 euros... Il faut réserver un an à l'avance. Si vous êtes plus du style dernière minute, vous pouvez louer l'appartement d'un des Cannois qui louent le leur contre la modique somme de 1500 euros par semaine pendant qu'eux vont rester chez des amis!
  • Les voitures style Porsche, Lamborghini, Ferrari et autres et les vêtements haute couture deviennent votre meilleure arme dans cet orgie de richesses et de Very Important People, sous peine de vous faire regarder tellement croche. .... Vraiment? Je suis arrivée à Cannes avec mes ballerines à 5 euros ayant trop souffert de leur séjour dans la pluie à Augsburg, toutes éventrées qu'elles étaient au devant, et je n'ai senti de regard désapprobateur de personne... parce que tout le monde est trop occupé à se regarder le nombril et à se la péter en vous fonçant dessus avec leur gros char! Alors être bien habillé est de mise à Cannes?? Ben non! :D
  • Parlons des films en compétition et de la raison pourquoi j'ai eu ces billets de cinéma que certains Non Important Person (okok j'arrête) sont prêts à acheter pour 300 euros (c'est quand même juste pour aller voir un film en primeur tsé). À mon séjour à Nice à Noël, Valoche, ex-coloc à Munich et amie, m'a présenté un de ses copains, Benjamin, qui vit à Cannes et avec qui j'ai passé quelques soirées. Ses parents ont un hôtel. Tous les hôteliers ont droit, à chaque année, à deux billets pour le film en compétition de leur choix. Attention: c'est sur invitation seulement, ce n'est pas achetable, même si t'es très riche. Ils doivent quand même se battre pour les obtenir et doivent s'y prendre jusqu'à 6 mois à l'avance. En tant qu'opportuniste de première, quand Benjamin m'a dit tout ça, je me suis enthousiasmée... et voilà. ;) Il m'a fait la promesse qu'il m'amènerait au festival de Cannes et il a tenu parole, et moi je suis une femme comblée, en plus d'avoir passé un très bon séjour en sa compagnie et avec Audrey-Anne à Nice, une copine d'enfance. Je lui avais dit que s'il y avait un film de Pedro Almodovar ou avec Gael Garcia Bernal, j'étais prenante! Eh bien, Gael y était mais seulement en tant que spectateur, c'est Javier Bardem qui tenait le rôle principal et c'était Inarritu (Amores perros, Babel) le réalisateur. Biutiful: traumatisant, génial, troublant, excellent. Ce sera à voir (et je parie que ce sera la Palme d'or).
  • Alors oui, j'ai monté le fameux escalier en robe de soirée trop décolletée pour être légale mais tellement de mise à Cannes.

Mention spéciale à mes quatre hôtes de la dernière semaine. À Augsburg j'ai été reçue "à la russe" par un adorable Québécois, Maxime, avec qui j'ai eu de passionnantes conversations, puis à Nice chez Audrey-Anne, devenue metteure en scène, danseuse (moderne, tsé) et aussi éclairagiste. C'est sous le ciel azur qu'on s'est retrouvées changées, évoluées... mais plus ça change plus c'est pareil. Je l'aime. Puis c'est la famille de Benjamin qui m'a pris en charge, sa soeur puis sa tante (de 30 ans quand même, alors que lui en a 27!)

Tout ça pour dire que je suis revenue les deux pieds dans la flotte dans mon très jet-set Miltenberg, que je suis complètement débordée vu que je "déménage" mardi prochain, que je me suis fait organiser mon horaire par tout le monde et que je sens déjà monter le stress (un mot qui avait disparu de mon vocabulaire). Dernière journée aujourd'hui à la Realschule où on a fait mon éloge (ben oui... mes collègues avaient de la misère à m'adresser la parole durant l'année et ils ont jugé que c'était là le temps de venir me voir pour me dire qu'ils auraient aimé ça prendre un p'tit café... Ah Miltenberg!) et puis demain Gymnasium, puis après demain, Maman et Papa font leur arrivée!! J'ai hâte de les revoir, après 1 an!

Ne vous inquiétez pas, j'aurai encore quelques aventures à raconter avant mon retour prévu le 15 juin (qui vient trop vite... et trop lentement à la fois... les hommes les hommes!)



vendredi 7 mai 2010

Par delà les nuages


Cessons de me rappeler qu'il reste peu de temps. ;) (lire: cesse-je de me rappeler à moi-même qu'il reste peu de temps.)

Aujourd'hui, le temps maussade est parfait pour écrire une entrée de blog. La pluie tambourine le toit depuis une semaine... Chanceuse que je suis, j'avais un invité à la maison pour 5 jours, un jeune homme surmotivé comme il en existe peu, parcourant l'Europe et le Proche-Orient en un temps digne du "tour du monde en 80 jours". En une année ici, je n'aurai pas su faire mieux!! Il s'est joint à moi dans ma routine miltenbergeoise un peu ennuyante mais a semblé toutefois y trouver son compte, entre les dégustations de bières en compagnie de mes jeunes de 11e, les épisodes de Southpark sur mon balcon et les séances de "tentons-de-voir-l'avenir-quand-on-vivra-au-brésil-ou-au-vietnam-ou-à-istanbul".

D'ailleurs, un sujet redondant qui est revenu souvent dans nos conversations: l'Ukraine. Pour des raisons légèrement différentes, soit, mais bon les deux parce qu'on aime vraiment les Ukrainiennes. ;) Je crois tout de même que nous sommes les Québécois les plus pro-ukrainiens du monde. Justement, j'ai reçu à l'instant un message venant d'une copine ukrainienne qui vit à Kiev, m'exposant un peu la situation... Quand je suis allée à Kiev, le nouveau gouvernement pro-russe venait juste de se faire élire. Il est difficile de trouver de l'information impartiale dans les journaux ukrainiens écrits en anglais, car on admettra rarement ouvertement que la culture ukrainienne soit en danger. J'avais donc demandé à Ira de m'expliquer un peu ce qui se passait, de leur point de vue à eux. Voici donc sa réponse:

The situation in Ukraine is very sad. From the point of view of not even a Ukrainian but a Global person, I think it’s terrible and against Human Rights what is happening now in Ukraine, in Russian Federation and in many other countries. I often recollect your explanation to one of your student in Canada why Hitler can’t be a hero, and it’s very sad that here in Ukraine and in many other countries we are lacking people who have an active position for such things. And we know how easy a bad government can destroy the whole country. In two months, with our new president : the biggest industries were sold to oligarchs from Russian Federation, in Crimea, people now want to be part of Russia, one of the minister said that he is a pity that during the Soviet time the whole west part of Ukraine was not sent to Siberia. Tomorrow we will have this stupid celebration of day of Victory. Millions of people died in this war and - what is sad - for nothing, for another imperia of Stalin, who actually was collaborating with Hitler who was so stupid that he refused to believe that war against of Soviet Union was started. Instead of a day for honouring the millions of killed in the war, we will have a military parade. In Kyiv, as special guests, will come Russian army and soldiers who are still involved in a war in Chechnya and kill thousands of people. Just crazy. People don’t learn anything from their own history.

Dernièrement, j'avais suivi le dossier avec intérêt dans les médias allemands, avant de tomber sur un ou deux articles sur radio-canada.ca. Malheureusement pour ma santé mentale, j'ai eu le très mauvais réflexe de lire les commentaires qui suivaient l'article sur l'entente autorisant le maintien d'une flotte russe en Crimée, qui m'ont, comme à chaque fois, consternée par l'ignorance crasse de certains individus.


Autrement, quelques faits divers:

  • Frülingsfest à Munich la semaine dernière: un Oktoberfest en mini et un peu moins cher, beaucoup de fun et de bonnes chansons allemandes.
  • Tour de la brasserie Faust qui était prévue il y a un mois et qui avait été remise à plus tard, donc cette semaine. J'ai fait une Allemande de moi et j'ai terminé la visite avec le hoquet. une pinte de Dunkel Weizenbier à la main. Vous avez rarement vu plus chic.
  • Le volcan islandais au nom imprononçable semble faire encore des siennes. L'Allemagne et la Suisse sont en train de discuter la possibilité de fermer l'espace aérien dès demain... le Portugal et l'Espagne, c'est déjà fait. Je croise les doigts pour que ce soit réglé vendredi prochain vu que je m'envolerai pour Cannes. Faisons de la pression pour qu'ils leur mettent un bouchon aux maudits volcans-empêcheurs-de-virer-en-rond. J'ai une belle robe noire que je veux pouvoir mettre une fois dans ma vie. De plus, plusieurs vols importants sont prévus dans les prochaines semaines. À savoir: le vol de mes parents. Le vol de retour de mes parents. Mon vol de retour. Compris?

mardi 27 avril 2010

Saudade


Un ami m'avait dit un jour dans un élan de "critiques" (j'appelle cela "critique", positive ou négative, bon ça dépend du point de vue) que je vivais ma vie par chapitres. Que j'étais une fille de débuts et de fins perpétuels, comme si l'idée de continuité était absolument incompatible avec ma personnalité ou mes objectifs de vie... Pas tort le Nico.

Je réfléchis beaucoup à ces mots d'esprit depuis quelques temps. Mes amis me demandent quand je reviens. Mes collègues me demandent quand je pars. Mes parents se préparent à faire leur valise en vue de parcourir la Bavière à dos de DB. C'est le début de l'été, les journées sont longues et j'ai transféré mon salon/salle à manger sur le balcon. Je fais mon nid. C'est une véritable serre l'après-midi! Je fais le point. Je pense au retour. Maintenant qu'il est imminent, mon mal du pays du départ semble devenir un mal du retour, comme si ma vie ici me satisfaisait vraiment finalement et que l'éventualité de tout devoir recommencer me foutait la trouille.

Kundera encore une fois posera les mots exacts sur mes incertitudes en parlant du lien existant entre nostalgie et ignorance.

"The Greek word for return is nostos. Algos means "suffering". So nostalgia is the suffering caused by an unappeased yearning to return. (...) Often it means only the sadness caused by the impossibility of returning to one's country: a longing for country, for home. What in English is called "homesickness". Or in german "Heimweh". In Dutch: "heimwee". (...) In Spanish "añoranza" comes from the verb "añorar" (to feel nostalgia) which comes from the catalan "enyorar", itself derived from the Latin word "ignorare" (to be unaware of, not know, not experience; to lack or miss). In that etymological light nostalgia seems something like the pain of ignorance, of not knowing. You are far away, and I don't know what has become of you. My country is far away, and I don't know what is happening there."

Ce rapprochement entre l'ignorance et le mal du pays me plaît. C'est justement de l'ignorance, ne pas savoir, dans ce cas, ce qui m'attend au retour. Ce thème du retour après une longue absence a souvent été abordé dans la littérature... rappelez-vous aussi de la chanson Volver, ce tango de Carlos Gardel dont j'avais publié les paroles ici-même:

Je devine le clignement
des lumières qui au loin
vont jalonnant mon retour;
ce sont les mêmes qui éclairaient
de ses pâles reflets
les heures profondes de la douleur.

Et malgré moi de retour,
au premier amour on revient toujours.
La calme rue où l'écho t'a dit:
"à toi sa vie, à toi sa dévotion"
sous le regard moqueur des étoiles
qui impassibles me voient revenir.
J'ignore où je veux en venir. Je veux parler du retour, simplement. Pour mieux comprendre ce sentiment si étrange qui nous accompagne sur le chemin de la Maison... Peur, extase. Douleur, joie. Un sentiment de perte de ce qui est laissé derrière mêlé à l'enthousiasme de retrouver les nôtres. Oui, l'idée de perte est mêlée à celle des retrouvailles. Les retrouvailles seront sublimes, évidemment. Alfred de Musset a dit: Le retour fait aimer l'adieu. Toutefois, après un temps, la vie reprend son bonhomme de chemin et vous aussi devez avancer et retrouver vos repères. Il faut se créer d'autres souvenirs, parce qu'avoir deux vies parallèles à 10 000 km de distance, c'est impossible.

Pour vous dire quoi, mes amis? Eh bien, rien. Que la vie continue. Que mon séjour allemand tire à sa fin. Que j'anticipe un peu. Que je me sens ici complètement déconnectée du monde et que m'y reconnecter me fait peur. Que je sais que mes amis assistants vivront la même chose que moi et puis bon... je sais que certains me lisent et j'espère qu'on se retrouvera quelque part tous ensemble pour se créer une petite bulle d'Allemagne le temps d'une soirée, comme si l'Allemagne était une secte, l'allemand un code secret, et qu'il fallait faire partie des initiés pour savoir. Pff. C'est super snob cette façon de pensée, mais en quelque part au fond de moi, ça me fait du bien.

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Petit update: Charlie est immortelle. Elle a trouvé elle-même un poison que le propriétaire m'a donné et que je refusais de lui donner maintenant vu que c'est super chimique et elle s'en nourrit depuis une semaine. C'est une super souris ninja turtles!


dimanche 18 avril 2010

À la suisse


Ce que Markus n'aime pas:


  • L'Allemagne, les Allemands, l'accent allemand en allemand.

Chaque fois qu'il disait à ses potes qu'il passerait la fin de semaine en Allemagne, on lui répondait: "WTF qu'est-ce que tu vas faire là-bas??" Rendu à Miltenberg, il a voulu demander des indications et l'a fait en anglais (l'allemand est sa langue maternelle, en passant), juste pour pouvoir se moquer de l'anglais très sommaire du monsieur qui l'a aidé. Voyant la générosité de l'homme qui l'a conduit jusqu'au pas de ma porte alors qu'il ne vivait même pas dans les environs, il s'est racheté, en bon suisse qu'il est, en lui donnant 10 euros. :P

  • Les petits chiens (en fait, pas qu'il n'aime pas, il a "peur" des petits chiens, sauf de Stradi, évidemment.)
Le problème est que certains connaissent déjà Wouschi, le chien de mes propriétaires... bête ignoble et immonde pour laquelle je me réveille la nuit, simplement dans le but de le détester. Petit rappel: Wouschi est laid, poilu, gris et blanc. Il ressemble étrangement à ma brand new moppe, mais juste après l'avoir utilisé et essoré dans de l'eau grise et sale. Il jappe sans arrêt à toute heure du jour et de la nuit. Il déteste tout ce qui passe l'entrée principale, moi encore plus depuis que je lui ai donné une tape sur le nez (wooo SPCA, c'est arrivé une fois) Markus, 6'4, 230 livres (approximation), était ma foi terrorisé.

  • Mes ustensiles de cuisine (rappelons qu'il est suisse, et qu'en plus il est chef. huhum)
Il fait les meilleures omelettes de l'histoire de l'humanité, pour la simple et bonne raison que même moi qui n'a jamais aimé les omelettes, j'accepte d'en manger. Il a voulu mourir devant la piètre qualité de mes ustensiles de cuisine mais, voyant l'enthousiasme avec laquelle je le suppliais de me faire un de ces chefs d'oeuvre, il s'est exécuté. Évidemment, il s'est promis d'apporter ses propres couteaux et poêles la prochaine fois qu'il viendrait à Miltenberg, pour ma fête en mai.


Ce que Markus aime:

  • Le Canada
Ma citoyenneté semblent clancher sa haine pour l'Allemagne et je m'en réjouis, surtout quand je le vois immanquablement se pointer avec son chandail écrit "Canada" en immenses lettres blanches sur fond rouge. Markus était, avant même les JO de Vancouver, le plus Canadian de tous les Suisses.

  • Cuisiner pour moi et manger au resto
Je n'ai rien demandé, voyez-vous, mais ma présence évoque chez lui une irrésistible envie de manger des fruits de mer... Ce qui n'est pas évident à trouver en plein centre de l'Allemagne, donc à la limite du continent européen. Qu'à cela ne tienne, il s'est appliqué à trouver le meilleur restaurant de fruits de mer de Francfort (ville où ma foi moi-même je ne vais jamais) où nous avons mangé comme des rois. Ainsi donc, quelques part entre Miltenberg et Frankfurt, en Allemagne, on pouvait voir filer dans une voiture tchèque une Canadienne et un Suisse, se dandinant sur de la musique suédoise dont vous avez un exemple sur ce blogue. Nous avons visité la ville (qui est finalement beaucoup moins ennuyeuse que je me plaisais à l'affirmer), longé le Main, la rivière qui traverse aussi Miltenberg et nous avons eu une journée absolument parfaite, fidèles à notre habitude et, qui plus est, sans un seul avion dans le ciel (un apprenti pilote remarque ce genre de détail, pas moi!)

  • Moi (et c'est partagé)
Notre amitié a eu raison de Wouschi avec qui il a accepté de vivre sous le même toit pendant deux jours, malgré que sa présence l'ait hanté chaque fois qu'il devait sortir dehors. Voyant son angoisse devant Wouschi, j'ai abandonné l'idée de lui demander de chasser ma souris. Petite mise à jour: à défaut de la tuer, je l'ai rendue propre. Aucun caca cette nuit! Bravo Charlie!

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La présence de mon ami tombait à point cette fois encore, alors que m'était annoncée par un courriel de ma mère une autre triste nouvelle.

Pas que j'aie envie de la raconter sur mon blog et de rendre public le chagrin de ma famille.

Cependant, parce que je sais qu'ils me lisent, ceci s'adresse à vous:

Malgré la distance, malgré l'apparente absence par laquelle je "brillerai" lors de cette journée du 21 avril 2010 alors que toute la famille sera réunie, malgré la tristesse et le sentiment d'impuissance qui nous lient devant une telle fatalité, je serai avec vous en pensée, maintenant, mercredi et jusqu'à mon retour.

Crois-tu que la vie soit un passage d'une mort à l'autre? Faut-il vraiment transiter par tant de morts pour arriver à vivre?
- Fernand Ouellette


jeudi 15 avril 2010

Un 'tit vent d'fraîcheur


Comme je suis dans un moment de ménage du printemps, je me suis dit que le blogue, grandiose (on se donne de l'importance non?) témoin de mes aventures autour du monde, devait lui aussi faire peau neuve.

La photo de profil, le design (pas trop trop de mérite sur celui-ci quand même).. j'ai même ajouté des adresses de blogues publics qui peuvent vous intéresser. (c'est la partie pub)

Les soubresauts: le blogue d'un copain en littérature qui est ma foi de plus en plus drôle.
Tergiversations autour du monde: celui d'un autre voyageur, mon futur mari (je vous dis ça tout à fait accessoirement afin que vous ne soyez pas surpris par les faire-part), avec qui je m'efforcerai de combattre avidement la loi de Murphy à mon retour au Québec. Il croisera ma route (ou plutôt mon sur-place) à Miltenberg au début du mois de mai. Il est présentement quelque part à Montréal, à l'aéroport ou pas loin, et il attend sûrement plus qu'impatiemment de s'envoler pour l'Égypte!

Ce froid si spécial des matins de voyage
l'angoisse du départ,
cette chair de poule qui part du coeur pour atteindre la peau,
qui pleure virtuellement malgré la joie.
- F.P. (allez vous finir par la savoir par coeur cette citation??)

... j'entends Charlie qui piétine. Ce soir j'vas l'avoir.

Homicide volontaire


Salut. Je m'appelle Charlie die Maus.

Je vis en colocation avec une jeune femme qui a tenté de m'assassiner hier soir. Ceci est une histoire vraie comme je suis là.

Moi je fais ma vie tranquille, vous savez, l'ordinaire... je piétine, je bouffe, je chie. Tout ce qu'il y a de plus normal. Pendant les deux dernières semaines, je faisais une vie de pacha: j'avais du spaguetti intégral à profusion, je mangeais du chocolat à l'orange pour dessert, j'avais des pommes de terre qui attendaient là... et puis un jour plus rien. Pour protester, je suis devenu incontinent, et ah la bouffe est revenue la nuit suivante...! Dans un plateau d'argent plus gros que moi m'attendait... de la FA-RI-NE. MMmmm... Mais oh! Elle a un goût bizarre la farine!! (N.D.L.R: ben oui j'avais mélangé du plâtre avec!) Oh!! On tente de m'empoisonner!! Je le savais!!

Nanooou! Moi qui pensait qu'après ton chien pendant toute ta vie et ton pigeon (dégueulasse!) cet été, tu avais besoin de la douce compagnie d'un animal domestique!!

NOOOON.

N.D.L.R: Aucune trace de Charlie, ni de ses compatriotes, s'il en est. Je n'ai aucune preuve de mon meurtre. Au pire, je recommence et elle va s'affaiblir ou se constiper, c'est selon.


vendredi 9 avril 2010

Como culo y mierda*

L'Allemagne ça sent la Bratwurst et c'est parsemé de têtes blondes.

L'Espagne, ça sent la mer et les gens sont de vraies cartes de mode.

Moi, j'arrivais la tête pleine de questionnements et de problèmes fictifs comme on aime parfois s'en faire pour passer le temps, et puis voilà, il y a la mer, il y a Jade, puis Carla, il y a le vin, la bière pas buvable, le vice, la musique, Sexy Bitch (chooou! :(( ), les hommes trop pas allemands qui insistent et qui m'énervent, la mer, les filles trop espagnoles qui vous incluent dans leurs histoires farfelues de mecs ("que cabron!") et de filles-ennemies ("que zorra!!") qui deviennent mes ennemies, l'accent et les expressions qui vous font mourir de rire, des souvenirs trop lointains qui me reviennent en mémoire de l'Argentine, les rochers, les heures interminables à trouver les yeux de la mer et à relire dans ma tête Alessandro Barricco à basse voix, il y a le sable qui entre dans les souliers et le coucher de soleil qui déchire le ciel, immanquablement lorsque le jour s'épuise.

Il y a l'horaire-qui-tue: levée10h/dîner15h/souper23h/sortie/rentrée6hdumatapresunhamburger. Le jamon ibérico, le bonito, le lunch sur la plage et les gens qui courent sur le rivage; il y a le vent, la chaleur du soleil et le souffle glacé de l'ombre. Il y a Carla, avec sa voix profonde et son sens de l'humour bien à elle, ses cheveux dressés sur la tête et ses yeux cerclés de noirs, elle vous fait rire sans le vouloir, vous désespérera par son absence de notion du temps, elle vous curera de tous ces doutes qui assombrissent le regard.... ce qu'elle peut être belle la vie quand Carla a un fou rire! Il y a Jade, imprégnée par la grande ville et par son style de vie marginal, par sa manie d'être... elle, envers et contre tous, toutes ses phrases commençant en espagnol et terminant en anglais ou en français ou les deux, Canadienne-anglaise de mon coeur, réunion des trois solitudes dans la Barcelone de Gaudi, le trio devant un bocadillo, on délire, lescabronsonlesemmerdetous, l'amitié entre filles ça me manquait, l'absence de tension ou d'attentes d'un côté ou de l'autre, on est ensemble et on rit. C'est ça. Quand se retrouverons-nous de nouveau....? Et où? Sais pas. Ce que je sais, c'est que j'ai passé deux semaines parfaites avec ces deux filles, como culo y mierda, que je parle maintenant hispano-allemand de retour à Miltenberg et qu'elles me manquent.... irrésistiblement.




* Expression tout-à-fait appétissante (fiez-vous à votre intuition linguistique pour la traduction mot pour mot...!) qui veut dire "comme les deux doigts de la main".

jeudi 25 mars 2010

"There's always cheap wine and tapas"

Le printemps est à nos portes, hier la chaleur du soleil était presque insupportable sur mon balcon lors de notre rituel du mercredi : thé turc/biscuits/allemand/français. Petite routine rassurante brisée par quelques événements spéciaux, comme cette sortie avec les élèves de ma classe de français de 11e à la brasserie Faust de Miltenberg. C'est permis de picoler avec des élèves de 17 ans? En Allemagne il semble que oui! Autre curiosité: le directeur de la Realschule semble, selon certains élèves, "apprécier" (et non "interdire") le port des jupes courtes et des décolletés qui vient de pair avec la douceur du printemps. Les garçons se plaignent de favoritisme en leur défaveur...!

Petite escapade à Strasbourg la fin de semaine dernière en compagnie de Xavier Schmitt, un nom plus qu'allemand qui fait mentir les apparences vu que je parle plus allemand que lui. Il m'attrapait au moins bon moment de mon existence, je n'étais qu'une boule de liquides corporels (morve et larmes, parce que grippée jusqu'aux yeux) et de fatigue chronique, mais ses plans touristiques étaient absolument parfaits pour mon état physique et mental: petite marche, bouffe dans un resto, café chez Jeannette (petit Estaminet), puis re-marche un peu, puis re-café ou bière, puis bouffe encore, puis re-bière (l'Alsace c'est comme l'Allemagne sur ce point.)


J'aime les Français. J'aime la bouffe française. J'aime le chèvre.

J'ai quand même eu droit à la totale: remise des maillots de son équipe de foot (la photo juste au-dessus vise à réaliser le plus grand fantasme de tous les joueurs de foot du monde... fantasme réalisable et pas trop contraignant, on aime!) Ascension (j'aime le mot, ça me donne un air important) de la cathédrale de Strasbourg, visite de Colmar, petite ville adorable à quelque 45 min de Strasbourg et j'ai même assisté au casting d'un film porno,
sans y participer bien sûr (que voulez-vous, l'Amérique fut fondée par des puritains).

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Quoique la semaine ait été un peu pénible, ça tombe pile poil en fait vu que je pars dès demain pour Barcelone, où deux copines m'attendent afin de faire una fiesta grande et remettre mon espagnol en forme. Les vacances de Pâques ici durent deux semaines... jaloux non? Je passe 4 jours à Barcelone avec Jade, la plus bilingue des canadiennes-anglaises que vous pouvez imaginer (elle étudie à Québec - français - en études hispaniques -espagnol - et son père est norvégien) que j'ai rencontrée l'année dernière dans mon cours de russe (!). Puis, je file quelque part près de la mer rejoindre Carla, un de mes coups de foudre amicaux de Munich qui vit aussi à Barcelone et qui va visiter ses parents dans leur petit bled de Laredo. Pour le reste, je n'ai aucun plan. J'ai mis les deux filles en contact à l'arrivée de Jade à Barcelone et elles sont devenues de supers potes, ce qui me réjouit vraiment. J'ai trop envie de leur joie de vivre et de leur complète insouciance et surtout, j'ai envie d'être entourée de femmes pour une fois!!

There's always cheap wine and tapas sera mon mot d'ordre des prochains jours, j'en salive juste d'y penser, j'aime tellement l'Espagne!


lundi 15 mars 2010

Du coq à l'âne

La culture allemande occupe une place insoupçonnée dans l'imaginaire collectif de par ses innombrables contes fantastiques racontés aux enfants, partout à travers le monde, dès le berceau... qui ne connaît pas Blanche-Neige (une petite native de ma région, semble-t-il!) et Hansel et Gretel? À Gießen, Sébastien et moi avons regardé avec plaisir l'émission "Iniminimagino", tout droit sorti des boules à mites, nous bidonnant bien de leur version des costumes bavavois, de leurs chansons trop cuculs pour être vraies et de leur absence de talent de comédiens! Soit, nous adorions ces histoires.

Jeudi soir, juste après mon arrivée dans la magnifique ville d'Hambourg, le ventre bien rond de tapas et de vin espagnol, le sommeil, étrangement, ne venait pas. C'est alors que mon hôte (je vous le présente: Tim, un Allemand blond aux yeux verts et à la carrure de maître nageur qui aurait pu contribuer à la création de la race supérieure) s'est mis à me raconter ces histoires interdites par ses parents lorsqu'il était petit... Prenez garde! Nous sommes loin ici des histoires rose bonbon à la "Belle aux bois dormants", faisant rêver les petites filles de princes charmants sur un cheval et de magnifiques robes bouffantes. Non, der Struwwelpeter, der Hans Guck-in-lie-Luft et Zappel-Philipp semblent plutôt à l'origine de cette dure discipline allemande qu'il me plaisait de vous décrire à mon arrivée ici. Que se passe-t-il dans ces adorables histoires de jeunes qui désobéissent, qu'on imagine racontées le soir à la lumière d'une chandelle devant les yeux horrifiés des petits enfants...?



L'éducation allemande en quelques leçons simples


Votre petit dernier suce son pouce? Alors racontez-lui l'histoire du Daumenlutscher!

La mère du petit Konrad est sur le point de sortir de la maison mais l'avertit:

Vor allem Konrad, hör! (Avant tout, Konrad, écoute-moi!)
lutsche nicht am Daumen mehr; (Ne suce plus ton pouce)
den Schneider mit der Scher (Sinon, le coupeur avec ses ciseaux viendra très vite)
kommt sonst ganz geschwind daher,
und die Daumen schneidet er (et ton pouce il coupera)
ab, als ob Papier es wär. (comme si c'était du papier!)

À la page suivante, on voit le Schneider (le coupeur de doigt) courir après le petit Konrad et lui couper les deux pouces. Au retour de sa mère, il pleure et a perdu ses deux pouces. (que c'est cute!)


Vous redoutez que votre chéri se mette à jouer avec le feu? Racontez-lui alors La triste histoire du briquet!

La petite Pauline, toute joyeuse de vivre, trouve un briquet sur la table alors que ses parents sont partis. "Que c'est beau" se dit-elle! "Que de gros fun puis-je avoir avec cette chose!" (traduction libre en québécois haha!) Les deux chats Minz et Maunz l'avertissent que les parents l'ont interdit:

Und Minze und Maunz, die Katzen, (Et Minze et Maunz, les chats)
erheben ihre Tatzen ("élèvent leur pattes en signe de protestation", genre)
Sie drohen mit den Pfoten (ils brandissent leur pattes)
"Der Vater hat's verboten! ("Le père l'a interdit!")
Miau! Mio! Miau! Mio! (Miao! Miao! pour que ça rime avec le reste)
laß stehn! sonst brennst du lichterloh!" ("Laisse ça sinon tu vas prendre en feu!")

... mais la petite Pauline, elle s'en fout, elle est bien au-dessus de tout ça! Elle allume un bâtonnet de bois et danse... et ooooh Malheur! Elle prend en feu! Ses cheveux, sa peau, tout! (ouioui! tout est décrit et ya un dessin de la p'tite fille en feu!)
Les chats capotent et crient au secours, personne ne vient! La petite Pauline devient un tas de cendres et les chats pleurent... Und ihre Tränen fließen wie's Bächlein auf den Wiesen. (et leurs larmes coulent comme des ruisseaux à travers les prés.) Terrifiant, non?

Une petite dernière? Celle-là c'est pour Éli et la petite Anaïs qui est dans sa phase du nonononon!

Votre coco refuse de manger sa soupe? Racontez-lui l'histoire de Suppen-Kaspar ("Soupe"-Kaspar)

Le petit Kaspar est en santé et il est tout joufflu, mais à un moment, il a comme une bulle dans sa tête et il décide de ne plus manger sa soupe! "Ich esse keine Suppe! nein! Ich esse meine Suppe nicht! Nein, mein Suppe eß ich nicht!" (non je veux pu de soupe!, dit de 15 façons) Le lendemain, il est déjà plus maigre, mais il refuse toujours de manger sa soupe! Le troisième jour, il est encore plus maigre mais il crie encore qu'il veut rien savoir de sa soupe! Le quatrième jour, Kaspar est aussi maigre qu'un "filament", dit-on, et le cinquième jour, IL EST MOOOOORT!
Le plus drôle, c'est qu'on a des image de Kaspar de plus en plus maigre et à la fin, une petite pierre tombale où il est écrit "Kaspar" avec....... un plat de soupe! C'est presque baveux!


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Outre ces fascinantes histoires racontées par Tim jusqu'à 4h du matin, j'ai absolument adoré Hambourg et je dirais même que c'est devenu une de mes villes préférées en Allemagne. Ça entre donc dans mon palmarès des must-see. L'eau y est omniprésente (on dit qu'il y aurait plus de ponts à Hambourg qu'à Venise!), le poisson est bon et pas cher, le Franzbrötchen (une genre de brioche à la cannelle trooop excellente) est une spécialité qu'on ne trouve nulle part ailleurs et qui vous rend complètement addict. Estomac, quand tu nous tiens..!

Je m'étais aussi programmée un état de totale ouverture d'esprit et d'expérimentation, ce qui m'a amené dans le "Red light" de Hambourg, un quartier tout à fait étonnant où se trouve l'ensemble du night-life de la ville: les clubs plus sophistiqués côtoient les bars franchement crados et les bars de danseuses, et toute la population s'y retrouve. Je vous parle toujours de la légendaire discipline allemande... eh bien dans ce quartier le samedi soir, certains interdits sont levés! Ça ne semble pas causer problème, cette capacité qu'ont les Allemands de s'amuser et de frôler les limites du raisonnable sans les dépasser est franchement étonnante. J'ose à peine imaginer le bordel que ça ferait en Angleterre... Certes, mon Aryen (okok c'est pas drôle) m'a amené dans mon premier club de danseuses à vie (une version soft, il y avait beaucoup de clientes et les danseuses dansaient sur le bar en sous-vêtements sans se déshabiller), s'inquiétant un peu de ma réaction vu que je suis hyperultracontre la prostitution. Finalement, j'ai trouvé l'expérience intéressante. Fait cocasse: une grand-mère est arrivée dans le bar, elle semblait connaître toutes les danseuses et l'une d'entre elles lui a cédé sa place au poteau! Elle avait mis ses vêtements du dimanche, une longue jupe avec un châle, et elle dansait! (Esprits pervers! elle dansait pas comme la danseuse, tout de même! Elle dansait, simplement!) Une grand-mère qui fait exactement ce qu'elle a envie sans se préoccuper des autres, vraiment, chapeau!

Pour ce qui est des prostituées en tant que tel, elles étaient entourées de policiers qui veillaient sur elles, ce qui est une bonne chose. Ça relance en moi un débat intérieur sur le bien-fondé de l'"interdiction"... je suis contre la prostitution. Je comprends pas le premier argument que tous les mecs (dit apprenti-historiens à la con) vous sortent sur le sujet: "C'est le plus vieux métier du monde!!" Hey les cocos! Il y avait sûrement des chasseurs, des pêcheurs et des paysans avant que la "rémunération pour des services sexuels" existe!
Je suis absolument contre l'argument qui dit que certaines "choisissent" de faire ce métier. J'y crois pas moi, désolée. Si on dit ça pour représenter une femme sur 150 qui aime se prostituer, alors elle est où la valeur de l'argument?
Je suis aussi absolument CONTRE l'argument qui dit que la prostitution est une bonne chose parce que ça empêche des connards de se rabattre sur des filles dans la rue. Hey! Ho! Les tits gars! On est capable de contrôler ses ardeurs non? C'est pas pcq vous êtes dûs que des filles devraient vous satisfaire dans un coin noir et s'humilier contre un 20$! Vous trouveriez le tourisme sexuel acceptable si je vous disais que ça empêche de gros Américains bedonnants potentiellement pédophiles de s'en prendre à de jeunes enfants de retour chez eux?

Et puis je m'imaginais un Red light comme à Amsterdam, fréquentés par des touristes anglais stupides et ridicules qui s'amusent à prendre clandestinement les filles en photos comme si c'étaient de vulgaires poupées gonflables en riant grassement, vous savez, sur une échelle de Richter de 10 de classement des épais, ils seraient genre à 49?

À Hambourg, pas de touristes (ben pas que je sache, sauf moi, et c'est pas moi qui va me pâmer et lancer de gros rires gras à leur intention). De la présence policière que je crois nécessaire. Elles étaient habillées chaudement et portaient de grosses Moonboots (alors que les légendaires "f** me boots" étaient réservées aux clientes des bars autour! Qui l'eut cru?) Ouais, elles étaient finalement pas mal plus élégantes! Sans dire que je suis pour la prostitution, vu qu'elle va toujours exister, il faudrait effectivement penser au bien-fondé de la clandestiniser... L'important, c'est encore l'intégrité physique et psychologique des filles qui la pratiquent. Mais les clients sont et vont toujours rester, dans mon esprit, d'ignobles épais.

On dit que les fous seulement ne changent pas d'idées!




vendredi 5 mars 2010

Printempsprintempsprintemps

La venue du printemps rend enthousiaste voire hystérique. Même Mère Nature semble s'être impatientée de cet hiver interminable (les Québécois avons une toute autre définition d'"interminable"... m'enfin!) et nous envoie enfin papa Soleil qui était probablement parti dans le sud. Mon balcon a été inauguré cette année par mon élève (avec qui je fais chq semaine un tandem français/allemand) et moi-même, à coup de thé turc qu'il prépare avec talent et de gâteaux/turron (le "o" a un accent ok?)/biscuits de toutes sortes. Il rigolait en disant qu'il venait d'avertir sa mère qu'il avait encore un "cours" avec Mme Michaud, alors qu'on se faisait bronzer la couenne sur des chaises longues en bouffant comme des porcs sous le chaud soleil de février. Peut-être qu'un jour ça me vaudra des plaintes de manque d'éthique professionnelle mais je m'en fous, je parle pas allemand dans certains cas... comme celui-là!

Quand je pense que les Bavarois doivent donc tougher de mars à la mi-juillet dans les salles de classe alors que dehors il y a un tel soleil, franchement je les plains...!

Le retour de ma galère Cologne/Kiev s'est passé tout en douceur... Escapade dans la capitale allemande de la laideur, Gießen, afin d'accompagner mon collègue québécois Sébastien dans la platitude d'un weekend sans vrai projet de voyage. Venue de Ron Williams, chanteur afroaméricain de R&B de 68 ans semble-t-il mondialement connu, parlant parfaitement allemand, qui fut ma foi ZE Événement dans le district de Miltenberg. Les élèves du Big Band du Gymnasium l'accompagnaient et c'était véritablement fabuleux. Qui a dit qu'il se passait rien à Kleinheubach, village de 500 âmes? Wir waren dabei. Ce soir, une clique de "Bavarois" se pointent à Miltenberg pour l'édition 2010 de notre rencontre interculturelle. La dernière fois, c'étaient les assistants québécois et cette fois, ce sont les assistants francophones qui sont en Bavière! Je prépare donc leur venue et je crois qu'on va bien s'amuser! De mauvaises langues disent qu'il neigera durant la fin de semaine et je suis bien décidée à les faire mentir! Il pourra neiger partout, mais pas à Miltenberg, c'est promis!

Pour ce qui est des projets futurs, je me suis décidée à aller à Hambourg la semaine prochaine, vu la forte impression que les Hamburgers m'ont fait à Cologne. L'un de ces charmants jeunes hommes m'a proposé le logis et semble prendre ma venue bien au sérieux, pensant déjà à notre programme de la fin de semaine..! Moi-même je n'ai pas la moindre idée de ce qui se passe à Hambourg, mais ayant vu le film Im Juli (film culte style road-trip allemand), je m'attends à un style de mentalité à la "Pays-Bas" - où je ne suis jamais allée non plus.

C'étaient, mesdames et messieurs, les nouvelles de la semaine!

dimanche 21 février 2010

Hymne à la tolérance, part 2

Quand j'y repense, je me demande encore pourquoi j'ai acheté des billets vers cette destination. J'ai toujours aimé ces villes méconnues qui entretiennent les préjugés défavorables et les idées préconçues montées de toutes pièces par notre imagination frivole d'Occidentaux absolument vertueux. On a beau se penser parfaits, fiers que nous sommes de notre individualisme et de notre liberté absolue, de l'ordre rassurant qui règne dans nos villes, de notre vie prévisible et honnête de travailleurs disposant de temps de loisirs, offrant à nos enfants une éducation convenable, un "avenir" comme on se plaît à le dire...

L'Ukraine est venu aussi bousculer ces certitudes, encore une fois. J'y voyais là, maintenant quelle honte de l'avouer ici!!, un pays de geeks racistes et unilingues et de femelles hypersexualisées.

L'omniprésent manteau de fourrure et l'absence d'employés pouvant parler anglais à l'aéroport ont d'abord confirmé mes dires. Puis, j'ai vu ça comme un avantage en ma faveur: avec mon manteau non-de-poil, j'avais l'air d'une sans-abri, alors j'étais d'aucun intérêt pour les pickpockets. Puis, au fil des rencontres, j'ai connu une toute autre concentration de filles super cultivées multilingues avec qui j'ai eu parmi les plus intéressantes discussions interculturelles qu'il m'ait été donné d'avoir dans les 6 dernières années. C'est ainsi que j'ai vécu un véritable coup de foudre culturel pour ce pays et pour sa population complètement méconnue, associée à de répugnants stéréotypes qui me font désormais horreur. Je me ferai désormais un plaisir de les défendre telle une tigresse et de faire ici la promotion de ce pays absolument fantastique (à condition bien sûr d'avoir préalablement appris à lire le russe).

C'est en observant ces femmes, en discutant de différents sujets que les thèmes récurrents de sexisme et de racisme se sont imposés comme étant les deux principales problématiques non pas de l'Ukraine, mais du monde. Ouais, on critique, mais on se rend compte qu'on est pas tellement mieux. L'intolérance, voilà le pire fléau social sur la terre. Refuser d'accepter les différences, c'est aussi canadien que russe... Pointer du doigt une "race", une culture, un mode de vie. Diviser le monde afin que les bleus restent ensemble, les rouges restent ensemble, il faut éviter les mélanges de couleur... Diviser, c'est refuser de d'accepter l'évidence qu'un être humain est un être humain.

Soit, sur le plan du féminisme et de l'homophobie, on est relativement avancés mais oooh pas parfait. Racisme?! La vraie plaie collective chez nous en ce moment, ce sont les "Arabes". Ooh on a raison qu'on dit, je n'ai rien contre MAIS. Pensez à cet homme tout à fait honnête qui a dû changer le nom de son restaurant appelé "Kaboul" parce que de frileux Québécois s'étaient mis à avoir peur de lui (...! ouais p-e d'un attentat terroriste! Ce serait bien logique, dans un resto afghan à Québec!!! Sait-on jamais! À la télé ils ont dit que blablabla....... ) Que dire aussi de l'interminable débat sur les accommodements raisonnables où on les a pointés du doigt sans ménagement, alors que l'écrasante majorité d'entre eux vivent tout à fait honnêtement en se pliant aux lois québécoises?

La conclusion du débat avait été aussi nébuleuse que celles du débat enclenché dernièrement en France sur l'identité: il semble que personne ne sache vraiment décrire sa propre culture, mais oooh ce qu'on peut y tenir. Notre hiiiistoire... eh bien l'histoire ne disparaîtra pas sous prétexte qu'on est trop tolérants. Il semble aussi que ce soit trop demandé d'à la fois préserver sa culture et accepter celle des autres... et c'est universel. Certains sont plus directs que d'autres, mais tout ça revient au même. En Allemagne, ce sont les Turcs (tête de turcs, mauvais jeu de mot?!) le problème. En Turquie, ce sont les Kurdes. Chez les Kurdes (le Kurdistan n'étant pas un pays), j'imagine que de lutter pour exister doit être le principal objectif! Au Canada, les musulmans (parce qu'on ne saurait les différencier, sont toooous pareils!). Aux États-Unis, on se plait encore à accuser les Noirs des pires sévices et les séries américaines en ont aussi long à dire sur les Arabes-qui-font-tous-partie-d'Al-Qaida. En Russie et en Ukraine, l'homosexualité est un crime (eh! ho! On parle de racisme ou bien quoi? Beeen on parle d'intolérance, et dans ce cas, tout le monde est d'une certaine façon une minorité qu'une majorité de qqch n'aime pas!)

Elle est où la fin de ces enfantillages moi-mon-père-est-plusse-fort-que-le-tien?
Elle est où l'issue de ces cercles vicieux de violence où les médias jouent un éclatant rôle de propagande? (Bébé, joue pas avec ton bébé-voisin mexicain, tu pourrais avoir la grippe porcine!!)

La vérité (la mienne du moins), c'est que des trous-duc, il y en a partout. Ça aussi c'est universel, et ça a pas rapport avec la culture. Le trou-de-cultisme est un mal généralisé et génétique. :)

Les gens qui veulent en apprendre davantage sur le pays d'accueil, il y en a aussi partout. On est juste plus ou moins tolérant selon la nationalité! Ouioui! En Allemagne, je suis moi-même une exilée et je parle un allemand de merde, mais voyez-vous je n'ai aucun problème à me faire accepter! Je suis Canadienne, on me permet de parler un allemand cheapette, c'est pas ma langue, je suis dont bonne de prendre des cours!!! Savez-vous combien de gens vivent ici sans jamais parler un traître mot d'allemand?? Allez à Munich et la rapidité avec laquelle ils constatent votre incapacité linguistique et qu'ils changent pour l'anglais est tout à fait fascinante! Mais les Turcs ooouuh ils apprennentpasilssontpasfinspantoute.

Ça vient me conforter dans le bien-fondé de ma décision de carrière d'enseigner le français à des immigrants, pour les suivre et les aider dans leur processus d'intégration tout en valorisant la richesse de leurs origines. C'est tellement inspirant d'avoir l'impression de se rapprocher du but de ce que je veux vraiment faire et surtout de constater que là, je serai vraiment utile! Ça fait du bien de savoir ce qui m'attend de l'autre côté, pour mon retour dans 4 mois. D'ici là, je peux dormir tranquille et profiter du printemps qui se pointe déjà le bout du nez...



mardi 16 février 2010

Hymne a la tolerance



Je crois que mon histoire d'amour avec la campagne allemande est trop ancree en moi pour que je puisse l'eviter. J'aime la campagne et la campagne m'aime. Meme lors d'evenements grandioses comme le carnaval, je m'y retrouve un peu par la force des choses et que voulez-vous, je m'y plais. J'aime le rythme tranquille des jours qui s'eternisent, l'absence de stress et la bouffe maison. Vous avez plus haut des photos de Windeck, joli village a une quarantaine de minutes de Cologne, ou la tres gentille famille de Christian, dit l'Allemand, m'a accueillie pendant 4 jours.


Outre Windeck, evidemment, le Carnaval etait un passage oblige pour l'apprenti allemande que je suis. Admirez ce costume de poule qui, ma foi, me sied parfaitement. J'avais deux costumes : le poulet pour dehors, et l'autre, un deguisement sans nom au chapeau burlesque que vous avez peut-etre vu, oh communaute facebookoise de mon coeur! Ainsi, resume rapide: je me suis retrouvee dans un party de hambourgeois (a ne pas confondre avec le nom de ce met hautement gastronomique qu'on retrouve dans le nec plus ultra des Mcdo), ou j'ai parle allemand toute la soiree (...!) et ou j'ai termine la soiree en cuillere entre deux Koelsch (Colognois? -ais?) Immersion totale!



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Kiev.

Premiere impression: l'aeroport. Chaotique. Digne des plus desorganisees villes sud-americaines. Personne ne parle anglais, francais, espagnol, allemand, que sais-je.... Russe et ukrainien, that's it that's all, debrouille-toi mon champion. Pas comme si l'ukrainien etait la langue seconde la plus repandue dans le monde... passons. Je trouve mon chemin tant bien que mal (heureusement que je n'ai pas oublie comment lire le cyrillique parce que je pense que je chercherais encore... aucune traduction en anglais ou ce qui s'apparente!!) et le chauffeur d'autobus, sans aucune raison, a refuse mon argent pour payer mon passage. Oh oui! Tous les Ukrainiens payaient, mais pas moi! (je n'ai tjrs pas compris l'affaire) Je venais d'etre initiee a l'hospitalite ukrainienne sans le savoir.

Le soir, ma vie sociale a encore ete sauvee par couchsurfing! Le monsieur qui m'heberge s'occupe d'un club de conversation ou les gens de Kiev se rendent afin de pratiquer une langue seconde: russe, ukrainien, francais, anglais, allemand... Ainsi donc, j'ai eu ma foi le plaisir de rencontrer tous pleins de gens de partout, supers ouverts sur le monde (et moi et mon idee que les ukrainiens etaient racistes comme les russes...!) avec qui j'ai pu pratiquer mon allemand et ou j'ai pu me rafraichir la memoire en russe et apprendre quelques phrases en ukrainien.

J'ai eu en prime la chance de rencontrer Lilia, une etudiante en histoire ici qui parle mieux anglais que les anglais eux-memes, et qui a entrepris de me faire ajd une visite tres serieuse de sa magnifique ville. A la fin de cette excursion de 6h (7h avec la pause diner), j'etais detrempee, mais elle m'a assuree que je connaissais mieux Kiev que beaucoup d'Ukrainiens. J'ai ete initiee a la bouffe, a la langue, a l'histoire de l'Ukraine et tout ca en une journee! Je n'aurai jamais eu de guide plus efficace! J'ai pu poser toutes les questions qui me tenaillaient concernant les rapports avec la Russie, les differences culturelles entre les deux pays (vous sauriez dire, vous?), les recentes elections...

Les gens donc sont adorables et curieux, la bouffe est relativement bonne, je me sens tout a fait en securite (j'ai un collegue a Miltenberg qui avait peur que je me fasse vendre ou je ne sais quoi). Seul element dont il faut se mefier: la police. Un: ils parlent pas du tout anglais, et ils semblent aimer tirer avantage de ca. Deux: la petite criminalite est assez faible a Kiev... en dehors de celle commise par la police. Voyez le genre...

Voila c'etait le blogojournal de ce soir!


mardi 9 février 2010

Réflexions sur le bonheur, la vie, la mort, l'éternité de chacun de nos gestes






Tout le monde veut aller à Londres.

Les petits, les grands, les écoliers, les hommes d'affaire, on veut visiter, on veut y vivre, on veut goûter au rythme effréné de la marche vers le boulot, la congestion de voitures aux intersections, la congestion de gens à la sortie du métro, on veut aller au pub dès 18h et se farcir la gueule de bière jusqu'à minuit, dormir, et recommencer. Le touriste étranger adore les magnifiques musées, la diversité culturelle, la Tamise, le Tower Bridge, l'adorable Anglais qui vous dit "ooh you look lovel(éééé)" pour vous faire fondre d'admiration et vous faire jurer contre l'accent très "américain" qui vous a été enseigné dès l'âge de 11 ans. On aime les Starbucks, on aime les autobus rouges à deux étages, on aime l'excellente musique anglaise, on aime l'ambiance, on aime, on aime, on aime.

Londres est plus ou moins le pôle le plus magnétique de l'Europe. On y revient sans cesse et on se pâme devant Big Ben, tout le monde connaît quelqu'un à Londres et Londres connaît le monde.

C'est avec les yeux d'une fille "qui revient" que j'ai vécu cette escapade de 3 jours en terre anglaise. Observatrice fascinée, j'ai compris ce qui m'avait tant donné le mal du pays à mon arrivée il y a 3 ans. À ce moment-là encore, Paul veillait sur moi et mes pathétiques états d'âme, mettant de côté sa caractéristique impatience pour me faciliter la transition Loretteville-Métropole du monde. J'ai donc pris plaisir à photographier cette muse incroyable, à revisiter le Tate Modern, mon musée d'art moderne préféré dans le monde, et à socialiser au Pub à 18h. Heureusement pour nous, Stonehenge, Bristol (ville aux dimensions moins étourdissantes) et Stroud faisaient aussi partie du programme... me retrouver avec sa famille une autre fois, ça a fait du bien à mon coeur de Québécoise en exil.

Ironiquement, c'est en buvant tranquillement un thé et en discutant avec la maman de Paul dans un anglais bien meilleur qu'il y a 3 ans, que j'ai appris qu'un triste événement venait de survenir, quelque part en terre québécoise... Passé le bouleversement, je ne pus que réfléchir à la valeur de l'existence sous un autre oeil, le point de vue du disparu, cet homme qui faisait face aux épreuves avec tant de courage et de vie qu'on en était venus à le croire invinsible. Vous savez, la mort a ceci d'absurde qu'elle vous fait trouver des qualités à des gens qui en sont dépourvus, des amis à ceux qui n'en avaient rien à faire... mais dans ce cas-ci, la perte est vraiment immense d'un point de vue humain. Il mérite tous ces bons souvenirs qui nous reviennent en mémoire, tout le bien dont on va dire de lui encore pendant des années. Je vois encore ce sourire rayonnant qui illuminait notre maison le temps de ses trop courtes visites, son enthousiasme lorsqu'il nous racontait ses aventures tout à fait incroyables, son énergie contagieuse et ses projets complètement fous. J'entends encore sa voix grave et son accent fort, ses quelques impatiences qui nous faisaient sourire, ses multiples éclats de rire...

Je réfléchis ensuite à la carrière, à l'argent, à la réussite, au succès, et je trouve tout cela en ce moment complètement futile, parce que la vie, c'est pas dans l'avenir que ça se passe.
C'est maintenant.

Et puis je me dis que tout le monde aurait dû connaître un homme comme lui et le tenir tout près comme l'a fait mon papa, parce qu'ensuite, ce sont ses filles et sa femme qui ont aussi eu le bonheur de discuter avec lui, de partager un bon repas, d'aller dans les manèges à la Ronde, de faire du jet-boat, de la bicylette, de la moto en sa compagnie. L'enthousiasme, la curiosité et l'optimisme me semblent désormais les qualités incontournables pour réussir sa vie.

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À l'attention de mon papa:

Il m'avait écrit une fois lors de mon voyage en Amérique du Sud, lorsque je parlais sur mon blog de Geneviève, victime désespérée de la loi de Murphy. Je mets ici le message original parce qu'il est drôle, et parce que qui sait, peut-être servira-t-il à l'ensemble de l'humanité:

"Jai une solution à votre problème avec la loi de Murphy...il suffit d'employer la loi de Murphyves (tu en connait l'auteur son nom le désigne) grand créateur de théories vagues et absolues et moi malheureux je les essaie,
si la loi de Murphy fais que ce qui doit arriver de pire arrive, il suffit de penser autrement pour la déjouer cet loi
si le pire qui doit m'arriver est quil fasse beau.....
c'est idiot mais sa marche
ps...excuse l'orthaugraphe"

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Michel, on va essayer!! :)))

dimanche 31 janvier 2010

On the road

Merci pour les commentaires gentils du dernier post. Ça a fait du bien de vous lire.

Bien entendu, je revendique le droit d'être triste.
Je parle pour la semaine dernière. Un moment de tristesse comme celui-là m'amène à écrire davantage. Ces semaines de janvier que je qualifierais de "désert intellectuel", se réjouissent donc de ces soudaines illuminations, car elles sont infailliblement suivies de choix à faire.

Heimweh? Eh bien ce mal du pays m'a poussé à envisager pour la première fois concrètement les options qui s'offrent à moi, à 4 mois et demi de mon retour.
Hors de question de rester en Allemagne. Hors de question de rester en Europe.
Jonglé avec l'idée du Mexique... mais pas très longtemps.
Québec, surtout pas. Montréal... oui. J'ai envie d'aller voir là-bas si j'y suis, et surtout de revoir mon monde.
Puis, un petit tour sur internet m'a permis de dénicher ZE programme parfaitement adapté pour moi en enseignement du français, langue seconde. 15 crédits de 2e cycle, et voilà.
Restera l'inscription à faire, et trouver un job pour cet été.


..... eet là je mets la main sur ce "Into the wild" qui a dû m'être conseillé 354 fois par 354 personnes différentes (sûrement tous mes amis facebook) depuis sa sortie.
Eeeeet ensuite, je réfléchis à ce concept de liberté, mot qui mériterait au moins 6 pages complètes de dictionnaire pour être défini adéquatement... Les projets de retour, la vie qui revient, la routine... Vraiment? La liberté...? Le bonheur...?

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Le "bonheur". Un mot qui m'avait paru si abstrait là-bas, dans l'autre hémisphère. Me lever, manger, sortir, re-manger, admirer le coucher de soleil par-delà les collines désertiques, deux solitudes se rencontrent puis se laissent, puis deux autres, se laissent, puis deux autres... rien à perdre.

Pour les mauvaises langues qui croient que j'ai mis ce voyage sur un piédestal, je ne vous donne pas tort, au contraire. "Te cambia la cabeza", m'avait-on dit, et pour tout dire, ce voyage-là de presque 6 mois, je m'en remets encore. Ce qui me fait réfléchir dans le récit du jeune homme au Yukon qui mange des baies et s'empoisonne avec, ce n'est pas tant l'aventure... la vie en est juchée, d'aventures et de mésaventures dont on doit se sortir tout seul, en ville ou en Alaska. Ce sont plutôt les rencontres qu'il fait sur la route qui ont attiré mon attention. La totale ouverture à l'étranger, à un mode de vie inconnu, le goût du risque, d'apprendre.

Les gens que j'ai choisi d'aimer, au sens large, sont le ciment de ma vie. Évidemment ils m'inspirent, chacun à leur façon. Mais des rencontres particulièrement inspirantes, j'en ai fait là-bas plus que jamais. Certaines paroles me reviennent de vez en cuando, quand j'ai l'impression que je ne vais nulle part. Ces visages anonymes me ramènent, comme de petites boussoles qui indiquent toujours le bon chemin... Cette femme de mon âge en Bolivie qui m'avait raconté qu'elle avait eu son premier fils à 15 ans. Cet homme qui recevait sans relâche des inconnus dans sa maison, pour le simple plaisir de voyager sans quitter son nid... Cet autre qui vivait au bout du continent et qui rêvait de parcourir seul toute l'Amérique du sud avec sa vieille Renaud.

"Hay que seguir adelante", il faut continuer. Il me l'avait dit, le plus bel Argentin du monde qui, même dans ses moments les plus insupportables, a été l'être le plus inspirant.

Une rencontre absolument improbable. Une fille perdue dans une ville inconnue après une nuit passée dans un bus, un jeune homme qui décide de prendre un chemin différent vers la maison après une fête qui s'est étiré jusqu'aux petites heures... Il lui offre son aide, la fille a les yeux très bleus, comme il n'en voit jamais dans ce pays, et il décide de poursuivre son chemin avec elle. Par la suite, une partie d'elle-même refusera toujours de le quitter.
Un jour, il parlera d'elle à un barman avec qui il vient de sympathiser. Il lui dit: "Elle essaie tout, elle fait tout, elle est courageuse, et elle parcoure le monde... mais elle revient toujours."

Au fin fond de ses yeux parfaitement noirs, je reconnaissais en lui l'être à la fois le plus éloigné et le plus près de moi sur la planète.

Cette histoire aura finalement donné sa raison d'être à l'ensemble de mes voyages, y compris à ma présence ici en Allemagne. Chaque fois que je vis un moment de doute, donc de grande inspiration (ça a été le cas en Turquie cet été), c'est lui qui apparaît comme cette option que je refuse de considérer, comme une 2e maison, un deuxième Québec, à l'autre bout du monde.

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Pour ceux qui seraient tentés de me rabâcher les oreilles avec les typiques "retourne le vooooir", "c'est peut-être l'homme de ta viiiiiiie", "voyons lâche tout et vas-yyyyyyyy", je répondrai que : la vie n'est pas un film d'amour américain cheap. Qu'il ne suffit pas de crier au meurtre, de faire arrêter l'avion et d'en descendre en courant avant de se garrocher dans les bras de l'amour et de fonder une famille et avoir beaucoup d'enfants. Qui a dit que c'était l'Amour, mon âme soeur, ou ce genre de conneries tiré de la chick-lit? Présentement, c'est comme mon étoile polaire, inaccessible, mais qui est toujours là quand j'en ai besoin.

Y retourner? Il l'a dit: "elle revient toujours".

Alors quand? Moi je répondrai: "Sûrement trop tard."

lundi 25 janvier 2010

Couleur café

Quelque part dans un désert surréaliste, il y a 1 an et 3 mois, un homme et une jeune femme ne peuvent se résoudre à se quitter comme ça, alors qu'ils ont veillé l'un sur l'autre pendant plusieurs semaines. Promesse de se revoir, sanglot dans la voix. Les mots s'envolent comme toutes ces paroles de voyage qu'on oubliera, la vie leur étant bien indifférente, et on se lâche la main. Et on ne se retourne pas.

C'est fait.
Il était la raison qui justifiait ma présence ici, il était alors indispensable que je le revois, quelque part au fond des montagnes, là où l'hiver est magique, baigné de lumière, du bleu du ciel, d'air pur. Me remettre au végétarisme le temps de me refaire une santé, prendre un bain de soleil - on oublie parfois qu'il existe dans la grisaille de Miltenberg, derrière l'épais écran de nuages gris - et puis profiter de la présence de celui qui a été, et de loin, mon meilleur compagnon (inconnu) de route (au sens propre) jusqu'à présent.

Les heures passent. Les adieux font moins mal qu'autrefois.

Puis, rendez-vous manqué dans cette ville qui multiplie les promesses et qui ne les tient pas. Du temps, trop de temps pour jongler avec les possibles.

Quand on a un but, ce n'est jamais la finalité qui nous motive, mais bien le chemin que l'on emprunte pour l'atteindre. Cette fois encore, un but atteint...... et puis maintenant quoi? Amertume. Lourdeur de janvier qui s'écrase sur les épaules. Mal du pays.

Mes yeux se gorgent d'eau, voyageant du téléphone qui pourrait détourner mon attention, au Moleskine qui se remplit d'idées éparses. Les gares et les aéroports, bondés du matin au soir, sont les lieux les plus saturés en émotions, de la tristesse des adieux et de l'enthousiasme des départs. Chaque personne a sa raison d'être assis ici, dans ce café où les serveurs vous font des blagues en allemand qui, aujourd'hui, ne font pas rire: le mouvement, les affaires, l'argent, l'amour, l'amitié.
Téléphone silencieux. Le temps avance. Rendez-vous manqué qui, je le décide, sera le dernier. Cat Power chante sur un air de piano régulier et triste... et un café-cadeau Macchiato vient se poser devant moi, me rappelant que quelqu'un a remarqué cette fille seule essuyant ces larmes qui coulent sans retenue, son sac tout près d'elle. Il doit penser qu'elle attend un amour qui ne viendra pas.

Le serveur fait des blagues en allemand que je ne ris pas. Il ne comprendra jamais qu'à l'instant même, j'attendais plutôt un train Munich-Québec qui ne viendrait pas.