mercredi 15 août 2012

L'essentiel

Le titre me fait penser a une chanson de Ginette Reno. Vous allez comprendre, j'y arrive.

Le periple acheve et au moment d'ecrire ces lignes, j'ai deja fait ma derniere nuit de camping et je suis dans la grand'ville, a Pretoria, capitale administrative de l'Afrique du Sud et ville plus securitaire que "Joburg" ou je dois prendre mon avion de retour.

C'est le temps de la retrospective, de tout noter les souvenirs avant que le temps ne les efface. C'est le temps de raconter l'essentiel, ces raisons pour lesquelles on voyage dans le vrai monde et non pas seulement dans les livres. Ces details qui frappent et destabilisent, qui remettent tout en question, temporairement, trop temporairement, avant de revenir une fois pour toute dans le train-train montrealais.

C'est le temps de les ecrire ici, en esperant que cela vous donne l'envie de venir vivre vous-memes l'experience africaine.

Ce que l'Afrique est:

  • Culturellement riche et passionnante
Nous sommes de complets incultes sur les cultures africaines, et notre ignorance nous a irresistiblement nuit lors de notre sejour. Les nuances, les particularites des vetements et des maisons, les accents, les dialectes, tout cela nous a echappe, confondant tout pour une seule et unique identite, celle de l'Africain, celui qui parle une langue que l'on ne comprend pas et vivant dans une hutte en terre et en paille.

Pourtant, c'est dans la musique, langage universel, que nous avons pu saisir certains traits regionaux distinctifs. La musique entendue a la radio, ou les danses traditionnelles vues au hasard lors du periple ont su nous parler, nous ouvrir une infime fenetre sur la richesse culturelle africaine, cultures en voie d'extinction pour la plupart, avales qu'ils sont par le mode de vie occidental, beaucoup plus commode selon nos standards.

Ceci, meme en ecrivant pendant des heures, meme en etant specialiste de la question, meme en etant Tolstoi (non je suis loin d'avoir termine Guerre et Paix, tome 1), je n'arriverais pas a transmettre l'essence des traditions des tribus croisees sur la route.

  • Vaste
7500km plus tard, Pretty Dirty Bitch n'aura parcouru qu'un territoire infime du territoire africain.

Toutefois, on imaginait un territoire desertique etendu a l'ensemble de l'Afrique, un grand desert blanc, mais nous fumes surpris par la diversite des reliefs, des climats, de la faune, de la flore qui peuvent changer completement sur une distance de moins de 50 km!

Ce vaste territoire nous a rappele les infinies distances sur territoire canadien, car en Namibie la densite de population doit etre equivalente a celle du Quebec, sauf qu'eparpillee sur l'ensemble du territoire.

  • Contradictoire
Partout, c'est le meme paradoxe. Sur la route, on apercoit ces villages de maisons en terre et en paille sur plusieurs kilometres, puis a notre arrivee en ville, l'architecture est resolument occidentale. La difference campagne-ville est plus forte que partout ailleurs sur la planete il me semble.

Plus loin, on apercoit un lodge dont l'architecture est calquee sur celle des villages... aires ouvertes, structures en bois, toit en paille, artisanat local mais luxe infini, le faste et l'opulence, l'homme blanc y est roi et est pret a payer 300 euros la nuit pour dormir sous le toit de paille.

On y voit en plein desert des piscines creusees, des toilettes absolument impeccables.

Le touriste a apporte sa maison en Afrique, sa cuisine, son mode de vie, car il est pret a decouvrir le monde, mais pas a n'importe quel prix. Pas au prix de son confort, ca non.

  • Fondamentalement raciste
Le Blanc ordonne, le Noir obeit. Ce paradigme datant de l'epoque coloniale semble etre toujours tres actuel... dans le tourisme, par exemple. Nous sommes recus comme chez nous et les traits culturels africains acceptes sont ceux qui nous apportent un certain plaisir... la deco, par exemple.

Il existe toujours une division, des endroits frequentes par les Blancs, d'autres frequentes par les Noirs, les Blancs ont peur des Noirs, les Noirs se mefient des Blancs, les accusent de tous les maux.

En dehors du Botswana qui investit plus massivement en education qu'ailleurs (meme que l'Afrique du Sud), il semble que ce constat est la pour rester, car l'education devrait etre l'une des cles, selon moi, pour eliminer ces differences et ces incomprehensions mutuelles.



Ce que l'Afrique n'est pas:

  • Pressee
 La notion du temps est autre et il faut s'armer de patience....... parce..... que....... ils...... sont...... pas..... presses.

Il m'est meme venu a l'esprit a quelques reprises, devant l'air beat de certains employes lorsque je m'adressais a eux "Mais il est completement idiot ou quoi??"

Ca fait partie du deal. Ils sont pas presses. La barriere linguistique y est certainement pour quelque chose, l'absence de structure educative accessible n'aidant en rien. L"anglais est la 2e, la 3e langue de certaines personnes et il est parfois ardu de se faire comprendre.

Par contre, apres avoir echoue a me rappeler seulement du mot "bonjour" en setswana alors qu'on me lk'a enseigne genre 5 fois, je me suis mise a comprendre que ce n'etait pas une question d'intelligence!

Donc on prend notre mal en patience, on explique encore et encore, on se fait repondre quand ca leur adonne et on se rappelle qu'on est chanceux de pouvoir visiter leur pays, car le contraire ne serait pas possible!

L'experience des douanes.... est un souvenir penible qu'il vaut mieux eviter pour pas que je gache ma journee!

  • Une cure de rajeunissemment
 Le sable sur la peau, dans les cheveux, dans la soupe, dans les pates, dans l'eau, l'odeur du sable dans la douche, le sable sous les ongles, le sable dans les souliers, les pieds noirs de sable, l'eau qui coule brune quand on se lave les mains, le sable, le sable, ce partenaire de voyage inoubliable!

Le sable vous vieillit la peau en un clin d'oeil, le sable + le soleil et vous gagnez 20 ans d'age! Des mains noires en permanence, c'est le prix de faire du camping aussi longtemps et de faire la bouffe avec un bruleur qui carbure a l'essence!

Les douches quotidiennes sont tranquillement devenues facultatives, puis un luxe quand je me suis retrouvee seule! Pour ce qui est des vetements propres... eh bien mes jeans marchent tout seuls et sont tout pres de demander a avoir leur propre identite pour participer au prochain recensement. Ils vont prendre le chemin de la poubelle au retour, apres un longue vie de voyages de toutes sortes! (7 ans de loyaux services, ce n'est pas rien!!)

Hier, pour la premiere fois en 27 ans, pour feter la derniere nuit de camping d'une longue serie, je me suis pointee dans un centre de beaute pour recevoir mon premier facial a vie. Et j'ai pris le kit complet: facial super complet, exfoliation des mains et des pieds, traitement a la boue, massage et aromatherapie. Mon budget beaute d'un an y a passe, mais ca a valu la peine alors que j'en vois un seul me juger!

  • Silencieuse
J'ai parle du silence. Le silence des hommes. Mais le silence de la nature, lui, n'existe pas. Le vent dans les branches, les plaintes de l'hippopotame qui ressemblent etrangement a un rire de sorcieres et qui resonnent toute la nuit, le coq, pres des villes, qui se met a crier des qu'il pressent qu'un moment donne peut-etre ca va etre le matin, et les oiseaux qui suivent, qui nous font tout un concert, immanquablement, chaque matin, ou que nous soyons.

Le silence de la nature est bien souvent de mauvais augure, il precede l'attaque d'un predateur et les animaux s'en mefient. Rares sont ceux, chez les humains, qui supportent le silence complet tres longtemps. Il en est de meme chez les animaux.

Les bruits, les sons, ils sont faciles a oublier... particulierement ceux de la nature, qui se cachent si bien derriere l'activite humaine. Son silence est rare mais magnifique. C'est l'un des secrets les mieux gardes sur la Terre... il ne faut que savoir ecouter.

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Je reste avec 3 gars, de jeunes ingenieurs, dans un mignon appartement en banlieue de Pretoria. J'ai quelques projets pour les prochains jours, dont celui de faire du pate chinois pour mes hotes qui s'en regaleront j'en suis certaine, en grands carnivores qu'ils sont.

Je retourne Dirty Bitch demain et je peux vous dire que j'ai le coeur gros... Personne ne sait autant qu'Alex, Rafaella et moi-meme a quel point la Sonic de Chevrolet est une bonne voiture, endurante, stable et solide. Elle devra encore supporter mes frasques de conductrice debutante de transmission manuelle qui doivent certainement lui nuire, mais elle est capable d'en prendre, notre auto!

D'autres nouvelles dans quelques jours!

mercredi 8 août 2012

Wild Wild Africa



Apres une experience plus ou moins agreable aux douanes du Zimbabwe et la visite des chutes Victoria, Alex a finalement pris son vol de retour et j’ai repris la route en direction du Botswana. J’ai divise le parcours en troncon de conduite d’environ 300 a 400km par jour au maximum, histoire de ne pas passer tout mon temps sur la route et de me rendre a Pretoria dans les temps.

Premier arret a Nata, ville qui devrait etre qualifiee de village, et meme de “rue”, simplement, dont la principale attraction est un immense desert de sel.

Vous vous mourrez d'envie de savoir mon impression sur le desert de sel, non? Eh bien j’en ai pas la moindre idée, etant donne que je n’ai jamais reussi a trouver l’entree pour s’y rendre, la receptionniste du camping etant trop aidante et attentionnee pour la ligue (not).  J’ai senti la-bas un serieux mal du pays, et vraiment j’envisageais la suite a la limite comme mon arret de mort. L’equation est simple: douane du Zimbabwe qui te suce tout ton cash + 2 heures d’attente aux douanes du Botswana + amoureux qui part + desert de sel introuvable + receptionniste bête comme ses pieds + ATM tous vides =  mort assuree, c’est bien connu!

Le soir, j’ai appele mon couchsurfeur de Maun, l’arret suivant, pour organiser mon arrivee chez lui le lendemain. Et soudainement, juste d’entendre sa voix enjouee et confiante, ca m’a fait du bien, ca m'a calmee et j’ai repris confiance que je survivrais a l’aventure. J’etais donc au volant de Dirty Bitch le lendemain a 8h, petit the en main, toujours vetue de mon pyjama, prete a parcourir les 400km qui me separaient de Maun, ville dont le principal interet est son acces au delta de la riviere Okavango, un milieu humide extraordinaire a la faune extremement riche.

Les indications sont plus ou moins faciles a suivre en Afrique. Le trajet vers la maison de Robert (mon couchsurfeur) qu’il decrivait comme extremement facile, s’est avere etre un periple en soi, mais je suis finalement arrivee dans sa charmante petite maison. Le courant a immediatement passé entre nous et je m’y suis sentie instantanement comme chez moi. Son cote tres multiethnique (il est ne en Tanzanie, a grandi en Angleterre, puis est demenage au Botswana apres ses etudes pour y partir sa propre agence de voyage specialisee dans les safaris. Il parle anglais, mais egalement francais - tres bien -, italien et setswana, la langue locale) m'a plu immediatement, et c'etait comme si je me retrouvais dans la maison d'un ami de longue date. Le soir, mon hote m’a invite a voir le talent show du village qui a lieu a tous les 2 ans et nous avons passé la soiree au bar ou se tenait l'evenement. 

Maun y a definitivement gagne son titre de “drinking town with a safari problem”.

Le talent show

Ce spectacle auquel participait les gens du village ne me disait absolument rien au debut pour la simple raison que je ne connais personne ici. Mais plus la soiree avancait, et plus des numeros completement fous defilaient.

Nous avons eu droit a une performance absolument hilarante de ballet en tutu rose par les pilotes d’helicopteres et d’avion de la region, dont les visages serieux semblaient dire, devant le public en delire:  “ben qu’est-ce que vous avez a rire? On a tellement travaille fort!” Puis,  une parodie de The Sound of Music, ou les differents personnages du film s’etaient transformes en bavarois douteux et en sadomasochiste bedonnant au corsage debordant. (Un beau monsieur tout en chair et en pilosite campait le personnage, evidemment).

J’etais absolument morte de rire. La soiree qui a suivi a donne lieu a des discussions bien interessantes  et ma qualite d’etrangere a la ville m’a bien aidee a tisser des liens. J’ai appris une quantite de choses sur les lions, sur les villages botswanais, sur les effets de la crise economique dans la region, sur les mines de diamants, et sur j'ai pu faire une etude sociologique sur les comportements masculins/feminins dans les bars.

En effet, moi qui est habituée a veiller seule a ma propre securite lorsque je voyage (sans offense mon amour, mais je suis un peu plus epeurante que toi ;) ), j’ai realise au fil de la soiree que le nombre de mes “protecteurs”, qui semblaient toujours veiller au grain et repousser les indesirables qui m’entouraient, augmentait. Cela a donne lieu a certains malentendus et m’ont fait comprendre un cote plus obscur de la vie en Afrique, et meme au Botswana qui a la reputation d’etre tres securitaire pour les femmes.

Ce cote plus humain du voyage m’avait enormement manqué, et j’ai realise que c’est exactement ce genre de soiree que je recherche a chaque voyage, ce type de rencontres absolument inspirantes. J’ai passé de longues minutes a observer les gens interagir entre eux, a tenter de comprendre, parfois vainement, l’accent afrikaans de certaines personnes, a tenter de dechiffrer ces liens invisibles qui unissaient la communaute multiculturelle de Maun de facon si forte, et qui m’a pris sous son aile de facon quasi-instantanee. Nous avons cette fois ferme le pub a une heure decente (a 3h, et non pas a 11h comme a Swakopmund) et je me suis finalement couchee a l’heure ou normalement je me leve depuis un mois, au lever du soleil.

Aujourd'hui, c'est journee de repos, parce que demain, je pars possiblement en safari dans le delta (c'est encore a reserver). Cela ne durera que 24h, mais ce sera une excursion en canoe! (ben en genre de canoe africain). Il semblerait que le delta est la plus grande attraction du Botswana alors je me gate!






jeudi 2 août 2012

Chasseurs de tete


Lever du rideau.

Premier acte.

Un troupeau de zebres s'approche de l'etang. Ils sont une cinquantaine, divise en deux groupes. Un qui s'avance, et l'autre qui demeure a l'arriere. C'est le coucher du soleil et la fraicheur du soir enveloppe enfin la savane. Au loin, on voit d'etranges silhouettes se dessiner et il est encore difficile de savoir ce que les prochaines scenes nous reservent.

Apres avoir bu de l'eau et s'etre trempe les sabots dans l'etang, le troupeau de zebres s'ecarte et laisse passer le deuxieme. Il y a des bebes, a l'imposante criniere et aux grands yeux naifs. On voit enfin arriver les gnous.

Meme scenario. Ils laissent les animaux devant eux terminer avant de s'avancer.

Puis, le clou du spectacle. A l'horizon on voit de long cous effiles qui semblent venir vers nous. Des giraaaaaaafes.

La girafe est definitivement le plus cool animal de la planete.

Elle prend un temps fou a evaluer les environs de l'etang. On attend impatiemment le moment ou elle va enfin boire, mais on est vulnerables en buvant, quand on est une girafe!

Finalement, apres s'etre bien assuree qu'aucun animal n'etait dans les environs, elle ecarte laborieusement ses pattes de devant et penche son cou..... et Raf et moi on rit, on rit on meeeeurt de rire. On s'en etouffe presque a force de retenir nos eclats de rire, pcq cela jurerait tellement avec le silence environnant, et chasserait definitivement notre girafe.

Mais voir boire une girafe est imbattable. Enfin, voir un bebe girafe boire doit vraiment l'etre. Heureusement pour tout le monde, on n'a pas eu la chance de voir ca.

Sont passes a l'etang en notre presence: une hyene, des chacals, des gnous, des springboks, des gemsboks (des antilopes), des rhinos, des petites poules noires qui courent partout, et tatatatatta un gigantesque troupeau d'elephants. Ils devaient etre 50. Avec des bebes, des ados, des mamans, des papas. Ge-ni-al.

Nous n'avons plus notre pareil pour identifier les animaux que nous voyons. Alex veut desormais se faire appeler Rhino-Alex, et moi j'ai vraiment decide que la girafe etait mon animal prefere.

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Nous avons perdu une mousquetaire! En fait, definitivement cette fois. Nous l'avions deja perdu temporairement, pendant 2-3 jours en raison d'une insolation du a "Namibie-je-ne-boirai-pas-de-ton-eau" double d'une mauvaise grippe, mais cette fois, Raffaela, notre Autrichienne preferee, est retournee a Cape town puis passera les 2 prochains mois en Autriche.

Pretty dirty bitch a parcouru pres de 5000 km en sa presence, ce n'est pas rien!

Nous retiendrons plusieurs moments marquants partages avec elle. Par exemple:

  • Endurer les commentaires antisemites, sexistes, racistes, bref inappropries et discriminatoires de notre couchsurfer de Luderitz, dans le sud de la Namibie.
  • Admirer des peintures millenaires sur le roc dans la region du Spitzkoppe.
  • Secourir un 4x4 en detresse avec PDB qui s'en est tiree comme une championne.
  • Fermer un pub allemand a 22h un samedi soir, pcq le samedi est la journee la plus tranquille pour sortir en Namibie.
  • Faire du pouce sur 90km pour secourir PDB qui etait en detresse dans le milieu du desert.
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Groupe, pour les photos, il va falloir attendre la fin du voyage. Alex est la a cote a me regarder ecrire en tentant vainement de camoufler son impatience, et les ordinateurs avec connection internet sont vraiment difficiles a trouver. Le taux de penetration d'internet en Afrique que je connaissais deja me saute finalement en pleine face, et je peux passer une semaine sans voir l'ombre d'un ordinateur. On reste dans des campings et c'est un peu la rancon de la gloire de vivre une vie sauvage pendant 6 semaines.

On prend par contre beaucoup de photos et on a tres hate de vous montrer les bebes elephants.

Nous sommes rendus dans le nord du pays. Ici, c'est vraiment l'Afrique. Si on avait encore l'impression d'avoir ete dans des endroits marques par la colonisation, le nord de la Namibie est beaucoup plus traditionnelle avec ses villages de petites maisons en bois et en paille. Nous nous rendrons bientot aux chutes Victoria, et ce sera la fin du voyage pour Alex.

J'aurai ensuite 10 jours pour parcourir 2000km du nord du Botswana a Johannesburg, mon dernier arret.

Pretty Dirty Bitch tiendra le coup. En tout cas, j'espere.

samedi 21 juillet 2012

"Bande de chacals, vous allez mourir comme des chacals." - Entendu dans Asterix et Cleopatre



Quelques constats sur la Namibie

#1 Mon incompetence a conduire manuel sur la voie de gauche ne me causera visiblement pas de grands malheurs. L'etat des routes risque de me faire pas mal plus de problemes.

Bonne nouvelle: je peux conduire manuel. Mauvaise nouvelle: les quelques personnes nous ayant dit que les routes de la Namibie etaient super belles avaient visiblement tort... c'est archi faux depuis 1 an. La raison? LA compagnie qui etait chargee d'entretenir les routes a commence a manquer d'argent il y a un an, donc il lui etait difficile de renouveler son equipement. Au meme moment, une loi a passe qui a fait en sorte que ce n'est que de nouvelles machines d'entretien qui pouvaient servir.

Ainsi, la compagnie en question a du se debarrasser de ses vieilles machines qu'elle ne pouvait plus utiliser, et elle a depuis a peu pres 3 machines pour entretenir les routes de tout le pays.

La Namibie, c'est pas mal grand.

Les routes non-pavees sont legion, et ce genre de routes necessitent un entretien particulier, comme vous vous en doutez.

Resultat: PDB (notre voiture) a subi une crevaison, puis le reservoir a huile a ete perce. Pas de grands malheurs jusqu'a maintenant, les garagistes ont su trouver des solutions temporaires, mais on panique un peu quand on doit se taper des centaines de kms sur des routes non-pavees dont l'etat est totalement aleatoire.


#2 La ville offre definitivement quelques avantages sur le plan des loisirs et sur le plan pratique, et nos virees en ville sont souvent plus que necessaires. Mais la nature sauvage offre trois grands spectacles quotidiens qu'on a tendance, a tort, a bouder: le lever du soleil, le silence, et le coucher du soleil.

Par exemple, hier, nous avons conduit des heures sur une route absolument pitoyable. Cela faisait une heure qu'on devait avoir croise un camping pour y passer la nuit, le soleil se couchait (et il n'est pas recommande de conduire apres le coucher du soleil) et nous etions desesperes.

Un terrain plat pres de cette route peu frequentee, apres avoir passe un canyon magnifique, nous a promis une belle nuit sauvage. On s'est regardes, et on s'est dit "bah pourquoi pas?"

On a plante notre tente, on s'est prepare un petit lunch de harengs, et puis on leve les yeux au ciel...

Meme en Amerique du Sud, je n'avais jamais vu pareil ciel etoile. Aucune lumiere. Nous etions a des kilometres de la ville la plus proche. Seulement nous trois, le ciel, le silence.

Et puis... HHaaaaNNNHHANNNN. Pocpocpocpoc.

Au secours!! La panique!! Certains qu'un troupeau d'antilopes courait sur nous, on est alles se refugier dans la voiture.... et finalement rien. On relaxe, on va se coucher.

Le lendemain, en reprenant la route et en riant de l'episode de frayeur de la veille (peur de petits antilopes cutes, c'est pas glorieux), nous apercevons, tout pres de notre site de camping...... une centaine d'antilopes!! Eh ben! On avait raison!!

Honnetement, il y a des chacals dans la region, donc c'etait peut-etre pas la meilleure idee. Mais entre conduire la nuit en Namibie (avec PDB en plus), et peut-etre tomber sur un chacal, ben le mieux c'etait de camper et prendre le risque. Et quel ciel! Et quel silence! Et quels lever et coucher de soleil!!





#3 Les especes d'animaux les plus communes et les plus souvent apercues jusqu'a maintenant: les petits antilopes (springboks), les gros antilopes (geemboks), les chacals, les autruches.... et les Allemands.(bon c'est une blague)

La Namibie est une ancienne colonie allemande, et une destination tres prisee par les Boches. Partout, on parle allemand, afrikaans et anglais presque couramment. Les touristes non-europeens sont tres rares ici, et nous faisons clairement baisser la moyenne d'age, car en general ce sont de vieux couples de retraites tres fortunes qui viennent ici.

Je crois aussi que d'aucune facon on pourrait faire tout ceci a plus petit budget. Ils misent definitivement sur le tourisme de luxe et les gens ici sont tres habitues a faire monter les prix a leur avantage, il semblerait. Le cout de la vie est donc assez eleve, et encore plus dans les sites touristiques.




C'est tout pour aujourd'hui! Des photos viendront eventuellement!!



lundi 16 juillet 2012

Pretty dirty b**ch

Nouvelle partenaire de voyage, nouvelle destination, nous voila sur la route de la Namibie a bord de notre petite Chevrolet 2012 bleue electrique, automatique, conducteur a droite, conduite sur la voie de gauche, alouette! Nous lavons rudement mise a lepreuve dailleurs. Nous avons du constater notre premiere crevaison au bout de 48 heures seulement. :( Heureusement, nous etions au camping et quelquun est venu nous porter secours. Nous avons pris des notes sur la marche a suivre pour changer un pneu, en vue de la prochaine fois (pcq il y aura certainement une prochaine fois!)

En quelques jours seulement, nous avons parcouru pas loin de 1500km en incluant notre periple dun jour au Cap de Bonne Esperance. La region du Cap nous reserve toutes les saisons en une seule journee, et je voudrais que quelquun me rappelle que la prochaine fois que jai lintention daller me pointer au point le plus au sud dun continent en plein hiver, eh bien que je mequipe en tuque et mitaines egalement! Toutefois, ce fut absolument magnifique et nous avons vu la des paysages a couper le souffle...
Rafaella, une tres motivee Autrichienne a pris part au voyage et sera avec nous jusquau debut du mois daout. La compatibilite a tout de suite ete constatee avec plaisir. Elle fait du camping avec nous malgre un sac de couchage clairement pas efficace contre le froid, n a pas froid aux yeux, ne cede jamais a la panique et surtout, elle me parle allemand lors de nos looooongs trajets en voiture. Jai limpression que mon annee en terre allemande me revient tranquillement en memoire et c est une excellente nouvelle!!

Nous avons deja vu des animaux sauvages, ouioui!! Des gnous (je pense que c est ca), un genre de chien/renard/loup bizarre, des chevaux sauvages, des gazelles, et tatatatatatata........ des zeeeeebres!!!! Oui 5 zebres!!! On etait ben enarves!!

Bon, cest court mais intense!! Desolee! Les acces a internet sont plus rares que prevus!!  La prochaine fois je me force!

Et finalement, les photos!!!









jeudi 12 juillet 2012

Les rois du train

Le train arrive. Lequel? Il y en a qui vont vers le nord, vers le sud, ou peut-etre que c'est vers l'ouest ou vers l'est. Aucune indication. Aucun tableau qui nous dise ou on s'en va. Dans notre banlieue tout pres du "Eco village" (aucune idee du lien entre la situation de notre hostel et le "eco" du terme), les trains vers Cape town nous semblent aller vers des destinations aleatoires qui nous echappent completement.

Un controleur nous indique que ce train-LA va vers Cape town, vu notre tronche de touriste (savez-vous combien de Blancs il y avait a la gare ET dans le train? Deux. Nous.) On embarque. Ca grince. On se serre le derriere l'un contre l'autre. On se dit que cette chose va surement derailler d'un moment a l'autre.


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Mon homme connait deja Cape town pour y avoir passe 3 semaines avec un ancien crush, et il fait son joe connaissant depuis le debut. Toutefois, son experience de touriste est assez limitee. En effet, Monsieur ne sait pas comment se situer dans la ville, ni trouver les principaux lieux d'interet. Le taxi est de mise. Par contre, en ce qui concerne les principales regles de securite de l'Afrique du Sud, il est tres bien outille.

Regle #1: Ne jamais marcher dehors le soir, meme si tu as 100m a marcher. Tu prends un taxi.

Nous restons en banlieue, le eco village, comme je disais plus tot. La particularite de cet endroit est que les animaux de ferme y sont permis, en pleine ville. Ca veut dire que le matin, on se fait reveiller par des coqs. Le soir, de notre tente, on peut voir une quarantaine de chevaux rentrer au bercail apres avoir vaque a de vagues occupations dans la journee. Dans lhostel, il y a des chats, des chiens, un veritable petit zoo a la salubrite remise en doute mais au personnel tres sympa a l'accent incomprehensible.

En A du S, et particulierement a Pinelands, si tu as faim apres le coucher du soleil, tough shit. Ou commande une pizza en livraison. Tu mets pas un seul pied dehors a la noirceur, on te promet l'abus sexuel ou le vol a main armee. Donc pas beaucoup d'options pour nous. Si tu es au resto et que tu appelles un taxi, on vient t'escorter jusqu'au taxi pour s'assurer que tu te fait pas assailler dans les 2 metres qui separent la sortie du resto de la portiere du taxi. Ici, ca rigole pas.

Regle #2:  S'assurer que le taxi sache ou il s'en va, avant qu'il parte en peur avant de faire 50 fois le tour de la ville avant qu'on realise qu'il a aucune idee de sa destination.

Been there, done that.

Regle #3: Ne jamais prendre les transports en commun.

La question raciale est ma foi toujours presente ici. Un Blanc semble avoir beaucoup de difficulte a faire confiance a un Noir. Ici, c'est frappant: les Blancs sont les clients, et les Noirs sont les employes. Dans les restos du centre, la clientele est blanche avant tout, et TOUS les employes sont noirs. Les differences ethniques et raciales sont marquees, sont soulignees, sont omnipresentes.

Des bidonvilles entourent la ville. On ne parle pas de HLM. On parle de toits en tole, de rues en terre, de brebis dans les rues. (Bon apres le Eco Village, ce n'est pas choquant) Alex me disait que les gens vivant dans les townships n'ont pas d'identite aux yeux du gouvernement. Les recencements ne s"y rendent pas, ainsi le nombre d'habitants de l'Afrique du Sud est toujours un estime. Ces gens n'ont acces ni a un no d'assurance sociale, ni a une couverture de sante, ni a aucune forme d'education. Ils n'existent pas pour le gouvernement sud-africain. Ici, les riches ont tous les droits. Les pauvres, eux, ne sont rien.

Ne vous meprenez pas. A l'epoque de l'apartheid, un Noir prof d'universite pouvait se faire cracher dessus par un concierge blanc. Maintenant, la discrimination est strictement economique, mais on constate que l'heritage historique a laisse clairement un certain groupe au pouvoir, groupe minoritaire en nombre, mais possedant clairement les moyens financiers. Ils roulent en Mercedes, en BMW. Ils ont de superbes condos dans le centre de la ville, en bordure de mer, sur le flanc de la Table Mountain, pres du stade de la Coupe du monde. Ils quittent leur maison par le garage super securise, traverse la porte de la cloture surmontee de barbeles, se rendent ainsi a leur destination en toute securite et ne mettent jamais le pied dehors.

C'est cette classe sociale qu'Alex a connu lors de son dernier passage a CT.

Cape town est une ville magnifique, qui vit au pouls du lever et du coucher du soleil et qui condamne tout etranger a se faire crosser par tous les chauffeurs de taxi a perpetuite a la nuit tombee.

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Aucun tableau qui indique le quai du train pour Pinelands, dis-je.

Valse hesitation quant a la possibilite de demander notre chemin a quelqu'un parce que tout le monde le sait, ce sont tous de dangereux criminels qui prennent le train.

"Oui mais mon amour, sinon ca se peut qu'on se rende jamais."

Alors voila, on demande. On pile sur notre racisme d'occasion.

Premiere chose qu'on sait, c'est qu'on commence une belle conversation avec un monsieur a propos de notre voyage en Namibie, il nous donne des conseils sur les routes, sur notre itineraire, resouds certains problemes qu'Internet n'avait pu resoudre, et puis 2 personnes se joignent a la conversation, et cela en s'assurant que nous descendrons bien a Pinelands au moment venu.

On s'est trouve stupides de douter autant, d'embarquer dans cette mefiance plus ou moins fondee. Ca a ete liberateur de faire confiance.

A notre arrivee a Cape town, on se serrait les fesses l'un contre l'autre en evitant d'attirer trop l'attention. A notre depart, on s'est senti comme les rois du train.

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A venir: samedi, depart vers la Namibie!! Beaucoup, beaucoup de kilometrage a venir.



dimanche 1 juillet 2012

Aux dernières nouvelles...


... j'étais revenue d'Allemagne, j'étais un peu toute déboussolée, j'étais cassée, bref toute une galère pour débarquer finalement dans mon collège de tites filles que j'ai adopté, jupettes à carreaux incluses dans le package deal

Ça fait 2 ans, et là ça a repris. Les fourmis dans les jambes et une folle envie d'aller voir ailleurs si j'y suis. Si ON y est, parce qu'un nouveau joueur, Alex, m'accompagne cette fois dans l'aventure.

Dans une semaine, jour pour jour, ce sera le départ pour l'Afwik pour une durée de 6 semaines. Oui, il y a des avantages certains à être prof et à profiter d'éternelles vacances!

Question de vous mettre l'eau à la bouche les enfants, voici un peu l'itinéraire: 


Nous partirons de Cape Town, et nous y louerons une voiture pour traverser la Namibie et le Botswana. 

Les arrêts en Namibie: le Fish canyon, le désert du Namib, les petites villes côtières de la Skeleton Coast (et ça a l'air qu'on y parle allemand et c'est une excellente nouvelle), le parc Etosha (où on espère VRAIMENT voir des girafes pi des tizanimos), Windhoek (la capitale) et les chutes Victoria (du côté du Zimbabwe. À partir de là, je vais partir à la recherche d'un billet de banque de Zimbabwe, car l'inflation a semble-t-il tellement dévalué la monnaie que le billet peut à peine contenir tous les zéros de la devise.  Ça deviendra un outil pédagogique pour parler des conséquences de l'inflation!)

Alex repart au Québec à partir de Livingstone au Zambie, et moi je file au Botswana. J'ignore encore mon itinéraire, mais tout ce que je sais, c'est que je ne sais pas comment conduire manuel, et que je vais devoir non seulement m'y risquer, mais en plus conduire à gauche, et me rendre à Pretoria (Afrique du Sud) pour reporter notre engin avant de reprendre l'avion.

L'objectif est de revenir saine et sauve pour la rentrée scolaire le 22 août.

Bon, s'il vous venait l'envie de me dire que je suis chanceuse pi que les profs on a des vacances et tout le flafla, je vous répondrai que je ne chômerai pas sur place, ooooh que non. Je serai en mission pédagogique pour mon cours de géographie culturelle, et je m'amuserai follement à récolter tout objet et/ou information susceptible d'alimenter mon chapitre sur l'Afwik. Un prof n'est certes jamais en congé vraiment!

Ainsi, dès le 10 juillet (il faut se donner le temps d'arriver), nous commencerons à alimenter le récipient à nouvelles que vous êtes en train de lire, peut-être avec un peu d'ennui pour le moment (oui, je n'ai rien à dire quand je suis au Québec, la routine), mais j'espère bien avec un certain intérêt plus tard.

N'hésitez pas à nous donner des nouvelles d'ailleurs, parce que toute seule dans ma petite voiture dans la savane, je risque de me sentir bien seule à certains moments!

P.S.: Un petit mot sur l'accompagnement musical: le groupe Die Antwoord est un groupe sud-africain qui s'exprime, disons, dans un langage cru. Alex décrit cela comme du "ninja rap" et on voit qu'en Afrique du Sud, ils n'ont pas peur du mélange des cultures!
Fidèle à mon habitude, je voulais mettre une musique appropriée à la destination, elle l'est, mais ne vous offusquez pas des paroles qui le sont un peu moins!