samedi 31 octobre 2009

"I don't wear glasses, I empty them"

* Irish traditionnal music


Frankfort
. J'ai declare une alerte couchsurfing nationale pour me trouver une ame charitable prete a m'entertainer lors de cette soiree ou je prevois dormir plus ou moins 1h. On repond a l'appel. Mon bon samaritain est un drole de moineau vegetalien qui me fait arpenter la ville en velo en pleine nuit dans le quartier des putes, m'initie au street art, qui consiste a rendre des enfants heureux en deposant, partout dans la ville, des pieces de 1 cent a des endroits strategiques, me sert de l'eau au litchi biologique et qui insiste pour me raconter l'histoire du petit Chaperon rouge en introduction au mince 45 min de sommeil qui m'attend ce soir-la.

Frankfort Hahn, 5h du matin. Je fais la file a l'aeroport dans la ligne Ryanair, destination Dublin. Je suis la troisieme et derniere a y deposer ma valise. Etrangement, je ne suis pas seule a l'aeroport: c'est bonde, vraiment, mais tout le monde attend pour les Iles Canaries, pour Barcelone, pour Venise, pour Londres... et pour Dublin, ouioui, nous sommes trois. Je me demande alors si c'etait une bonne idee de prendre un vol pour l'Irlande en novembre. Mes doutes se font plus serieux a l'atterissage, alors qu'on traverse trois etages de nuages noirs... je me dis: ouais, j'aurais peut-etre du rester couchee ce matin. Je m'attends a voir du gris, du vert, de la pluie, des nuages, j'en frisonne deja.

C'est normalement dans des conditions extremes comme cela que je suis benie des dieux. Benie des dieux une fois: mon hote m'accueille a l'aeroport avec une panoplie d'idees d'activites exactement dans mes branches. Benie des dieux deux fois: excursions en montagnes, campagne irlandaise, pubs tres typiques et musique traditionnelle, initiation a la biere locale (et maintenant, en tant que bavaroise, je suis une connaisseure - qui l'eut cru?). Benie des dieux trois fois: belle journee de soleil pour notre excursion d'une longue journee qui nous a reduit en puree, le bebe Berger allemand et moi-meme.

L'Irlande en novembre... c'est quoi, finalement? Ce sont des Anglos simples et vrais, enfin amicaux et bien eleves (et dieu sait que je suis raciste de tous les Anglos de la planete) qui ont a coeur de vous integrer, de vous faire mourir de rire et de rendre votre sejour inoubliable. C'est aussi manger la meilleure Chowder au monde, un peu plus et vous en verseriez une larme, Chowder et gateau au chocolat, tel est devenue mon mot d'ordre en terre irlandaise. C'est decouvrir les mysteres des peuples neolithiques en parcourant sous la pluie des sites archeologiques deserts, puis completer la journee en contemplant la mer dechainee... C'est se sentir un peu chez soi au milieu de l'Atlantique, c'est sentir que nous avons des racines communes... ou peut-etre finalement vouloir etre comme eux. C'est celebrer le nouvel an celtique en ce lendemain de l'Halloween, fete d'ailleurs GI-GA ici ou tout le monde semble devenir completement fou. C'est finalement tenter de vous offrir les meilleurs cliches, d'une part parce que je m'entraine toujours avec ma camera-rose-nanane-aux-cristaux-Swarowski a devenir photographe pour la revue GEO, mais d'autre part pour vous donner le gout de bouder les destinations-soleil au profit de ce pays simplement magnifique, meme sous la pluie, meme dans la sombre lumiere filtree par les nuages, meme emportes par le vent qui se leve a tout moment du jour, sans avertir.
















Ne pas oublier de voir le petit video qui vous donne une idee des vrais pubs irlandais, imites partout dans le monde, mais jamais egales!


dimanche 25 octobre 2009

De la distance

* Ich bereue nichts, Silbermond


La première fois, c'était dans un hostel au Portugal, j'avais 20 ans. Il m'avait dit: "Ah tu es Québécoise! Ça veut donc dire que tu ne parles ni français, ni anglais correctement." J'aurais dû me méfier. Un peu naïve et pas très rancunière, j'ai passé les 4 derniers jours de son court séjour avec lui.

Puis, 6 mois plus tard, Londres, Stroud, la campagne anglaise et Noël en famille. La Belgique, le nord de la France, le nouvel an à Bruxelles. Découverte importante: sous cet accent charmant se cachent parfois des personnages grossiers, mais finalement attachants.

L'hiver à Paris.

La dernière fois que l'on s'est vu, c'était dans une ruelle de Marrakesh, après avoir passé 10 jours à traverser le pays du nord au sud. Nuit glaciale dans le désert, dromadaires, tajines, marchés d'épices, thé vert à la menthe et hammam traumatisant. Ruelle ensablée. Je monte dans le taxi après l'avoir serré longuement dans mes bras. Ce n'est qu'un au revoir.

Puis, l'eau a coulé sous les ponts. Ce que vous savez déjà, dans mon cas. De son côté, deux voyages en Amérique du sud, et l'Asie, et a vécu plusieurs mois en Afrique, au Portugal...

Deux ans et demi plus tard est apparu devant moi, à la gare de Miltenberg, un Paul transformé, même sourire fixe, dents blanches parfaites et chandail Armani, mais il a changé, mon ami-pour-la-vie. Il parle espagnol (et qu'il parle une autre langue, même imparfaitement, tient déjà du miracle. Il y a certainement une dame là-dessous!) Il dit aussi avoir vaincu ses deux faiblesses: les femmes et la bière. Il ne veut plus bouger, son rêve est de s'installer à Londres., d'y trouver un emploi, d'y faire sa vie... Il se sent MÊME prêt à s'engager auprès d'une femme. Il a 28 ans.
Malgré ma présence en pays étranger, je me sens un peu comme lui... Ah! l'âge adulte...! Ah! l'amitié...! Ah le plaisir de la platitude... ensemble! L'épreuve de la distance, quelle foutaise! C'est pour les gens fragiles... Longs après-midi à rattraper le temps perdu, à réexplorer le nouveau décor de cette nouvelle rencontre, du blabla...blabla, des avant-midi qu'on étire devant la télé munis de notre bol de céréales, on ne comprend rien et on s'en fout, ensemble, Miltenberg, tasse de thé, il est ici, chez moi, il y a sa place, j'espère qu'il reviendra.

Il reviendra.

jeudi 22 octobre 2009

Résolution

* 20 000 Meilen über der Meer, Xavier Naidoo


Aujourd'hui, je me sens particulièrement motivée. Je vous prends à témoin d'une résolution importante que je pourrais facilement tenir 2 minutes seulement, si ce n'était de ma persévérance extraordinaire et du fait que voyons! je n'ai pas peur du ridicule! (allez demander à Ge Duf qui a dû endurer mes crises d'angoisse d'incompétence en espagnol lors de notre voyage au Chili.)

J'ai pris la décision de ne parler qu'allemand avec mes collègues et dans la vie de tous les jours. Pour ce qui est de la vie de tous les jours, ça va. J'ai pris l'habitude d'avoir l'air d'une imbécile complète mais motivée au yeux de tout le monde, ce qui est déjà un pas dans la bonne direction. Je prends même un malin plaisir à gesticuler et à les faire rire, en plus de devenir de plus en plus célèbre chaque jour. Anecdote: des élèves de 13e (19-20 ans) m'avaient invitée au restaurant avec elles pour qu'elles puissent pratiquer leur français en ma compagnie (le fait que je ne parle pas allemand est une bonne chose pour mes élèves qui se forcent vraiment, peu importe le niveau). Ça attirait beaucoup l'attention des autres clients... Quand j'ai commandé, la serveuse s'est amusée à me faire répéter 4 fois le plat que j'allais prendre (ainsi que tous les accompagnements) et corrigeait sans gêne mes petites erreurs de diction! ;)

Bon, je suis encore au stade d'avoir du mal à dire au monsieur du bureau de poste que je veux une enveloppe et des timbres... mais je me dis que ça va venir. Pour ce qui est du travail, c'est un peu plus inquiétant, parce que j'ai pris l'habitude de parler français avec mes collègues... j'ai le syndrôme de l'anglo qui dit "trop facile, tout le monde parle anglais, j'ai pas à me forcer."

Voici les clauses de ma résolution:

- Je parle allemand en dehors des salles de cours, avec tout le monde, sauf avec les jeunes (avec eux, ça reste en français, c'est trop formateur pour eux de penser que je ne parle pas un mot d'allemand et que je ne comprends rien).
Amendement: Quand je vais prendre un café avec une de mes collègues qui est en train de devenir mon amie, parce qu'on est rendu au stade de se conter nos vies, alors le français est peut-être plus approprié pour éviter qu'elle se tire une balle dans la tête. Mais au travail, allemand.

- J'ai en permanence un petit carnet de notes avec moi pour noter les mots que j'entends et que je ne connais pas.

- J'écoute la télé en allemand.
Amendement: j'ai droit aux émissions en anglais JUSTE quand il y a des sous-titres allemands, et je m'engage à rendre le tout pédagogique en faisant de la traduction active. (le Chappelle's show et Hogan knows best sont les plus pédagogiques des shows télévisés, vous le savez)

- Je ne me décourage pas chaque fois que je fais une phrase longue (phrase principale et subordonnée) et que ça se met à être tout mélangé dans ma tête. Je dis ce que j'ai à dire, la grammaire sera pour plus tard.

- Quand je chatte avec des amis allemands, je chatte en allemand et non plus en anglais.

- Je lis à voix haute, même sans comprendre, deux pages par soir des Reader's digest allemand qui datent de 1971 que j'ai dans mon appart. Diction oblige.

- Facebook, hotmail, la page d'accueil de mon blog, tout ça c'est en allemand.

Bon ça fait assez, vous pensez pas? Et bien sûr, ne vous inquiétez pas, le blog reste en français... :) (hé hoo! J'ai du mal à faire une phrase verbe modal-sujet-complément-verbe infinitif suivi de sujet -complément-verbe infinitif-verbe modal, alors imaginez!!!)

Pour ce qui est des autres résolutions que je voulais prendre (manger plus de fruits et recommencer à faire mon jogging au frette) ça pourra attendre. Je me contente d'une longue marche par jour de beau temps et de la quantité extraordinaire de légumes dont je m'empiffre.

On va voir combien de temps ça a duré tout ça! L'idéal, comme pour chaque résolution, c'est de prendre l'habitude!

samedi 17 octobre 2009

Petits plaisirs coupables d'une aspirante ménagère

Malheur à celui qui n'a pas connu le silence! Le silence est un peu de ciel qui descend vers l'homme. - Psichari

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Un grand manteau glacé a recouvert toute la Bavière. Octobre.

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Mon foyer fut l'hôte d'une grande découverte: la télévision. J'avais en effet oublié que cette chose, que je trouvai longtemps bien inutile, existait.
Il m'a d'abord fallu une semaine de tâtonnement pour réussir à l'allumer. Puis, la lumière fut. Et la boîte parla. Et j'écoutai. Quel bonheur! Un cours d'allemand personnalisé! MTV est mon premier choix, étant donné que c'est bien souvent en anglais, sous-titré en allemand. J'apprends donc du beau vocabulaire utile avec, par exemple, le Chappelle's Show (qui est de loin mon beau programme préféré) comme : verdammt (que le dico en-ligne Leo traduit notamment par le très répandu "Scrogneugneu!" Vrai de vrai.), der Kumpel (un pote) et Mist! (merde!).
Sinon, ici aussi, il y a la tradition des comiques du dimanche matin! Je suis donc désormais fan de Timon&Pumbaa! Je retombe en enfance... parce que c'est aussi plus facile à comprendre. :)

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Est-ce que quelqu'un va leur dire, aux Boches, que ça pue le porc en sauce? Vais-je devoir me sacrifier?

N.D.L.R.: Concernant l'appellation "Boches" - je suis encore prof d'histoire tout de même et ça m'intriguait - qui fut ma foi une insulte suprême durant la deuxième guerre mondiale (et que moi j'utilise contre toute attente avec une pointe d'affection, étant Québécoise et née bien après cette époque): c'est donc apparu au 19e siècle, et on disait à l'origine Alboche. Al- pour Allemand, bien sûr, tandis que "boche" vient d'une expression courante de l'époque "tête de boche" donc "tête dure", parce qu'une boche désignait en fait une boule de bois. Voilà!

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Tranche de vie
J'étais allée acheter des bottes dans un magasin random totalement désert où la vendeuse était déjà trop dans le jus à scotcher quelque chose pour daigner s'occuper de moi, et puis tout-à-coup, tout Miltenberg a semblé vouloir des bottes au même moment. OOoh que c'était drôle de voir notre vendeuse complètement débordée, toute mélangée et qui m'apporte des bottes toutes dépareillées avec les mauvaises pointures!! Ooooh que ça va aller dans mes arguments "contre" l'ordre et la discipline allemande! OOh ce qu'on peut se marrer dans un magasin aussi triste qu'un magasin de chaussures!

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Avez-vous déjà vu une envolée de cygnes?
Moi oui.
Et c'est magnifique.

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Ici, ils sont tellement près de la nature que, dans les pharmacies, ils te refilent du sirop naturel au thym inefficace à 7 euros quand tu viens leur dire que tu te tousses les bronches. J'aurais voulu du chimique pour une fois. Montée de lait.

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Je suis allée tâter le terrain, un samedi soir, de la vie nocturne à Miltenberg.
Niet.
Personne dans les rue. Quelques restaurants et pubs semblent bien attirer quelques individus près de la retraite... ils sont où les jeunes? La meilleure ambiance, je l'ai trouvée venant d'une voiture stationnée près de la gare: le repère punk du coin. (Bon retenez-vous de rire svp.) Tous ces jeunes qui ne voient apparemment aucun intérêt à sortir dans les bars (inexistants!), ils décident donc de se réunir à cet endroit très trendy qu'est la gare de Miltenberg, et c'est un peu tristounet, non? Pour ma part, c'est déjà décidé que je descendrai à Nuremberg avec une de mes collègues lorsque je me sentirais d'humeur festive... là-bas, toute une clique d'assistantes attendent déjà d'accomplir leur mission humanitaire qui est de me sauver de l'ennui.

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J'ai trouvé mon activité physique du dimanche après-midi: vous savez que je suis très croyante, donc je me rends au cloître Endelberg et je monte toutes les 350 000 marches comme une vraie pèlerine puis, ô ce que ça peut être bien fait, je me régale d'une bonne bière brune faite par les moines avant de redescendre les 350 000 marches en titubant.

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Je me réjouis de l'absence d'action dans ma vie en ce moment. D'accord, ça fait des posts moins intéressants, mais sachez, chers lecteurs, qu'on ne peut pas mener une vie aussi instable que ma vie des trois derniers mois ad vitam etaernam. Je souffle un peu avant de recommencer la "danse des mecs et des aéroports" dans une semaine. Merci bonsoir.

dimanche 11 octobre 2009

S'y perdre

Une page est tournée.

Dramatique, n'est-ce pas? Drastique. Pourquoi pas, j'ai toujours aimé les sorties triomphantes. Revenir à Munich pour aller chercher le reste de ma vie sur deux roulettes, et prendre part du même coup au party d'adieu de la belle Valoche-apprenti-catalane, ça donnait le ton, vous trouvez pas?

Le reste de ma vie, c'est cette lampe qui servira de phare et cette théière, dénichée dans un bazar, pour ramener les souvenirs... Les beaux. Les magnifiques souvenirs. Les rires. Ceux qu'on rappelle en riant au-dessus d'une tasse de thé fumante.

Les feuilles d'automne tombaient sur Munich... un vent frais, un bruine de fines gouttelettes qui caresse le visage. Les mêmes coureurs le long de l'Isar, le même trajet, traverser le pont puis par les sentiers, "allez Nanou!! on va dans les trails, en pleine ville!! Ridicule..." Refaire le parcours, lentement, chaque arbre se dénudant, sans pudeur, une danse grandiose juste pour moi, juste pour eux, ceux qui courent là tous les jours, comme je l'ai fait, un temps... Une certitude, une décision, un vrai choix, pour une fois, pour une fois que je prévois quelque chose, que je sais où je m'en vais, en fait je vais nulle part ou plutôt partout mais je ne vais plus à Munich, voilà j'aurais pu y revenir sans cesse, ma ville d'adoption, Glockenbachviertel, le Deutsches Museum au loin, l'eau qui coule et moi qui voudrait la suivre, et où elle va la rivière avec tous ces cygnes qui vous menacent la gueule ouverte et les canards harcelants revendiquant du pain pour le peuple?



Arrive-t-il parfois de n'avoir plus rien à dire... à une ville?

Je n'ai plus rien à dire à Munich.
S'y perdre. Tout de même. One last time.

Se perdre dans un miroir sans faille
Se perdre une boussole sur le coeur
Se perdre dans ses propres mots..

S'y perdre jusqu'à la venue du jour, puis lui dire au revoir, sans s'attarder. Puis, tout n'est qu'attente, attendre le train qui viendra, mais plus tard, "attendre en attendant" un sommeil improbable, attendre de revenir à la maison.

Ce soir-là.

J'ai déposé le pied dans la gare de mon bled, le teint blafard d'une insomniaque. J'étais suivie de mes deux roulettes, de mon phare et de mes magnifiques souvenirs... Je me suis dit: Petite Nanou, tu es chez-toi, c'est ici.


mercredi 7 octobre 2009

Miltenberg superstar

Préface

Mon logement était déjà un sujet chaud d'actualité avant même que j'en prenne possession, et c'est pour nourrir la fibre un tantinet perverse des bloggers du Aventurenanou que je mets ici, en exclusivité, des photos du-dit Petit-nid-d'amour-de-Nanou-qui-va-passer-8-mois-à-la-même-place-et-qui-a-même-une-adresse-postale-à-elle-presque-tu-seule.

La cuisine full-equiped


Petite vue globale (ben oui ça penche parce que j'habite dans le grenier!)


Là, c'est où le petit oiseau est venu se casser la gueule.




D'une part parce que je t'aime, cher lecteur (ou chère lectrice, parce qu'à date y'a juste Jessica qui laisse ses commentaires), et d'autre part parce que j'ai juste ça à faire, je suis allée parcourir les rues et les sentiers des collines de Miltenberg, faisant une photographe renommée de moi-même, armée de mon super-kodak-destroy-rose-avec-des-cristaux-Swarovski-le-moins-cher-du-magasin-pcq-j'avais-scrappé-l'autre. 

Vous comprendrez que j'ai pas l'oeil pour les photos, mais bon le résultat est somme toute satisfaisant et vous donne une petite idée de ma petite ville d'adoption.












À ce que vous voyez, j'en ai profité pour essayer les modes "sepia" et "noir et blanc", et mon enthousiasme est en retard de 5 ans sur le reste de la population mondiale, je sais.

Faits divers sur Miltenbeach:
  • Je suis déjà célèbre. En effet, lors de ma visite ce matin à l'office de tourisme, j'ai immédiatement été démasquée par la madame: "Vous êtes la Canadienne!! C'est vous la Canadienne!!" J'ai aucune idée comment elle a fait, je parle pourtant allemand sans accent. "euh... oui?" dis-je, un peu émue de tant d'attention. "Mon fils hier, Jan!! Vous connaissez Jan!! Hier vous lui avez enseigné!! Il m'a dit qu'il avait une enseignante canadienne maintenant! Il m'a parlé de vous." Photo à l'appui, j'ai bien reconnu son charmant garçon... et puis voilà, quoi rajouter de plus? Je lui ai dit qu'il était gentil, même si je comprends rien de ce qu'il dit de toute façon... il pourrait bien m'avoir traité d'emmerdeuse-qui-pose-trop-de-questions. Qui sait?
  • Je perpétue mon mauvais magnétisme avec les oiseaux: alors qu'à Munich on était envahis de pigeons-couvant-un-oeuf-qui-chient-dans-la-cuisine (j'adore les traits d'union aujourd'hui), ben là je suis prise avec le cadavre d'un petit oiseau noir sur le balcon qui attend que je le balance par-dessus bord, mais le problème, c'est que ça m'écoeure tellement que je vais attendre le soir pour moins le voir un peu. 
  • Ici j'ai pleins d'amis, je sors tous les soirs et mon téléphone sonne constamment de trop de popularité! (Bon on peut toujours rêver, mais ça s'appelle la pensée positive! On dit "la pensée crée" alors soyons créateurs!) Mais pour vrai, je me suis fait ensevelir de feuillets sur des activités inconnues jusqu'alors (à Miltenberg, pas de touristes autres qu'allemands) et je vais m'y mettre bientôt, afin de devenir la meilleure guide touristique trilingue de la ville et attirer le tourisme international (ça commence dans 2 semaines avec Paul, mon Anglais, qui vient faire son tour). 
  • Les infints sont gentils (j'aurais bien l'occasion de vous en reparler, vous savez tous que les profs parlent toujours de leur job). 

dimanche 4 octobre 2009

Home sweet home

« Aujourd’hui, je vais passer une journée extraordinaire » me suis-je dit en me levant ce matin-là. Il était 6 heures, les cloches de l’église attenante au monastère sonnaient déjà, il faisait toujours noir.

Ma vie étant un feu roulant d’événements, j’avais passé les dernières 2 semaines à courir de la Turquie à Munich, et du Wies’n à Miltenberg à Munich à Cologne à Miltenberg encore, cherchant désespérément un logement où vivre, sans succès, jamais, Miltenberg étant... la "capitale" du district de Miltenberg, capitale donc de 9000 âmes. Il était grand temps que je range mes valises qui me suivaient toujours du coin de l’œil depuis 2 mois et demi…

Je vais passer les détails de mon aventure teintée de désespoir, qui a d’ailleurs achevé d’inquiéter ma chère maman qui, de son côté, sans trop savoir où j’étais et ce qui se passait, protégeait mes arrières à coup de lumière blanche et de comité d’entraide et de tirages au tarot et de dépôts plus ou moins anonymes à la banque. Merci mommy.

MAIS, ce jour-là, j’allais passer une journée extraordinaire. Je me suis même dit : « dans le meilleur des mondes, il y aurait un comité d’accueil à la gare de Miltenberg avec des ballounes et une banderole écrit « Bienvenue Nanou! » et j’aurais un bel appart et je pourrais prendre une douche bientôt. »

C’est dans le train, ouioui, que j’ai eu tous les appels que j’attendais, et en deux temps trois mouvements, j’avais un endroit où dormir pour la fin de semaine et EN PRIME un palace d’appartement. Situé à deux pas de l’école, il est non seulement meublé, mais avec tout tout tout : un grand balcon, des arbres, un salon avec un divan-lit, une belle grande cuisine toute équipée et une table avec 1000 chaises, une laveuse dans la salle de bain, une bibliothèque avec tout pleins de livres en allemand, et attention! une piscine intérieure et un sauna dont je peux me servir et comble de bonheur! Internet sans fil et une télé avec 2000 canaux (pas que j’écoute beaucoup la télé, mais c’est excellent pour mon allemand!)

À mon arrivée à la gare, Rüdiger, un prof d’anglais de l’école que tout le monde voudrait avoir comme grand-papa, m’attendait le sourire aux lèvres, et il s’est occupé de m’ouvrir un compte en banque (malgré tous les papiers qu’il me manque), de me faire visiter l’appart et de négocier son prix à la baisse, et je me suis fait gaver de saucisses par sa femme trop gentille. Puis, vu que c’était une journée extraordinaire, ils m’ont amené avec eux à l’inauguration d’un atelier d’artistes où plusieurs profs de l’école se retrouvaient, et puis il ne m’a fallu qu’une bière derrière la cravate pour discuter couramment dans un allemand très approximatif avec tout le monde.

Voilà, je viens donc d’emménager et j’ai caché mon sac à dos que je ne veux plus jamais revoir (même si je dois retourner à Munich la fin de semaine prochaine pour aller chercher mon autre valise et ma belle lampe qui m’attendent patiemment). Ça sent la compote de pommes maison, l’automne arrive, c’est le temps de s’emmitoufler dans une couverture sur le balcon avec un bon thé… Home sweet home.