Merci pour les commentaires gentils du dernier post. Ça a fait du bien de vous lire.
Bien entendu, je revendique le droit d'être triste.
Je parle pour la semaine dernière. Un moment de tristesse comme celui-là m'amène à écrire davantage. Ces semaines de janvier que je qualifierais de "désert intellectuel", se réjouissent donc de ces soudaines illuminations, car elles sont infailliblement suivies de choix à faire.
Bien entendu, je revendique le droit d'être triste.
Je parle pour la semaine dernière. Un moment de tristesse comme celui-là m'amène à écrire davantage. Ces semaines de janvier que je qualifierais de "désert intellectuel", se réjouissent donc de ces soudaines illuminations, car elles sont infailliblement suivies de choix à faire.
Heimweh? Eh bien ce mal du pays m'a poussé à envisager pour la première fois concrètement les options qui s'offrent à moi, à 4 mois et demi de mon retour.
Hors de question de rester en Allemagne. Hors de question de rester en Europe.
Jonglé avec l'idée du Mexique... mais pas très longtemps.
Québec, surtout pas. Montréal... oui. J'ai envie d'aller voir là-bas si j'y suis, et surtout de revoir mon monde.
Puis, un petit tour sur internet m'a permis de dénicher ZE programme parfaitement adapté pour moi en enseignement du français, langue seconde. 15 crédits de 2e cycle, et voilà.
Restera l'inscription à faire, et trouver un job pour cet été.
Restera l'inscription à faire, et trouver un job pour cet été.
..... eet là je mets la main sur ce "Into the wild" qui a dû m'être conseillé 354 fois par 354 personnes différentes (sûrement tous mes amis facebook) depuis sa sortie.
Eeeeet ensuite, je réfléchis à ce concept de liberté, mot qui mériterait au moins 6 pages complètes de dictionnaire pour être défini adéquatement... Les projets de retour, la vie qui revient, la routine... Vraiment? La liberté...? Le bonheur...?
******************************************
Le "bonheur". Un mot qui m'avait paru si abstrait là-bas, dans l'autre hémisphère. Me lever, manger, sortir, re-manger, admirer le coucher de soleil par-delà les collines désertiques, deux solitudes se rencontrent puis se laissent, puis deux autres, se laissent, puis deux autres... rien à perdre.
Pour les mauvaises langues qui croient que j'ai mis ce voyage sur un piédestal, je ne vous donne pas tort, au contraire. "Te cambia la cabeza", m'avait-on dit, et pour tout dire, ce voyage-là de presque 6 mois, je m'en remets encore. Ce qui me fait réfléchir dans le récit du jeune homme au Yukon qui mange des baies et s'empoisonne avec, ce n'est pas tant l'aventure... la vie en est juchée, d'aventures et de mésaventures dont on doit se sortir tout seul, en ville ou en Alaska. Ce sont plutôt les rencontres qu'il fait sur la route qui ont attiré mon attention. La totale ouverture à l'étranger, à un mode de vie inconnu, le goût du risque, d'apprendre.
Les gens que j'ai choisi d'aimer, au sens large, sont le ciment de ma vie. Évidemment ils m'inspirent, chacun à leur façon. Mais des rencontres particulièrement inspirantes, j'en ai fait là-bas plus que jamais. Certaines paroles me reviennent de vez en cuando, quand j'ai l'impression que je ne vais nulle part. Ces visages anonymes me ramènent, comme de petites boussoles qui indiquent toujours le bon chemin... Cette femme de mon âge en Bolivie qui m'avait raconté qu'elle avait eu son premier fils à 15 ans. Cet homme qui recevait sans relâche des inconnus dans sa maison, pour le simple plaisir de voyager sans quitter son nid... Cet autre qui vivait au bout du continent et qui rêvait de parcourir seul toute l'Amérique du sud avec sa vieille Renaud.
"Hay que seguir adelante", il faut continuer. Il me l'avait dit, le plus bel Argentin du monde qui, même dans ses moments les plus insupportables, a été l'être le plus inspirant.
Une rencontre absolument improbable. Une fille perdue dans une ville inconnue après une nuit passée dans un bus, un jeune homme qui décide de prendre un chemin différent vers la maison après une fête qui s'est étiré jusqu'aux petites heures... Il lui offre son aide, la fille a les yeux très bleus, comme il n'en voit jamais dans ce pays, et il décide de poursuivre son chemin avec elle. Par la suite, une partie d'elle-même refusera toujours de le quitter.
Un jour, il parlera d'elle à un barman avec qui il vient de sympathiser. Il lui dit: "Elle essaie tout, elle fait tout, elle est courageuse, et elle parcoure le monde... mais elle revient toujours."
Au fin fond de ses yeux parfaitement noirs, je reconnaissais en lui l'être à la fois le plus éloigné et le plus près de moi sur la planète.
Cette histoire aura finalement donné sa raison d'être à l'ensemble de mes voyages, y compris à ma présence ici en Allemagne. Chaque fois que je vis un moment de doute, donc de grande inspiration (ça a été le cas en Turquie cet été), c'est lui qui apparaît comme cette option que je refuse de considérer, comme une 2e maison, un deuxième Québec, à l'autre bout du monde.
Cette histoire aura finalement donné sa raison d'être à l'ensemble de mes voyages, y compris à ma présence ici en Allemagne. Chaque fois que je vis un moment de doute, donc de grande inspiration (ça a été le cas en Turquie cet été), c'est lui qui apparaît comme cette option que je refuse de considérer, comme une 2e maison, un deuxième Québec, à l'autre bout du monde.
***********************************************
Pour ceux qui seraient tentés de me rabâcher les oreilles avec les typiques "retourne le vooooir", "c'est peut-être l'homme de ta viiiiiiie", "voyons lâche tout et vas-yyyyyyyy", je répondrai que : la vie n'est pas un film d'amour américain cheap. Qu'il ne suffit pas de crier au meurtre, de faire arrêter l'avion et d'en descendre en courant avant de se garrocher dans les bras de l'amour et de fonder une famille et avoir beaucoup d'enfants. Qui a dit que c'était l'Amour, mon âme soeur, ou ce genre de conneries tiré de la chick-lit? Présentement, c'est comme mon étoile polaire, inaccessible, mais qui est toujours là quand j'en ai besoin.
Y retourner? Il l'a dit: "elle revient toujours".
Alors quand? Moi je répondrai: "Sûrement trop tard."