mardi 29 décembre 2009

2009: Moments hooooots

*At the hop, Devendra Banhart


Avant de faire le point sur les meilleurs moments de l'annee 2009, je veux vous souhaiter, a vous mes chers amis qui suivent encore mes histoires, une superbe annee 2010, et un bon party de veille du jour de l'an! C'est dur d'etre loin durant le temps des fetes (meme si je m'ennuie pas particulierement de la dinde et du pate a la viande), surtout que j'ai repete a tous les Allemands des millions de fois le "comment on celebre au Quebec dans le temps des fetes". Une vraiment belle annee alors, on se reverra a mi-chemin, en juin. Je m'ennuie de vous tellement!!!



Lieu : Dublin, Irlande
Quoi: A la fin d'une belle journee de novembre en compagnie d'un gentil collegue de la LMU (Ludwig-Maximillian Universität), je me rends au point de rendez-vous convenu avec un couchsurfer polonais qui m'a propose de me faire un souper polonais. Quelle n'est pas ma surprise de voir qu'il m'attend appuye fierement contre une superbe moto... et que je serai l'heureuse elue de la soiree pour l'essayer! S'en est suivie une belle balade dans le centre-ville de Dublin, par cette soiree claire, avant d'aller deguster des specialites polonaises en compagnie de ses colocs! Beau moment.


Lieu: Dans les environs de Montereale Valcellina, Italie
Quoi: Du Spritz, du Spritz et encore du Spritz, on prend l'apero a tout moment dans la journee dans les Alpes italiennes. Imaginez-vous dans ce petit village perche dans les montagnes, loin de tout trajet touristique, savourant cette boisson orangee en compagnie du plus adorable Italien... j'y etais. :)


Lieu: Quebec
Quoi: J'ai recu cette annee l'un des plus beaux cadeaux de fete de ma vie... Un copain, qui est ma foi un petit genie en musique, m'a emmenee un soir dans l'amphitheatre de l'universite Laval, afin de me faire le plus beau des concerts prives au monde. Ayant les cles de la salle et celles pour utiliser l'immense piano a queue allemand de la faculte, j'ai assiste, seule spectatrice dans l'immense salle, bien calee au fond de mon siege, a un avant-gout de son examen de fin de bacc. C'etait completement magique.


Lieu: Istanbul, Turquie
Quoi: Voir mes plus vieux copains quebecois debarquer dans cet hostel d'Istanbul, par un soir de septembre... Rencontre inattendue qui nous a menee dans les rues du quartier le plus jet-set d'Istanbul, puis le long des cotes mediterraneennes, ou on s'est encore retrouves, un peu par hasard.


Lieu: Munich, Allemagne
Quoi: Mon mariage facebook aura pris de droles de proportions en cette derniere soiree avec les etudiants de la Sommer Universität (LMU). Voila mon homme qui arrive, vetu de ses plus beaux atours. Nous avons le pretre italien, les temoins, le pere et la mere des maries. Notre pretre trouve les mots justes pour "celebrer notre amour", ca clot en beaute ce bel ete qui nous a fait faire les plus belles rencontres, et puis on celebre a la Weissbier une derniere fois, on s'engueule a la francaise une derniere fois (avec Antoine, mon ex-coloc, qui evidemment, va se rattraper le lendemain en m'offrant de magnifiques fleurs roses et l'intention de me faire le dejeuner au lit - il m'enerve, mais il est pas cheap - comment lui en vouloir??)

Quoi no. 2: Oktoberfest 2009. Antoine et moi, vetus comme de dignes petits Bavarois, moi dans mon Dirndl, lui dans sa mignonne chemise a carreaux, enfourchons sa bicyclette "a l'allemande" afin de nous rendre au Wies'n. J'aurais adore que quelqu'un croque en photo ce moment, dans cette position inconfortable mais ooh combien marrante!


Lieu: Promenade Nice-Monaco, France
Quoi: Eeeh bien je suis une motarde dans l'ame je crois, parce qu'un autre moment inoubliable a ete la balade sur la grosse Harley du pere de Valerie, sur la route longeant la mer jusqu'a Monaco. Paysage magnifique, temperature parfaite, c'etait simplement cool. Je pensais croiser le prince de Monaco qui est celibataire, et convoler en juste noces, mais bon, je suis fait pour un ptit pain! (le prince de Monaco a cinq enfants de toute facon, trop vieux!)


Lieu: Davos, Suisse
Quoi: Qui va en Suisse se doit de deguster de la fondue au fromage dans un chalet en bois. Nous sommes donc alles deguster une fondue dans un petit restaurant isole au creux d'une vallee, malgre le fait que ce ne soit pas du tout la saison pour les fondues au fromage. Mmmm... J'y retourne d'ailleurs dans 2 semaines, avec la ferme intention de renouveler l'experience.



samedi 26 décembre 2009

samedi 19 décembre 2009

Check-list

À temps perdu (et ici, du temps perdu il y en a!), je me suis inspirée de l'initiative d'un copain qui tentait, semblait-il, désespérément, de faire sa check-list "Things to do before I die" (disons, de mon vivant, c'est plus positif!). Quoique ça ait l'air un peu de "je suis éternellement insatisfait de ma situation", j'ai trouvé l'idée bonne, et je me suis amusée non seulement à la faire, mais aussi à faire la liste des trucs cools que je suis contente d'avoir fait avant d'avoir 25 ans.
Rassurez-vous, j'ai réalisé qu'il n'y a qu'une chose que je veuille vraiment faire de mon vivant, que je regretterais amèrement de ne pas avoir fait: avoir une famille. Je ne demande rien d'autre. :)

Sinon, accessoirement, voici ma liste de "buts dans ma vie"!
  • Avoir une famille

  • Apprendre à faire moi-même mes knödels (mmmm des knödels). -- Si jamais ça ne fonctionne pas, je pourrai toujours ramener plusieurs sachets de préparation à knödels et tricher. Ça va aussi.

  • Apprendre le portugais (c'est tellement sexy cette langue)

  • Trouver la patience de me taper Guerre et Paix de Tolstoï et Le Rouge et le Noir, de Stendhal.

  • Parler allemand (prévu été 2010)

  • Tomber amoureuse sainement

  • Rencontrer Gael Garcia Bernal et lui dire que je l’aime (ce qui serait encore mieux, ce serait de rencontrer Gael Garcia Bernal, de tomber amoureuse sainement de lui, de fonder une famille avec lui, et qu'en plus, il me fasse des gaufres tous les matins!)

  • Apprendre à chanter pour vrai

  • Apprendre à faire la petite vinaigrette asiatique vraiment bonne où il faut doser parfaitement le vinaigre et le sucre et le jus de citron, et que je m'ostine à manquer perpétuellement.

  • Voir le temple d’Angkor au Cambodge

  • Faire le tour du Vietnam en scooter et manger de la vraie bouffe vietnamienne

  • Sri Lanka.

  • Me rendre sur le site de Stonehenge (prévu première fin de semaine de février 2010, je me rends chez Paul à Londres, on se loue une voiture, on va à Bristol via Stonehenge, puis on va au party de fête de son papa sur un bateau!)

  • Ukraine (prévu février 2010, un petit voyage d'une semaine après avoir passé une fin de semaine au carnaval de Cologne! Vive les low-costs!)

  • Voir « La cantatrice chauve » de Ionesco au théâtre

  • Aller en Islande (projet en réflexion... possible en mars-avril, mais bon on verra si je suis encore vraiment motivée)

  • Participer à la construction d’un château fort de neige comme dans la guerre des tuques

  • Apprendre à faire du voilier

  • Abolir la télé dans ma future maison

  • Apprendre le tango (Argentine un jour, Argentine toujours!)

  • Vivre d’amour et d’eau fraîche pendant 4 jours, me nourrissant que de « banana pancakes » comme dans la chanson de Jack. (Un fantasme, chacun ses trips hin!)

  • Travailler quelques jours sur une ferme (un appel à Ge qui, j'espère, sera mon initiatrice)

  • Voir un show de Madonna

  • Reproduire l’intro de l’émission pour enfants « Dans les Alpes avec Annette », quand elle glisse en luge! (prévu janvier 2010, lors de ma visite en Suisse!)

Et plus sanglant celui-là:
  • Tuer le chien de mes propriétaires.

Voilà!

lundi 14 décembre 2009

In den Schnee

* Blanche, Ariane Moffatt


La première neige (peut-être la dernière ici), c'est toujours un peu se rappeler que l'année tire sa révérence pour nous donner une chance symbolique de recommencer à neuf. En plus d'être d'une beauté inqualifiable, elle apporte, paradoxalement, une dose de chaleur à la période sombre et pluvieuse qui s'achève. On oublie toutes nos rancoeurs venant des années précédentes, pour un Québécois à savoir l'écoeurantite aigüe de devoir pelleter sa voiture (prenez l'autobus!!). J'aurais passé plusieurs heures ce matin là à observer, seconde après seconde, les arbres revêtir leur habit d'hiver, si ce n'était de ma hâte de laisser ma trace (au sens propre comme au figuré) à cet improbable phénomène qui survient seulement quelques fois par hiver dans la magnifique ville moyenâgeuse où j'ai le bonheur de vivre.

En ce beau dimanche, le Weihnachtsmarkt désert (le froid avait dû décourager les passants) m'a complètement charmé. Enfin! Noël se fait sentir! L'Allemagne est un pays incontournable pour le temps des fêtes: tous les villages, aussi lointains soient-ils, ont leurs propres traditions de Noël. Une collègue m'avait invité la veille à venir faire des biscuits de Noël avec ses enfants, et de partager ce moment avec une vraie famille m'a fait le plus grand bien. Ça m'a rappelé qu'entre tous ces voyages et ces nouveaux amis et ces histoires que j'ai vécues dans les derniers mois, c'était la première fois en 5 mois que je me retrouvais dans une véritable famille. Ça, c'est précieux, et ça vaut la peine de vous le rappeler, chers lecteurs, sans amertume, par contre, puisque j'adore prendre part à ces petits moments. C'est peut-être mon côté voyeur, qui sait?

Qu'à cela ne tienne, toute émotive que je suis, le film de l'année qui termine repasse dans ma tête, mais très involontairement, puisque pour cette année je suis l'heureuse récipiendaire de mes premiers regrets/remords d'adulte. Rassurez-vous, rien d'irréparable, j'ai seulement dû m'atteler à la gymnastique du "lâchez prise", autant dans ma vie professionnelle que personnelle. Nous dirons donc que je suis coupable d'avoir poussé mes limites un peu trop loin et que ma sanction a été de faire marche arrière! Ce qui me réjouit toutefois, c'est de ne pas avoir à prendre de résolutions concernant mon état physique pour 2010 (du genre je vais aller courir, ou mieux manger, etc.) alors que ça va assez bien de ce côté, ménagère que je suis devenue oblige (amendement en ce qui concerne le porc et la bière, ça on s'en tire pas)!!

Finalement, 11 mois après m'être lancée sans raison apparente dans l'étude de la langue de Goethe, j'arrive à dire tout ce que je veux, je comprends assez bien maintenant quand les gens me parlent, j'arrive à soutenir (péniblement) une conversation en allemand pendant au moins 1h, avec des gens très patients. Je crois être arrivé au point motivant de mon apprentissage: lorsque l'on devient vraiment conscient des progrès que l'on fait, au jour le jour. Je suis optimiste d'atteindre un niveau intermédiaire dans les 6 mois qu'il me reste.

Dimanche, j'ai joué à la touriste égyptienne enfermée dans sa cloche de sable qui n'a jamais vu la neige, voici un avant-goût du résultat...






mardi 8 décembre 2009

Pour ceux qui doutent encore...

... de l'intérêt de venir me visiter!








Copyright: Bruno, merci encore! Tes photos sont superbes!

dimanche 6 décembre 2009

La guettoïsation est une tentation légitime

* Pflaster, Ich und Ich
La langue de chez nous, Yves Duteil



Je m'insurge ce soir contre ces gens qui se plaisent à critiquer les immigrants qui, dans les grandes villes occidentales, décident de vivre au même endroit, de rester dans leur communauté tissée serrée, et de continuer à manger tacos, soupe phô, ou autres curiosités de ce genre, au détriment de la bouffe locale (en Allemagne, les knödels (mmm), en Amérique du Nord, le Mcdo). On les énerve avec nos grands principes d'intégration, alors que la plupart d'entre nous seraient bien peu enclin à quitter notre petit nid d'amour pour aller vivre le choc culturel Canada/Bangladesh ou Canada/Inde.

Pourquoi? Parce que ça fait du bien de se retrouver entre personnes de la même culture, d'un même pays, d'une même ville. Je plaide donc coupable de tentative volontaire de guettoïsation sur la Poigerstrasse, Miltenberg, après avoir convié tout un groupe de Québécois assistants de langue (+ 2 intrus français, observateurs internationaux, nous dirons!) à venir s'échanger des cadeaux "allemands" dans mon antre, après avoir visité l'incontournable Weihnachtsmarkt d'ici et aussi après avoir assisté au spectacle de deux de mes élèves dans ZE bar très hot (style "Brasserie chez Gérard"). Une belle fin de semaine (OOUUAAIS on peut dire FIN DE SEMAINE sans que tout le monde sourcille!) d'histoires grasses, de grosses blagues que seul 7 millions de personnes sur la planète peuvent comprendre, de "CHANDAIL", de "T(s)U viens-T(s)U" et de "FULL drôle". AAAH.
J'ai les meilleurs collègues du monde, les meilleurs élèves du monde, pas le choix de m'intégrer non plus vu que je représente à moi seule toute la communauté canadienne francophone de Miltenmontagne, mais c'est bon de ne plus lutter pour tout comprendre pendant quelques jours. Sadiquement, ça fait plaisir de savoir que les gens sont tout traumatisés de t'entendre, toi qui lutte chaque jour pour transmettre ton message dans la langue de Goethe à la façon d'un enfant de 5 ans. Français québécois, clé de ton salut intellectuel, langue mystérieuse dont toi seule a le secret sur des kilomètres...

Ça me rappelle les vers d'Yves Duteil! Un peu de poésie, va! (si vous voulez l'entendre, mettez la chanson suivante!)

Nous dire que là-bas dans ce pays de neige
Elle a fait face aux vents qui soufflent de partout
Pour imposer ses mots jusque dans les collèges (ça c'est mon travail!)
Et qu'on y parle encore la langue de chez nous

Sachez toutefois qu'en tant qu'habitante du monde entier qui parle 3 langues et demi, je m'intègre tellement bien que je m'habitue à l'impossible: endurer le petit chien Smoudgi (aucune idée comme ça s'écrit, mais quelque part, il y a un mot bien caché dans la langue allemande qui veut dire "boule de pouél qui jappe tout le temps", et c'est ça un "Smoudgi"!) de mes propriétaires.

Voilà donc les relents de ma fin de semaine, et je garde en héritage la tentation de parler français quand je débarque chez la coiffeuse ("Friseur" - mot le plus étrange de l'allemand, avec "Portmonee" (porte-monnaie)), ainsi qu'une caisse et un baril de bière qui attendent patiemment sur mon balcon que je leur fasse honneur.


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Parlant de Friseur, je voudrais simplement souligner qu'aller chez la coiffeuse est une expérience anthropologique féminine très intéressante. Je ne suis pas allée très souvent chez le coiffeur à l'étranger. Québec, Argentine et Allemagne seulement. Toutefois, j'ai l'intention de porter à l'avenir davantage attention aux comportements des coiffeuses à travers le monde, et d'en faire une typologie. Voici donc mes conclusions pour les 3 pays de ma liste.

Québec: J'ai un passé très garni en matière de coiffeurs, passant de congrès de coiffure (où ma foi ils sont au comble de l'excitation) aux deux concours auxquels j'ai participé, mais ça suit quand même une ligne directrice. Les coiffeuses (désolée pour la forme féminine, mais vu l'écrasante majorité de femmes exerçant ce métier, je vais donc faire preuve de sexisme grammatical) au Québec sont un peu les psychologues des temps modernes. On se raconte nos vies, on papote, on rigole. Ma dernière en liste a plus ou moins mon âge, je la vois immanquablement avant ou après un voyage, elle critique sans vergogne l'état lamentable de mes cheveux et entreprend de me sculpter artistiquement la tête mèche par mèche. Ça prend du temps, mais je lui ai attribué le prix du plus beau toupet de la planète. Les autres coiffeuses, elles dansent, ont les cheveux de toutes les couleurs, elles écoutent patiemment les clientes raconter l'impuissance de leur mari (ouioui!) ou les déboires de leur fille aînée.

Argentine: On m'avait déjà dit de ne pas faire confiance aux coiffeurs argentins, mais bon, quand on sent l'urgence, rien ne nous arrête et on est prêt à prendre le risque. Superbe salon où se faire couper les cheveux n'est pas très cher et ooooh nous sommes les vedettes québécoises de la place! Le coiffeur se donne des airs de "maître coiffeur", il sait où il s'en va, nous pose des millions de questions. On devient tellement "chummés", qu'il me propose même de me graver un CD avec un reportage sur la période de la dictature que j'irais chercher le lendemain à son autre salon. Il était tellement emballé de nous recevoir, ma mère et moi, qu'il a dû oublier qu'il promenait ce truc... comment on appelle... aaah oui! des ciseaux qui coupent! dans mes cheveux, ce qui m'a valu un très désagréable trou dans mon sacro-saint toupet. Verdict: expérience sympathique, mais désagréable conclusion.

Allemagne: Avant d'aller chez le Friseur, je ne savais que dire "Friseur" et "Haar". Même la première phrase que la dame m'a dit m'a laissée bouche-bée d'incompréhension, alors je lui ai expliqué que je parlais très mal allemand et que je n'avais aucune idée comment lui expliquer ce que je voulais, mais j'avais trouvé des photos dans une revue qu'on pourrait rabouter pour donner un résultat quelconque. Très souriante, elle acquiesce, j'essaie par réflexe d'entamer une conversation - maladroite - mais répond à la question très vite et se met au travail en silence.Les autres clients sont silencieux et attendent leur tour sans broncher. Les coiffeurs ne se parlent pas, sauf pour le travail. Elle me fait un belle tête, qui ressemble étrangement à la coupe de cheveux de toutes mes élèves aux cheveux courts (voir photo au bas). Je suis rassurée de suivre la mode de Miltenberg. La coiffeuse me fait payer et me salue poliment.

Efficacité et respect de la vie privée, là on les reconnait!



lundi 30 novembre 2009

L'esprit de Naaaël

Quel lien existe-t-il entre un petit Roblochon, quelques verres de vin chaud et la ville de Nürnberg? Le Christkindlesmarkt, bien entendu!


Mon arrivée à Nürnberg, à bord d'un imposant camion trainant misérablement son affiche publicitaire et qui, malheureusement pour son conducteur, n'avait rien de l'auto sport de l'année, fut certes impossible à manquer. Là-bas m'attendaient d'autres assistantes de langue en vue d'une fin de semaine qu'on savait trépidante à l'avance! Beeeen quoi! Vivez dans un trou comme Miltenberg, lieu où toute communication est une pénible épreuve et où toute personne entre 20 et 30 ans est en voie de disparition, et débarquez dans une ville magnifique (et universitaire par-dessus le marché) comme Nürnberg avec de pétillantes Bordelaises, et vous serez au comble du bonheur (surtout quand le lift est gratuit, là c'est encore mieux)!


Son marche de Noël étant l'un de plus célèbres en Allemagne, Nürnberg m'a donc fait penser à une immense orgie de consommation et d'excès, à la hauteur de l'Oktoberfest à Munich, encore (!) au grand dam de notre silhouette. Après le on-sait-pu-combien-de-verres-de-Glühwein/vin/ce-que-vous-voulez, après s'être empiffrées de saucisses nurembergeoises et de fromage français jusqu'à en rouler par terre, et après être revenues bredouille de ce qu'on croyait être LA date de l'année, peut-être auriez-vous donc eu la chance de voir 4 frenchies errer péniblement dans les rues désertes de Nürnberg à 2h du matin, jouant à "Bourré Charlie" et riant jusqu'à ne plus pouvoir respirer. Je sens que mon corps va regretter un jour cette année passée en Allemagne....


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Nürnberg est aussi (hélas!) célèbre pour avoir été l'hôte des deux congrès du Parti national-socialiste, pour son procès des criminels de guerre nazis (c'était la première fois dans l'histoire que des dirigeants d'un pays devaient répondre de leurs actes devant un tribunal international) mais aussi pour y avoir les plus importants vestiges des grands travaux d'architecture entamés sous les ordres d'Hitler en pleine crise économique, puis abandonné lors du début de la guerre. Les excès du temps des fetes ne m'empêchant pas de faire mon travail de future guide pour mes parents, j'ai eu l'immense plaisir de visiter l'un des plus importants (et intéressants) musées, le Doku zentrum, consacre à cette partie de l'histoire du 20e siècle, à même un immense stade dont la construction fut interrompue 4 ans après avoir été entamée. Je fais rarement ici une liste exhaustive des visites que je fais, ce qui seraient assez ennuyeux pour vous, mais cette fois, je classerais le Doku zentrum comme un "must-see"dans la vie d'un passionné d'histoire, et la ville de Nürnberg aussi. À qui veut l'entendre.


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A mon retour de ma délirante fin de semaine, mon appart était tout décoré et puis j'avais un calendrier de petits bas de Noël contenant 24 petites surprises. Les Allemands sont définitivement encore plus motivés que ma soeur en ce qui concerne la fête du petit Jésus.


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M'attendait une autre surprise à mon retour, moins heureuse cette fois: la confirmation que l'État bavarois me persécute. Autrefois, j'étais célèbre pour mes mésaventures concernant ma recherche d'appart et l'immobilisme de mon école jusqu'à ce que le PAD s'en mêle, maintenant je le suis pour ne pas avoir encore été payée pour mes bons et loyaux services! Peut-être que ce cher ministre de l'éducation a à coeur de me mettre dans des situations impossibles pour me faire pratiquer mon allemand, ça marche, maintenant, je pourrais avoir mon argent et aller faire l'épicerie? Svp? C'est donc 2 mois de salaire qui glande quelque part dans les coffres de leur très cher ministre, et j'entâme aussi mon 5e mois sans revenu.
Je vais ainsi profiter de cette occasion pour me défouler un peu et détruire leur réputation:

FAUX que les Allemands sont fiables et toujours ponctuels. Ma situation de future sans-abri le prouve, de même que les nombreuses fois où j'ai manqué ma correspondance en train.


Je vous laisse sur quelques photos encore, pas trop grivoises bien sur. :)



Château à Nürnberg - on pose pour la cause


Château à Würzburg - autre ville très chou


Würzburg - encore!


Nürnberg


Avec de la saucisse plein la gueule...


Nürnberg- encore très joli, non?

mercredi 18 novembre 2009

Leçon d'histoire

* While my guitar gently wheeps, Georges Harrison


On m'avait dit de ne pas aborder le sujet.

J'ai donc gardé le silence, même si j'ai une déformation professionnelle qui m'empêchera toujours de me plier totalement aux recommandations des gens qui m'inondent immanquablement de conseils sur "quoi ne pas faire dans un pays dans lequel eux-mêmes ne sont pas allés".

Et puis, après des mois, après avoir oublié même ma curiosité à ce sujet, le sujet est venu tout naturellement sur la table avec une collègue qui a 43 ans, suffisamment âgée pour savoir, mais assez jeune pour avoir cette distance qui rend l'Histoire, même dans ses moments terribles, plus "douce", du moins davantage acceptée comme une évidence impossible à éviter, que comme une blessure profonde réveillant des souvenirs douloureux.

"Mon grand-père a fait la guerre. C'est loin tout ça. Moi, l'Histoire je la connais, mais je ne sens pas coupable, aussi horrible puisse-t-elle être! Tu sais, lorsque je vivais à Paris en 1985, la Française avec qui je vivais avait honte lorsqu'on écoutait la télé et que des documentaires sur la seconde guerre mondiale passait... elle ne voulait pas que je me sente mal d'être allemande ou je ne sais pas... mais tu vois, moi ça ne me posait pas problème! Par contre, ce que je ne connaissais pas, c'est la fierté de venir d'un pays, ce que j'ai découvert en habitant en France. Les gens étaient fiers d'être Français, alors que moi je ne connaissais pas ce sentiment."

Mon père, grand fervent d'Histoire, qui suit un cours d'allemand en vue de sa première visite du continent européen (il vient voir sa fifille, c'est pas mignon??! So süss!!) , m'avait parlé de cet absence de sentiment national en Allemagne, l'hymne national n'étant jamais chanté... Y'a-t-il une fête nationale de l'Allemagne?

"Euh attend maintenant c'est le 5 octobre je crois (on dit le 3 octobre sur Google)... mm c'est ça? haha Attends! Bon avant c'était le 17 juin qui était plus ou moins une fête pour commémorer un événement qui a eu lieu dans Berlin-Est. Attends... je ne me rappelle pas. C'était des manifestations qui ont finalement été réprimées par les Soviétiques... C'est arrivé en 1953."

Et euuuh, c'était ça la fête nationale??

"Ouais... assez triste comme événement. Mais maintenant c'est le 5 octobre, mais tu sais, on ne fait rien le 5 octobre, il n'y a rien à célébrer tu vois, c'est congé c'est tout."

Intéressant...
Alors de retour à la maison, j'ai fait une recherche (certes très scientifique, sur Wikipédia... croyez-vous ça qu'à l'université je me faisais féliciter pour la qualité de mes sources bibliographiques?! On vieillit et on devient paresseux!) Collègues profs, prenez des notes!!


17 juin 1953: Plusieurs entreprises se mettent en grève dans la nuit du 16 au 17 en guise de protestations contre le "très populaire" (quel sarcasme, ma foi!) gouvernement de la RDA (gouvernement soviétique en Allemagne). Plusieurs manifestants assaillent les rues des villes importantes de l'Allemagne de l'est (Leipzig, Dresden que vous connaissez peut-être). On fait appel aux troupes soviétiques pour mettre fin au grabuge (parce qu'il y a eu des incendies et tout le flafla) qu'on a dit "commandité par les Occidentaux". Conséquence: on a voulu échapper à la répression, donc 3 millions d'Allemands vivant à l'est (sur 19 millions) ont pris leurs cliques et leurs claques et sont partis à l'ouest.... et voilà, vous connaissez la suite, on a construit le Mur de Berlin, symbole du Rideau de fer qui a divisé l'Europe pendant 40 ans, parce que la plupart des Allemands de l'est qui se sont enfuis étaient des ouvriers qualifiés dont la RDA avait besoin pour se refaire une petite beauté économique.

* Anecdote qui mériterait investigation: Selon les dires de ma prof d'allemand de l'université, il semblerait que l'homme (je ne connais pas son identité, je doute que ce soit Ulbricht, quelqu'un peut m'aider?) qui a pris la décision de construire le mur était maçon de profession! Lui, les bâtiments, donc éventuellement les murs, c'était sa spécialité!
- Hey Joe, il y a 3 millions d'Allemands qui se cassent vers la RFA. On fait quoi, selon toi?
- Ah...! Mais attend, j'ai une idée! C'est simple! On va faire un mur! Je crois que j'ai encore mes outils qqpart...

* Deuxième anecdote digne d'un film policier: Le président du conseil d'état de la RDA Walter Ulbricht, dans une conférence de presse, deux mois avant la construction du Mur, avait déclaré: "Les maçons de la capitale sont principalement occupés à construire des logements et y consacrent toutes leurs forces! Personne n'a l'intention de construire un mur!"
Le truc qui cloche, c'est que personne n'avait évoqué cette idée quand même saugrenue (à laquelle un maçon seul pouvait penser). Aussi bien se promener en homme-sandwich avec "COUPABLE" écrit des deux bords.

Quand même tristounet comme fête nationale. Bonne idée de changer de date.


Le 3 octobre (1990): donc plus ou moins 11 mois après la fameuse chute du Mur. Fête de la réunification. La réunification officielle de Berlin coincide avec la réunification de l'Allemagne , on décide que Bonn sera la capitale provisoire de la République fédérale.

Je m'ennuie de ma job de prof d'histoire (qui l'eut cru?). Heureusement, de vivre en Allemagne m'offre un compromis: d'un côté j'ai la meilleure job de prof du monde, j'enseigne le français et je me débats tous les jours avec la langue de Goethe, de l'autre je peux profiter du grand savoir de mes collègues enseignants qui ont vécu cette époque ou l'ont étudié! Je vous ai déjà dit que j'avais la plus belle vie du monde?

On se couche moins niaiseux ce soir? :)


mardi 17 novembre 2009

"Maman, j'entends des voix dans ma tête"

* Unwell, Matchbox 20


Chaque jour, la même chanson.
(ceci est une histoire vraie, inspirée par un bâillement)

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Il est 14 ou 15h, je rentre à la maison.

J'enfile des pantalons de jogging, je vais courir dans les vignobles pendant plus ou moins une heure.

Bon et là à l'épicerie il me faut des poivrons et des oignons rouges, et puis merde où j'ai mis ça moi... de la soupe ça serait bon, puis ça fait longtemps que j'ai pas mangé de la saucisse ouais de la saucisse ça va pour ce soir. Beate voulait que je prépare un truc pour les 10e faut faire ça mais ah mon émission oui et puis cet été c'était drôle quand on était sortis ce soir-là...

(blablabla ...45 min plus tard...)

.... hhhh .... tu hâte hhh hhh hhhh d'être revenue là... .... ..... ....hhhh ....hhhh. ..... bon 100m ..... pas en forme là .... hhhh ....


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18h.

Brocolis! Patates! Bon pas vrai elle a fait ça elle!! (je regarde mtv du coin de l'oeil) Il devrait pas la choisir c'est une pouffiasse! Tomates en dés, bon envoye toute ça dans le plat et hop! un coup de baguette magique et ça donnera ce que ça donnera! La prochaine fois du chou-fleur ça serait bon pis là quand ils vont venir tous les autres je vais faire une grosse sauce à spag super bonne comme celle de Paul je sais pas comment il la faisait pis quand je vais être à Londres ... (et un hamster court dans ma tête pendant une autre bonne heure...)
....
....
Pfff pas mangeable, ça manque de... ben je sais pas, ma place c'est pas dans une cuisine moi je vais faire quoi quand Rüdiger va venir ici avec sa femme je vais le faire du poulet tiens ...... (blablabla................................)

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20h.

TU ME NIAISES!! Il l'a choisi elle grosse pas fine grosses boules franchement il peut ben appeler ça Rock of love moi je dis que... ah je devrais aller étudier mon allemand mais ooooh nooooo la blonde était mieux je vote pour elle et puis c'est quoi après ... allemand bof... ouiiiiiiii yéyéyéyéyé c'est Hogan knows best sont où les biscuits mmmm.. des biscuits... bouffe encore bon allemand "La conjonction "ob" traduit un "si" interrogatif ou dubitatif..." dubitatif... mmm "ich weiss nicht, ob ich morgen kommen soll" aaaah ok là je catche.... HAHAHAHA!! noooon trop drôle la mère blonde qui veut maigrir "Wenn est un si conditionnel: Wenn sie einverstanden sind...." (...blablabla...)

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21h30 - sur facebook (... ... ... taptaptap... ... ..)

- Ben ouais ça va avec les jeunes ils sont mignons et tout. Et toi? ... ... (Voyons ça fait 2 fois qu'ils repassent le même truc du Chappelle Show là j'ai pas de temps à perdre à écouter 2 fois les mêmes trucs... .... ..........................)
- Ouais ça va. Tu viens quand à Nürmberg?
- Sûrement dans 2 semaines.
- Cool. (... ... ...blablabla... ... ...)

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22h30

.... le subjonctif n'a qu'une seule forme de passé alors que l'indicatif en a 3 (prétérit, parfait et plus-que-parfait) c'est quoi ça prétérit aaah là là.... "ich war gerade nach Hause gekommen und bemerke, dass ich das Brot vergessen hatte...."... et puis c'est quoi bemerken encore, là merken c'est autre chose j'haïs l'allemand bon je vais faire des déclinaisons non c'est pire, ah là là demain je vais trouver une façon de sortir le vélo du garage... "ich möchte Ihr (e??) Fahrad aus(f?) den(r?m?) Garage(?????) euhh sortir(???)" aaaah je vis mimer il va comprendre le proprio, maudit allemand de marde de règles de toute de maudit....

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Minuit. Dans mon lit.

... et puis là je dois me lever à quoi 7h30... bon. Je peux me lever et m'en aller de même sans me peigner on s'en fout c't'une drôle d'idée d'aller manger un McMuffin tsé mais bon je vais pas me mettre à refuser des invitations elle est gentille là ils sont gentils les gens ici tsé peux pas me plaindre.... (blablabla....., la tête sur l'oreiller) .... PUIS:

- AAAAAEEEEEEWWWWWHHHHH!
(et en même temps que mon bâillement, dans ma tête) : .... AAAAAAAAAH! Quessé ça???!??? Un SON! AAAAAAAH!

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Oui, tout ça pour vous dire que j'ai entretenu avec moi-même une longue conversation qui s'est soldé par un bâillement sonore, qui m'a surpris moi-même.
Incroyable mais vrai, j'avais oublié que j'étais restée silencieuse toutes ces heures, que je possédais cette faculté de produire des sons, tellement il y avait de l'action entre mes deux oreilles!
Maman, ça se soigne ça?

jeudi 12 novembre 2009

Vantaaaaarde, je suis.

* Glaub Ihnen kein Wort, Cassandra Steen


Je la tiens, ma résolution. Ouiouioui. Je la tiens. Et je suis très fière de le dire. Vous m'avez souvent demandé ce qu'il en était, il en est que je BOTTE DES FESSES! Je parle probablement le pire allemand qu'il a été donné de parler (tout simplement parce que pour moi les genres féminin/masculin/neutre n'existent pas, c'est toujours selon mon humeur: "aaaah je me sens "masculin" pour ce mot-là aujourd'hui!", aussi parce que les déclinaisons n'existent pas non plus, parce que j'enligne des mots et j'espère qu'on comprenne... bon vous voyez le genre). Je n'ai pratiquement aucune notion de grammaire, mais je commence à comprendre tranquillement la structure des phrases et à placer les mots dans le bon ordre, donc à penser de la bonne façon, ce qui est pour moi un immense pas. Et je paaarle résolument allemand avec tout le monde, sauf mes élèves (mais vous verrez, il y a une exception).

Vous serez aussi contents d'apprendre (ceux qui se préoccupent de ma santé mentale, du moins) que j'ai enfin presque des amies de presque mon âge! Mes élèves de 20 ans m'invitent à faire des trucs et en plus, elles s'avèrent être les meilleures enseignantes d'allemand du monde. Pour vrai. J'ai commencé à parler avec elle aussi en allemand (après qu'elles m'aient promis de ne pas rire de moi) et elles m'aident patiemment, me corrigent vraiment (ce que mes collègues ne font pas toujours), et en même temps elles améliorent leur français quand elles essaient de m'expliquer certaines notions... C'est extrêmement formateur, d'un côté comme de l'autre, j'apprends plus avec elles qu'avec quiconque. Et puis les conversations sont bien plus intéressantes que les histoires de job et de correction... elles rêvent de voyages les poulettes, elles ont des projets pleins la tête, elles sont curieuses et allumées, et puis elles ont un avenir prometteur. Ça, c'est motivant! Ça vous fait presque oublier la tristesse de novembre...

Alors voilà, je suis revenue d'une pièce de théâtre faites par des élèves ce soir, ça m'a rappelé l'époque d'Albertine en cinq temps... et puis j'étais fière, fière de mes élèves qui ont fait un travail magnifique, qui y ont mis toute leur énergie et leur coeur, et qui sont ma foi extrêmement talentueuses. Et puis j'étais aussi fière d'avoir parlé allemand, fière d'avoir appris, fière de me réconcilier durant cette courte soirée avec mon adolescence, quand on pense que tout est possible, quand on ose, quand le travail ardu désintéressé ne fait pas peur.

vendredi 6 novembre 2009

bouffe, Bouffe, BOOUUFFE!!

* I just can't get enough, Depeche Mode


Petit préface



Ce matin, a la radio italienne, on racontait que l'on allait maintenant faire subir aux politiciens des tests de depistage de drogues... (je demande "mais pourquoi?" et Remo de me repondre, comme si c'etait une evidence : "mais parce qu'ils se droguent tous!!") En ce qui concerne les resultats des tests, on dit que ca restera tout-a-fait "anonyme"... donc aucune consequence pour ceux qui ont un peu de farine autour du nez... , et ooh ce que j'aime la logique italienne a saveur du film "Le Parrain", ceux qui seront blancs comme neige pourront le dire aux medias...!! Ils sont fous ces Italiens...


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Je suis arrivee en Italie totalement affamee. Enfin, c'est ce que la famille Gingillino pense, parce que depuis que j'ai saute hors du bus a la station de train de Pordenone (ville de la province Friuli), je n'ai ete qu'une bouche ambulante, occupee a gober tout ce qui se trouve sur mon passage, ordonnant a mon hote des visites plus que frequentes a l'epicerie du coin, faisant des reserves de bouffe comme si une bombe nucleaire allait eventuellement nous contraindre a rester caches sous terre pendant des annees. C'est ca, quand on nous fait manger du porc en sauce pendant des mois et qu'on debarque en Italie, qu'on redecouvre le plaisir de bien manger, un cappuccino par-ci, un spritz (aperitif typique du nord-ouest) par-là, des antipasti, du proscuitto crudo et cotto comme vous n'en trouverez nulle part, enfin du bon fromage (les Allemands croient vraiment faire du bon fromage, mais je suis pas d'accord, leur fromage goute la Scheiss!) et finalement, FINALEMENT, apres 2 ans et demi a en avoir cherche partout dans le monde, des biscuits aux amandes merveilleux Mulino Bianco! J'en ai achete 3 enormes sacs en prevision de mon retour en Allemagne. Voila, je ne pense qu'a manger, manger et manger, et puis j'en ai rien a fouttre si je grossis, j'aurai grossi pour la bonne cause et pas pour du porc en sauce qui pue.

Et puis il fait bon revenir dans ma famille "adoptive" europeenne, il fait bon parler quebecois sans censure devant le plus merveilleux plat de gnocchis a la citrouille, entendre Remo t'expliquer des trucs tellement marrants du genre "les Dolomites, c'est une chaine monteuse..." ou "aaah mais la madame elle apporte toutes ses chevres patureres" ou, ca c'est la meilleure, "la madame a la tele, elle porte peut-etre une perruche sur sa tete!!" (voulant dire une perruque!), rigoler avec son pere qui me crie "MAAANGE!!" et me ressert jusqu'a en rouler par terre, et puis rire rire riiiire! Ne plus etre celle qui parle toujours et cherche des sujets de conversation pour distraire la galerie (parfois trop coincee a mon gout dans un certain pays du monde), on se relaie, Remo, son pere et moi et puis sa mere rit tellement qu'elle en pleure. La, c'est moi qui va revenir a tutti costi, c'etait pas prevu mais Dio poi ce que je peux me sentir bien ici. Rien n'a changé, tranquille petite vie, un chat, deux pinsons, 3 cailles et 4 poules, une nouvelle petite maison pour le petit Remo, et il profite de ma visite pour l'inaugurer.

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Il est où, mon adorable Remo, quand on arrive au village plus-que-trou appelé Erto? Il devient un mââââle à l'italienne! Village magnifique, niche dans les montagnes, vie de reve, je me dis. On entre dans un cafe... Remo hesite a me laisser seule avec la clientele trop mâle de l'etablissement... que se passe-t-il? Ou elles sont les femmes? "Ici a Erto, les femmes sont a la maison!! Nonon ne t'approche pas trop, si tu t'approches de moi, tu vas voir, ils vont dire des choses horriiiiibles. Un bon Italien doit rester de marbre avec les femmes." Et moi de m'executer a un moment strategique, juste devant une camionette remplies d'hommes, juste pour mettre mon Italien mal a l'aise et pour provoquer des reactions. J'entends les hommes crier "...blabla... cotello ...." Remo est mort de rire et il hesite a traduire. "Ca veut dire "aiguise ton couteau!", c'est une expression dans le dialecte de la region". En d'autres mots, c'est (y'a-t-il des enfants dans la salle?) de mmm "s'en donner a coeur joie" avec moi. Je m'outre devant tant de vulgarité alors que lui me crie "je te l'avais diiiiiit!!" J'ai appris mes premiers gros mots en italien, juste au cas ou.

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Apres 3 jours passes en Italie, je comprends autant l'italien que l'allemand alors que ca fait 3 mois que je suis dans ce pays de malheur precisement pour apprendre la langue! D'ailleurs, a force d'ecouter et de repeter tout ce que je vois et entends, j'ai fini par former ma premiere vraie phrase de mon cru. La voici: "Vorrei un ragazzo molto bello per favore" (je voudrais un tres beau mec svp) et mon Remo d'etre tres impressionné.

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Ça va vous étonner, mais là, je vais aller manger.

samedi 31 octobre 2009

"I don't wear glasses, I empty them"

* Irish traditionnal music


Frankfort
. J'ai declare une alerte couchsurfing nationale pour me trouver une ame charitable prete a m'entertainer lors de cette soiree ou je prevois dormir plus ou moins 1h. On repond a l'appel. Mon bon samaritain est un drole de moineau vegetalien qui me fait arpenter la ville en velo en pleine nuit dans le quartier des putes, m'initie au street art, qui consiste a rendre des enfants heureux en deposant, partout dans la ville, des pieces de 1 cent a des endroits strategiques, me sert de l'eau au litchi biologique et qui insiste pour me raconter l'histoire du petit Chaperon rouge en introduction au mince 45 min de sommeil qui m'attend ce soir-la.

Frankfort Hahn, 5h du matin. Je fais la file a l'aeroport dans la ligne Ryanair, destination Dublin. Je suis la troisieme et derniere a y deposer ma valise. Etrangement, je ne suis pas seule a l'aeroport: c'est bonde, vraiment, mais tout le monde attend pour les Iles Canaries, pour Barcelone, pour Venise, pour Londres... et pour Dublin, ouioui, nous sommes trois. Je me demande alors si c'etait une bonne idee de prendre un vol pour l'Irlande en novembre. Mes doutes se font plus serieux a l'atterissage, alors qu'on traverse trois etages de nuages noirs... je me dis: ouais, j'aurais peut-etre du rester couchee ce matin. Je m'attends a voir du gris, du vert, de la pluie, des nuages, j'en frisonne deja.

C'est normalement dans des conditions extremes comme cela que je suis benie des dieux. Benie des dieux une fois: mon hote m'accueille a l'aeroport avec une panoplie d'idees d'activites exactement dans mes branches. Benie des dieux deux fois: excursions en montagnes, campagne irlandaise, pubs tres typiques et musique traditionnelle, initiation a la biere locale (et maintenant, en tant que bavaroise, je suis une connaisseure - qui l'eut cru?). Benie des dieux trois fois: belle journee de soleil pour notre excursion d'une longue journee qui nous a reduit en puree, le bebe Berger allemand et moi-meme.

L'Irlande en novembre... c'est quoi, finalement? Ce sont des Anglos simples et vrais, enfin amicaux et bien eleves (et dieu sait que je suis raciste de tous les Anglos de la planete) qui ont a coeur de vous integrer, de vous faire mourir de rire et de rendre votre sejour inoubliable. C'est aussi manger la meilleure Chowder au monde, un peu plus et vous en verseriez une larme, Chowder et gateau au chocolat, tel est devenue mon mot d'ordre en terre irlandaise. C'est decouvrir les mysteres des peuples neolithiques en parcourant sous la pluie des sites archeologiques deserts, puis completer la journee en contemplant la mer dechainee... C'est se sentir un peu chez soi au milieu de l'Atlantique, c'est sentir que nous avons des racines communes... ou peut-etre finalement vouloir etre comme eux. C'est celebrer le nouvel an celtique en ce lendemain de l'Halloween, fete d'ailleurs GI-GA ici ou tout le monde semble devenir completement fou. C'est finalement tenter de vous offrir les meilleurs cliches, d'une part parce que je m'entraine toujours avec ma camera-rose-nanane-aux-cristaux-Swarowski a devenir photographe pour la revue GEO, mais d'autre part pour vous donner le gout de bouder les destinations-soleil au profit de ce pays simplement magnifique, meme sous la pluie, meme dans la sombre lumiere filtree par les nuages, meme emportes par le vent qui se leve a tout moment du jour, sans avertir.
















Ne pas oublier de voir le petit video qui vous donne une idee des vrais pubs irlandais, imites partout dans le monde, mais jamais egales!


dimanche 25 octobre 2009

De la distance

* Ich bereue nichts, Silbermond


La première fois, c'était dans un hostel au Portugal, j'avais 20 ans. Il m'avait dit: "Ah tu es Québécoise! Ça veut donc dire que tu ne parles ni français, ni anglais correctement." J'aurais dû me méfier. Un peu naïve et pas très rancunière, j'ai passé les 4 derniers jours de son court séjour avec lui.

Puis, 6 mois plus tard, Londres, Stroud, la campagne anglaise et Noël en famille. La Belgique, le nord de la France, le nouvel an à Bruxelles. Découverte importante: sous cet accent charmant se cachent parfois des personnages grossiers, mais finalement attachants.

L'hiver à Paris.

La dernière fois que l'on s'est vu, c'était dans une ruelle de Marrakesh, après avoir passé 10 jours à traverser le pays du nord au sud. Nuit glaciale dans le désert, dromadaires, tajines, marchés d'épices, thé vert à la menthe et hammam traumatisant. Ruelle ensablée. Je monte dans le taxi après l'avoir serré longuement dans mes bras. Ce n'est qu'un au revoir.

Puis, l'eau a coulé sous les ponts. Ce que vous savez déjà, dans mon cas. De son côté, deux voyages en Amérique du sud, et l'Asie, et a vécu plusieurs mois en Afrique, au Portugal...

Deux ans et demi plus tard est apparu devant moi, à la gare de Miltenberg, un Paul transformé, même sourire fixe, dents blanches parfaites et chandail Armani, mais il a changé, mon ami-pour-la-vie. Il parle espagnol (et qu'il parle une autre langue, même imparfaitement, tient déjà du miracle. Il y a certainement une dame là-dessous!) Il dit aussi avoir vaincu ses deux faiblesses: les femmes et la bière. Il ne veut plus bouger, son rêve est de s'installer à Londres., d'y trouver un emploi, d'y faire sa vie... Il se sent MÊME prêt à s'engager auprès d'une femme. Il a 28 ans.
Malgré ma présence en pays étranger, je me sens un peu comme lui... Ah! l'âge adulte...! Ah! l'amitié...! Ah le plaisir de la platitude... ensemble! L'épreuve de la distance, quelle foutaise! C'est pour les gens fragiles... Longs après-midi à rattraper le temps perdu, à réexplorer le nouveau décor de cette nouvelle rencontre, du blabla...blabla, des avant-midi qu'on étire devant la télé munis de notre bol de céréales, on ne comprend rien et on s'en fout, ensemble, Miltenberg, tasse de thé, il est ici, chez moi, il y a sa place, j'espère qu'il reviendra.

Il reviendra.

jeudi 22 octobre 2009

Résolution

* 20 000 Meilen über der Meer, Xavier Naidoo


Aujourd'hui, je me sens particulièrement motivée. Je vous prends à témoin d'une résolution importante que je pourrais facilement tenir 2 minutes seulement, si ce n'était de ma persévérance extraordinaire et du fait que voyons! je n'ai pas peur du ridicule! (allez demander à Ge Duf qui a dû endurer mes crises d'angoisse d'incompétence en espagnol lors de notre voyage au Chili.)

J'ai pris la décision de ne parler qu'allemand avec mes collègues et dans la vie de tous les jours. Pour ce qui est de la vie de tous les jours, ça va. J'ai pris l'habitude d'avoir l'air d'une imbécile complète mais motivée au yeux de tout le monde, ce qui est déjà un pas dans la bonne direction. Je prends même un malin plaisir à gesticuler et à les faire rire, en plus de devenir de plus en plus célèbre chaque jour. Anecdote: des élèves de 13e (19-20 ans) m'avaient invitée au restaurant avec elles pour qu'elles puissent pratiquer leur français en ma compagnie (le fait que je ne parle pas allemand est une bonne chose pour mes élèves qui se forcent vraiment, peu importe le niveau). Ça attirait beaucoup l'attention des autres clients... Quand j'ai commandé, la serveuse s'est amusée à me faire répéter 4 fois le plat que j'allais prendre (ainsi que tous les accompagnements) et corrigeait sans gêne mes petites erreurs de diction! ;)

Bon, je suis encore au stade d'avoir du mal à dire au monsieur du bureau de poste que je veux une enveloppe et des timbres... mais je me dis que ça va venir. Pour ce qui est du travail, c'est un peu plus inquiétant, parce que j'ai pris l'habitude de parler français avec mes collègues... j'ai le syndrôme de l'anglo qui dit "trop facile, tout le monde parle anglais, j'ai pas à me forcer."

Voici les clauses de ma résolution:

- Je parle allemand en dehors des salles de cours, avec tout le monde, sauf avec les jeunes (avec eux, ça reste en français, c'est trop formateur pour eux de penser que je ne parle pas un mot d'allemand et que je ne comprends rien).
Amendement: Quand je vais prendre un café avec une de mes collègues qui est en train de devenir mon amie, parce qu'on est rendu au stade de se conter nos vies, alors le français est peut-être plus approprié pour éviter qu'elle se tire une balle dans la tête. Mais au travail, allemand.

- J'ai en permanence un petit carnet de notes avec moi pour noter les mots que j'entends et que je ne connais pas.

- J'écoute la télé en allemand.
Amendement: j'ai droit aux émissions en anglais JUSTE quand il y a des sous-titres allemands, et je m'engage à rendre le tout pédagogique en faisant de la traduction active. (le Chappelle's show et Hogan knows best sont les plus pédagogiques des shows télévisés, vous le savez)

- Je ne me décourage pas chaque fois que je fais une phrase longue (phrase principale et subordonnée) et que ça se met à être tout mélangé dans ma tête. Je dis ce que j'ai à dire, la grammaire sera pour plus tard.

- Quand je chatte avec des amis allemands, je chatte en allemand et non plus en anglais.

- Je lis à voix haute, même sans comprendre, deux pages par soir des Reader's digest allemand qui datent de 1971 que j'ai dans mon appart. Diction oblige.

- Facebook, hotmail, la page d'accueil de mon blog, tout ça c'est en allemand.

Bon ça fait assez, vous pensez pas? Et bien sûr, ne vous inquiétez pas, le blog reste en français... :) (hé hoo! J'ai du mal à faire une phrase verbe modal-sujet-complément-verbe infinitif suivi de sujet -complément-verbe infinitif-verbe modal, alors imaginez!!!)

Pour ce qui est des autres résolutions que je voulais prendre (manger plus de fruits et recommencer à faire mon jogging au frette) ça pourra attendre. Je me contente d'une longue marche par jour de beau temps et de la quantité extraordinaire de légumes dont je m'empiffre.

On va voir combien de temps ça a duré tout ça! L'idéal, comme pour chaque résolution, c'est de prendre l'habitude!

samedi 17 octobre 2009

Petits plaisirs coupables d'une aspirante ménagère

Malheur à celui qui n'a pas connu le silence! Le silence est un peu de ciel qui descend vers l'homme. - Psichari

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Un grand manteau glacé a recouvert toute la Bavière. Octobre.

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Mon foyer fut l'hôte d'une grande découverte: la télévision. J'avais en effet oublié que cette chose, que je trouvai longtemps bien inutile, existait.
Il m'a d'abord fallu une semaine de tâtonnement pour réussir à l'allumer. Puis, la lumière fut. Et la boîte parla. Et j'écoutai. Quel bonheur! Un cours d'allemand personnalisé! MTV est mon premier choix, étant donné que c'est bien souvent en anglais, sous-titré en allemand. J'apprends donc du beau vocabulaire utile avec, par exemple, le Chappelle's Show (qui est de loin mon beau programme préféré) comme : verdammt (que le dico en-ligne Leo traduit notamment par le très répandu "Scrogneugneu!" Vrai de vrai.), der Kumpel (un pote) et Mist! (merde!).
Sinon, ici aussi, il y a la tradition des comiques du dimanche matin! Je suis donc désormais fan de Timon&Pumbaa! Je retombe en enfance... parce que c'est aussi plus facile à comprendre. :)

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Est-ce que quelqu'un va leur dire, aux Boches, que ça pue le porc en sauce? Vais-je devoir me sacrifier?

N.D.L.R.: Concernant l'appellation "Boches" - je suis encore prof d'histoire tout de même et ça m'intriguait - qui fut ma foi une insulte suprême durant la deuxième guerre mondiale (et que moi j'utilise contre toute attente avec une pointe d'affection, étant Québécoise et née bien après cette époque): c'est donc apparu au 19e siècle, et on disait à l'origine Alboche. Al- pour Allemand, bien sûr, tandis que "boche" vient d'une expression courante de l'époque "tête de boche" donc "tête dure", parce qu'une boche désignait en fait une boule de bois. Voilà!

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Tranche de vie
J'étais allée acheter des bottes dans un magasin random totalement désert où la vendeuse était déjà trop dans le jus à scotcher quelque chose pour daigner s'occuper de moi, et puis tout-à-coup, tout Miltenberg a semblé vouloir des bottes au même moment. OOoh que c'était drôle de voir notre vendeuse complètement débordée, toute mélangée et qui m'apporte des bottes toutes dépareillées avec les mauvaises pointures!! Ooooh que ça va aller dans mes arguments "contre" l'ordre et la discipline allemande! OOh ce qu'on peut se marrer dans un magasin aussi triste qu'un magasin de chaussures!

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Avez-vous déjà vu une envolée de cygnes?
Moi oui.
Et c'est magnifique.

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Ici, ils sont tellement près de la nature que, dans les pharmacies, ils te refilent du sirop naturel au thym inefficace à 7 euros quand tu viens leur dire que tu te tousses les bronches. J'aurais voulu du chimique pour une fois. Montée de lait.

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Je suis allée tâter le terrain, un samedi soir, de la vie nocturne à Miltenberg.
Niet.
Personne dans les rue. Quelques restaurants et pubs semblent bien attirer quelques individus près de la retraite... ils sont où les jeunes? La meilleure ambiance, je l'ai trouvée venant d'une voiture stationnée près de la gare: le repère punk du coin. (Bon retenez-vous de rire svp.) Tous ces jeunes qui ne voient apparemment aucun intérêt à sortir dans les bars (inexistants!), ils décident donc de se réunir à cet endroit très trendy qu'est la gare de Miltenberg, et c'est un peu tristounet, non? Pour ma part, c'est déjà décidé que je descendrai à Nuremberg avec une de mes collègues lorsque je me sentirais d'humeur festive... là-bas, toute une clique d'assistantes attendent déjà d'accomplir leur mission humanitaire qui est de me sauver de l'ennui.

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J'ai trouvé mon activité physique du dimanche après-midi: vous savez que je suis très croyante, donc je me rends au cloître Endelberg et je monte toutes les 350 000 marches comme une vraie pèlerine puis, ô ce que ça peut être bien fait, je me régale d'une bonne bière brune faite par les moines avant de redescendre les 350 000 marches en titubant.

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Je me réjouis de l'absence d'action dans ma vie en ce moment. D'accord, ça fait des posts moins intéressants, mais sachez, chers lecteurs, qu'on ne peut pas mener une vie aussi instable que ma vie des trois derniers mois ad vitam etaernam. Je souffle un peu avant de recommencer la "danse des mecs et des aéroports" dans une semaine. Merci bonsoir.

dimanche 11 octobre 2009

S'y perdre

Une page est tournée.

Dramatique, n'est-ce pas? Drastique. Pourquoi pas, j'ai toujours aimé les sorties triomphantes. Revenir à Munich pour aller chercher le reste de ma vie sur deux roulettes, et prendre part du même coup au party d'adieu de la belle Valoche-apprenti-catalane, ça donnait le ton, vous trouvez pas?

Le reste de ma vie, c'est cette lampe qui servira de phare et cette théière, dénichée dans un bazar, pour ramener les souvenirs... Les beaux. Les magnifiques souvenirs. Les rires. Ceux qu'on rappelle en riant au-dessus d'une tasse de thé fumante.

Les feuilles d'automne tombaient sur Munich... un vent frais, un bruine de fines gouttelettes qui caresse le visage. Les mêmes coureurs le long de l'Isar, le même trajet, traverser le pont puis par les sentiers, "allez Nanou!! on va dans les trails, en pleine ville!! Ridicule..." Refaire le parcours, lentement, chaque arbre se dénudant, sans pudeur, une danse grandiose juste pour moi, juste pour eux, ceux qui courent là tous les jours, comme je l'ai fait, un temps... Une certitude, une décision, un vrai choix, pour une fois, pour une fois que je prévois quelque chose, que je sais où je m'en vais, en fait je vais nulle part ou plutôt partout mais je ne vais plus à Munich, voilà j'aurais pu y revenir sans cesse, ma ville d'adoption, Glockenbachviertel, le Deutsches Museum au loin, l'eau qui coule et moi qui voudrait la suivre, et où elle va la rivière avec tous ces cygnes qui vous menacent la gueule ouverte et les canards harcelants revendiquant du pain pour le peuple?



Arrive-t-il parfois de n'avoir plus rien à dire... à une ville?

Je n'ai plus rien à dire à Munich.
S'y perdre. Tout de même. One last time.

Se perdre dans un miroir sans faille
Se perdre une boussole sur le coeur
Se perdre dans ses propres mots..

S'y perdre jusqu'à la venue du jour, puis lui dire au revoir, sans s'attarder. Puis, tout n'est qu'attente, attendre le train qui viendra, mais plus tard, "attendre en attendant" un sommeil improbable, attendre de revenir à la maison.

Ce soir-là.

J'ai déposé le pied dans la gare de mon bled, le teint blafard d'une insomniaque. J'étais suivie de mes deux roulettes, de mon phare et de mes magnifiques souvenirs... Je me suis dit: Petite Nanou, tu es chez-toi, c'est ici.


mercredi 7 octobre 2009

Miltenberg superstar

Préface

Mon logement était déjà un sujet chaud d'actualité avant même que j'en prenne possession, et c'est pour nourrir la fibre un tantinet perverse des bloggers du Aventurenanou que je mets ici, en exclusivité, des photos du-dit Petit-nid-d'amour-de-Nanou-qui-va-passer-8-mois-à-la-même-place-et-qui-a-même-une-adresse-postale-à-elle-presque-tu-seule.

La cuisine full-equiped


Petite vue globale (ben oui ça penche parce que j'habite dans le grenier!)


Là, c'est où le petit oiseau est venu se casser la gueule.




D'une part parce que je t'aime, cher lecteur (ou chère lectrice, parce qu'à date y'a juste Jessica qui laisse ses commentaires), et d'autre part parce que j'ai juste ça à faire, je suis allée parcourir les rues et les sentiers des collines de Miltenberg, faisant une photographe renommée de moi-même, armée de mon super-kodak-destroy-rose-avec-des-cristaux-Swarovski-le-moins-cher-du-magasin-pcq-j'avais-scrappé-l'autre. 

Vous comprendrez que j'ai pas l'oeil pour les photos, mais bon le résultat est somme toute satisfaisant et vous donne une petite idée de ma petite ville d'adoption.












À ce que vous voyez, j'en ai profité pour essayer les modes "sepia" et "noir et blanc", et mon enthousiasme est en retard de 5 ans sur le reste de la population mondiale, je sais.

Faits divers sur Miltenbeach:
  • Je suis déjà célèbre. En effet, lors de ma visite ce matin à l'office de tourisme, j'ai immédiatement été démasquée par la madame: "Vous êtes la Canadienne!! C'est vous la Canadienne!!" J'ai aucune idée comment elle a fait, je parle pourtant allemand sans accent. "euh... oui?" dis-je, un peu émue de tant d'attention. "Mon fils hier, Jan!! Vous connaissez Jan!! Hier vous lui avez enseigné!! Il m'a dit qu'il avait une enseignante canadienne maintenant! Il m'a parlé de vous." Photo à l'appui, j'ai bien reconnu son charmant garçon... et puis voilà, quoi rajouter de plus? Je lui ai dit qu'il était gentil, même si je comprends rien de ce qu'il dit de toute façon... il pourrait bien m'avoir traité d'emmerdeuse-qui-pose-trop-de-questions. Qui sait?
  • Je perpétue mon mauvais magnétisme avec les oiseaux: alors qu'à Munich on était envahis de pigeons-couvant-un-oeuf-qui-chient-dans-la-cuisine (j'adore les traits d'union aujourd'hui), ben là je suis prise avec le cadavre d'un petit oiseau noir sur le balcon qui attend que je le balance par-dessus bord, mais le problème, c'est que ça m'écoeure tellement que je vais attendre le soir pour moins le voir un peu. 
  • Ici j'ai pleins d'amis, je sors tous les soirs et mon téléphone sonne constamment de trop de popularité! (Bon on peut toujours rêver, mais ça s'appelle la pensée positive! On dit "la pensée crée" alors soyons créateurs!) Mais pour vrai, je me suis fait ensevelir de feuillets sur des activités inconnues jusqu'alors (à Miltenberg, pas de touristes autres qu'allemands) et je vais m'y mettre bientôt, afin de devenir la meilleure guide touristique trilingue de la ville et attirer le tourisme international (ça commence dans 2 semaines avec Paul, mon Anglais, qui vient faire son tour). 
  • Les infints sont gentils (j'aurais bien l'occasion de vous en reparler, vous savez tous que les profs parlent toujours de leur job).